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Actualités - CHRONOLOGIES

Conférence - Beyrouth hésite à autoriser une manifestation - qui déplairait aux USA - Conférence négationniste : rien de décidé

Le Liban n’a toujours pas pris position au sujet de la conférence qui doit se tenir à Beyrouth le 31 mars sur le thème «Révisionnisme et sionisme», un colloque de trois jours considéré comme «négationniste» et dont plusieurs intellectuels libanais et arabes, parmi lesquels les poètes Adonis et Salah Stétié, et le penseur et historien Edward Saïd ont demandé l’interdiction. Le colloque est organisé conjointement par deux organisations considérées comme néonazies, la suisse «Vérité et justice» et l’américaine «Institute for Historical Review». Le site Internet de l’IHR se présente comme un organisme proposant une «perspective révisionniste sur l’Holocauste dont les camps de concentration et les chambres à gaz». L’organisation suisse est dirigée par Jurgen Graf (49 ans). M. Graf, qui réside actuellement en Iran, avait été condamné en 1998 à 15 mois d’emprisonnement par la justice suisse. Quant à l’IHR, son fondateur est Willis Carto, notoirement connu pour soutenir des causes antisémites et contre les Noirs. Les membres du gouvernement sont divisés au sujet de la tenue du colloque. La question a été soulevée au cours du dernier Conseil des ministres et deux avis divergents se sont manifestés. Certains ministres, invoquant des motifs d’opportunité politique, ont souhaité l’interdiction d’une manifestation qui pourrait déplaire aux milieux gouvernementaux américains, sensibles à la campagne israélienne visant à interdire la tenue de ce colloque au Liban. Le ministère libanais des Affaires étrangères a en effet reçu du département d’État américain des copies des télégrammes de protestation contre la tenue de la conférence négationniste à Beyrouth émanant d’organisations juives aux États-Unis. La tenue de la conférence pourrait compromettre l’aide de 15 millions de dollars que le Congrès américain a décidé d’octroyer au Liban, selon ces milieux. Toutefois, d’autres ministres ont estimé qu’il est impossible d’interdire une conférence destinée à dénoncer le chantage auquel se livre Israël, au nom de l’Holocauste, alors que le Liban est toujours en état d’hostilité avec l’État hébreu. Le colloque est le fait d’Organisations non gouvernementales, ajoutent ces ministres. Il n’engage que ses auteurs, mais certainement pas le gouvernement libanais. L’interdire reviendrait à réduire l’espace de la liberté d’expression au Liban. Le gouvernement aurait alors décidé de surseoir à toute décision, en attendant un «complément d’information» et de «consultations». Du reste, une demande d’autorisation de la tenue de la conférence était déjà parvenue au ministère de l’Intérieur, mais M. Élias Murr avait décidé de surseoir à toute décision, en attendant de consulter la Sûreté générale et les services de renseignements de l’armée à ce sujet. Démarche d’intellectuels L’hésitation officielle à autoriser le colloque ou, au contraire, à l’interdire, s’explique par la portée politique et idéologique de cette conférence et ses conséquences pour le Liban. Ne pouvant autoriser la conférence, sous peine d’indisposer certains pays amis, en premier lieu les États-Unis, le ministère de l’Intérieur et la Sûreté générale disposent toujours de la possibilité de ne pas accorder d’autorisation de tenue officielle de la conférence, mais de permettre sa tenue sans autorisation, afin de ne pas engager la responsabilité de l’État dans sa tenue, tout en ménageant le principe de la liberté d’expression. Se prononçant contre l’interdiction du colloque, un haut responsable a déclaré que l’on ne pouvait l’interdire, ne serait-ce qu’au nom de la liberté d’expression, et que cela ne signifie pas que l’État adopte les thèses qui y seront défendues. Le Hezbollah, a précisé ce haut responsable, pourrait participer à cette conférence «s’il y est invité». En pareil cas, la participation du Hezbollah à ce colloque est certaine, estime cette source. Rappelons que quatorze intellectuels arabes de renom, dont cinq Libanais, réclament l’interdiction de la tenue à Beyrouth de cette «manifestation inadmissible». Les signataires de cet appel sont : le poète Adonis, Dominique Eddé, Élias Khoury, Gérard Khoury et Salah Stétié (Liban), le poète Mahmoud Darwich (Palestine), l’historien Mohammed Harbi (Algérie), les écrivains Jameleddine ben Cheikh (Algérie), Mohammed Berada (Maroc), Fayez Mallas et Farouk Mardam-Bey (Syrie), Edward Saïd, Khalida Saïd et Élias Sanbar (Palestine). Selon les signataires : «Cette initiative, qui utilise le Liban comme plate-forme de ses propres objectifs, survient au moment où un groupe d’intellectuels libanais organise de son côté un colloque intitulé “Mémoire pour l’avenir” qui propose pour la première fois depuis la fin de la guerre libanaise un cadre de réflexion et de débat sur un passé meurtrier». La conférence a notamment provoqué une vive réaction du centre antinazi Simon Wiesenthal, basé à Vienne (Autriche). Le centre a envoyé fin février un message au chef du gouvernement Rafic Hariri pour demander l’annulation de cette manifestation qui, a-t-il affirmé, «ne peut qu’attiser la haine raciale dans la région». Parmi les participants au colloque figurent notamment le penseur marxiste converti à l’islam Roger Garaudy, Robert Faurisson et Pierre Vidal-Naquet. Roger Garaudy a été condamné à une amende de 40 000 dollars par la justice française, pour son ouvrage Les mythes fondateurs d’Israël, dans lequel il a contesté le nombre des victimes juives de l’Holocauste nazi.
Le Liban n’a toujours pas pris position au sujet de la conférence qui doit se tenir à Beyrouth le 31 mars sur le thème «Révisionnisme et sionisme», un colloque de trois jours considéré comme «négationniste» et dont plusieurs intellectuels libanais et arabes, parmi lesquels les poètes Adonis et Salah Stétié, et le penseur et historien Edward Saïd ont demandé...