Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

Relations libano-syro-américaines - Les propos attribués à Satterfield par Joumblatt sèment le trouble

«Le patriarche Sfeir va loin, plus loin que ses limites». Ce jugement, attribué à M. David Satterfield par M. Walid Joumblatt (le Dyar du samedi 17), sème le trouble sur la scène locale. Certes, traduttore tradittore, et les échos des propos du diplomate américain, tenus off records, ne sont peut-être pas répercutés en haute fidélité. Néanmoins, il est peu probable que leur sens général ait été déformé. M. Joumblatt précise en effet, tout de suite, que l’ambassadeur a voulu signifier que Washington n’est pas avec le prélat. On se pose dès lors, dans les cercles politiques beyrouthins, les questions suivantes : – Quelle politique les États-Unis suivent-ils au juste par rapport à la question libanaise ? Soutiennent-ils la ligne suivie par le pouvoir local en ce qui concerne les relations avec la Syrie, ou avec Israël? Approuvent-ils au contraire les options non officielles ? – Que veut dire l’ambassadeur américain quand il affirme que le patriarche Sfeir va trop loin ? Lui reproche-t-il de réclamer le retrait syrien en application de Taëf ? Ou veut-il signifier qu’il désapprouve ses tentatives de coordination avec d’autres pôles libanais comme M. Joumblatt ? – Les USA, coparrains de Taëf avec les pays arabes et l’Onu, pensent-ils aujourd’hui que la clause du retrait syrien est devenue caduque à cause des développements régionaux survenus depuis la signature de ce pacte ? – Estiment-ils, comme les officiels locaux et contrairement à l’avis de Bkerké, que des impératifs de sécurité ou de stratégie commandent le maintien des forces syriennes, jusqu’à la conclusion d’une paix régionale et peut-être même après ? – Peut-on considérer qu’en s’abstenant de rencontrer le patriarche lors de sa visite aux États-Unis, le président Bush et le secrétaire d’État M. Powell ont voulu lui faire comprendre qu’ils désapprouvent ses prises de position ? À l’instar du reste des dirigeants libanais, dont les vues ont été communiquées à Washington par l’ambassadeur américain à Beyrouth, M. Satterfield, qui a conseillé à son Administration d’éviter tout contact avec Mgr Sfeir. En réalité, la politique libanaise de la nouvelle équipe Bush n’est pas encore très claire. Cela tient sans doute à ce que la situation régionale dans son ensemble reste fluctuante. En bonne logique, on peut penser que le cas libanais n’a pas d’existence autonome aux yeux de Washington, qui l’associe étroitement au dossier régional. Ce qui signifie que la question du retrait syrien ne serait posée sur la table qu’après un éventuel épilogue positif du processus global de paix. Mais en cas d’impasse ou d’escalade, notamment de la part de la Résistance libanaise sur le front du Sud, la présence militaire syrienne au Liban pourrait être soulevée par les Américains qui s’en serviraient comme d’une carte de pression pour calmer le jeu. Quoi qu’il en soit, il paraît déraisonnable aujourd’hui d’interpréter les positions US comme procédant d’options définitives. Conditionnées par une situation régionale changeante, ces positions sont forcément mobiles et ductiles. Ce qui prouve, si besoin était, qu’en politique les grands principes ou les engagements à caractère moral ne sont que du vent. Washington avec la souveraineté, l’indépendance et la démocratie garanties par Taëf ? Sans aucun doute. Si cela lui convient. Cela étant, un ancien ministre expérimenté conseille aux indépendantistes de ne pas lutter frontalement contre les moulins à vent. Et de tenir compte des facteurs régionaux ou internationaux, dont l’attitude US Non pas pour baisser les bras ou capituler. Mais pour savoir mieux agir, en souplesse. En attendant des circonstances plus propices.
«Le patriarche Sfeir va loin, plus loin que ses limites». Ce jugement, attribué à M. David Satterfield par M. Walid Joumblatt (le Dyar du samedi 17), sème le trouble sur la scène locale. Certes, traduttore tradittore, et les échos des propos du diplomate américain, tenus off records, ne sont peut-être pas répercutés en haute fidélité. Néanmoins, il est peu probable que...