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Actualités - CHRONOLOGIES

Liban-RDC - Salamé à Kinshasa pour obtenir des garanties concernant la sécurité de la colonie - Les corps des dix Libanais assassinés enfin rapatriés

Les corps des dix Libanais assassinés le 16 janvier à Kinshasa, quelques heures après le meurtre du président Laurent-Désiré Kabila, sont enfin arrivés hier à Beyrouth alors que celui d’une onzième victime n’a pas été retrouvé. Les dix dépouilles ont été finalement toutes identifiées, l’une d’entre elles, trop défigurée, ayant dû subir des tests scientifiques d’identification avant d’être reconnue. Quelque 200 proches des victimes rapatriées à bord d’un avion spécialement affrété ont accueilli les dépouilles à l’aéroport, laissant leur douleur exploser à la descente des cercueils. Ainsi, Adel Rassoul Nasrallah, qui a perdu deux fils, Nabih, 45 ans, et Rida, 41, s’est frappé à plusieurs reprises la tête contre le mur avant d’enlacer ses petits-fils en pleurant à chaudes larmes. En fait, les parents des Libanais assassinés étaient à l’AIB depuis l’aube, où régnait un climat de détresse, de douleur et de colère. «Pourquoi nos fils ont-ils été assassinés ? Pourquoi les autorités libanaises ont tant attendu avant de s’activer pour faire la lumière sur ces meurtres odieux», lançaient-ils aux responsables officiels venus à l’aéroport pour accueillir avec eux les corps des victimes. L’opération du débarquement des cercueils a été retardée d’une heure à cause de la foule hystérique qui tentait d’accéder à tout prix au Boeing 720 transportant les dépouilles. Il a fallu une intervention massive des forces de sécurité pour rétablir un semblant d’ordre à l’AIB. À 11h35, les portes de l’avion s’ouvraient enfin pour livrer les corps à leurs familles. Étaient notamment présents à ce moment : le ministre Mohammed Abdel Hamid Beydoun, représentant les présidents de la République et du Conseil, le général Émile Lahoud et Rafic Hariri, et le député Ali Bazzi, délégué par le chef du Législatif Nabih Berry. Il y avait également à l’AIB le procureur général du Mont-Liban Jean Fahd venu procéder à la reconnaissance légale des victimes, assisté d’une équipe de médecins légistes. Les corps ont été d’ailleurs immédiatement embarqués dans des ambulances de la CRL en direction de l’hôpital gouvernemental de Baabda. Interrogé par les journalistes, M. Fahd a précisé que les autorités judiciaires libanaises étaient déterminées à poursuivre jusqu’au bout l’enquête sur ces crimes. Dans ce cadre, elles ont déjà réclamé tous les procès verbaux élaborés sur l’affaire par les autorités congolaises. La responsabilité du ministère des AE Également assailli par les journalistes, le ministre Beydoun a reconnu d’emblée le manquement de l’État libanais à ses obligations. «En effet, a-t-il précisé, le ministère des Affaires étrangères aurait dû avoir en sa possession, dès la première minute, un rapport circonstancié» sur ces assassinats. «Il n’empêche que ces crimes ont eu lieu dans un autre État qui assume les responsabilités de leurs résultats», a ajouté M. Beydoun. Et d’accuser une fois de plus Israël d’être à l’origine de cette cabale contre les Libanais en Afrique. Le représentant de M. Berry, Ali Bazzi, a été encore plus loin dans ses accusations contre le laxisme de la diplomatie libanaise. Selon lui, le premier coupable de négligence serait l’ambassadeur du Liban à Kinshasa, Shehadé Mouallem. «Il n’a répondu à aucun de nos appels téléphoniques et s’est fait porté absent, alors qu’il aurait dû envoyer systématiquement des rapports très clairs sur toutes les démarches effectuées par l’État libanais qu’il représente à Kinshasa», a-t-il dit avant de poursuivre : «Le gouvernement doit rappeler cet ambassadeur et l’interroger pour prendre les sanctions les plus sévères à l’encontre de toute personne responsable aussi importante soit-elle». Le député du Hezbollah Mohammed Fneich a abondé dans le même sens en disant : «Nous allons demander des comptes au gouvernement car c’est sa responsabilité qui est en jeu. (…) Il faudra enquêter sur la responsabilité de l’ambassade libanaise pour voir s’il y a eu effectivement négligence». Salamé à Kinshasa Le seul à prendre la défense de la représentation diplomatique était le chef de la colonie libanaise à Kinshasa Abdel Aziz Aashour, qui a notamment déclaré à ce sujet : «L’ambassade à Kinshasa n’est pas équipée en moyens de communications. En outre, le meurtre de l’ancien président congolais (Laurent-Désiré Kabila) avait provoqué un climat de confusion totale» en RDC. Parti hier à l’aube, porteur d’un message du président Lahoud à son homologue congolais Koseph Kabila, le ministre Ghassan Salamé a défini avant son départ l’objectif principal de sa visite à Kinshasa : «Nous allons en RDC pour nous tranquilliser sur le sort de la colonie libanaise dans ce pays», a-t-il précisé. Notons que M. Salamé est accompagné du directeur des affaires politiques au palais Bustros, Naji Abi Assi, et du directeur général adjoint des services de la Sûreté de l’État, le colonel Maher Toufayli. Le ministre Beydoun a indiqué pour sa part que le gouvernement passera sans doute en revue un plan visant à protéger la diaspora libanaise. «Le chef de l’État transmettra lui-même au sommet arabe (qui aura lieu à Amman) une série de propositions dans ce sens», a-t-il encore précisé. De son côté, de retour à Beyrouth après avoir été envoyé à Kinshasa, le directeur général pour les affaires des émigrés au ministère des Affaires étrangères Haytham Joumaa a exhorté les dirigeants à traiter la question des relations libano-congolaises avec beaucoup de sang-froid. Selon lui, il y va de la présence libanaise en RDC mais aussi dans toute l’Afrique. Notons enfin que les obsèques des dix victimes retrouvées auront lieu ce matin. Les noms des victimes rapatriées Voici les noms des victimes assassinées en RDC et rapatriées hier au Liban : Rida Nasrallah et son frère Nabih, Mohammed Nabouh, Ibrahim Mohammed Khazaal, Mohammed Ali Khanafar Khazaal et ses deux fils Hassan et Hussein, Youssef Bakri, Hassan Moughanié et son frère Mohammed. Reste un corps qui n’a pas été retrouvé et qui serait celui de Abdo Fawzi Hassan Saad disparu depuis janvier.
Les corps des dix Libanais assassinés le 16 janvier à Kinshasa, quelques heures après le meurtre du président Laurent-Désiré Kabila, sont enfin arrivés hier à Beyrouth alors que celui d’une onzième victime n’a pas été retrouvé. Les dix dépouilles ont été finalement toutes identifiées, l’une d’entre elles, trop défigurée, ayant dû subir des tests...