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Actualités - CHRONOLOGIES

Mariage civil - Commémoration du décret du 18 mars 1998 - Quand les forces de l’ordre torpillent la fête...

Le plus inoffensif des événements peut devenir un prétexte pour que les forces de l’ordre investissent et violent le plus petit espace de liberté dont bénéficient les citoyens. Un espace qui se réduit, dirait-on, comme une peau de chagrin. Hier alors qu’un magnifique spectacle organisé par le mouvement des droits du peuple se déroulait sur la Corniche, de Aïn el-Mreyssé en souvenir du décret, mort-né, sur le mariage civil du 18 mars 1998, une rixe entre les forces de l’ordre et les jeunes sympathisants du Mouvement des droits du peuple a vite transformé cette manifestation joyeuse en un désappointement général. Devant plusieurs centaines de personnes venues assister à la célébration fictive d’un mariage civil suite à l’annonce, tout aussi fictive, d’un décret sur ce même sujet, un élément des FSI s’est rué sur un jeune homme qui dansait la dabké au milieu de la foule pour le bousculer et le tabasser à la première réplique. Cinq minutes plus tard deux autres jeunes ont été embarqués avec lui au poste de police pour avoir osé demander des explications aux forces de l’ordre sur les raisons de leur comportement. Mais l’affaire ne s’est pas arrêtée là. Car une fois le premier incident clos, des personnes étrangères, des éléments des services de renseignements, selon les organisateurs, se sont mêlées à la foule provoquant une querelle, se faisant passer pour des sympathisants du mouvement. «Ce qu’ils veulent, c’est faire avorter la manifestation» nous confie un jeune militant qui explique qu’il a fallu que les jeunes déploient de grands efforts pour calmer le jeu. «Nous avons dû jouer le rôle de garde-fous pour que la situation ne dégénère pas», commente un autre. Bref, une scène qui ne semble pas pour autant avoir choqué les badauds sur place, un peu comme si les citoyens avaient fini par intérioriser de tels actes de répression. Pour en revenir à l’événement, les membres du Mouvement des droits du peuple, (Haraket Houkouk en-Nass), ont choisi de revenir, pour la seconde année consécutive, sur le fameux décret sur le mariage civil signé par 21 ministres en 1998. Rappelons que ce décret, qui avait été initié et farouchement défendu par l’ancien président de la République M. Élias Hraoui, avait eu plusieurs détracteurs au sein même du gouvernement – six – dont le Premier ministre Rafic Hariri, qui avait entravé l’avancement du projet. Dans une mise en scène originale, les membres du Mouvement des droits du peuple ont réaffirmé une fois de plus que le mariage civil constitue «un droit fondamental pour chaque citoyen, et une partie indissociable de ses libertés». Au départ du quai, cinq couples avec leurs valises s’apprêtent à prendre les barques à destination de Chypre, en vue de contracter un mariage civil. Une fois en mer, plusieurs personnes les hèlent, les invitant à retourner pour célébrer un mariage civil au Liban, «du moment que le Conseil des ministres a déjà signé le décret», disent-ils. Les couples rebroussent chemin et retournent sur les lieux, au milieux des youyous joyeux des parents et amis. Reçus par une troupe de musique traditionnelle libanaise, ils se dirigent vers la foule, et sortent d’un tiroir à dossier imaginaire (du bureau du Conseil des ministres) le fameux décret, qui sera lu à haute voix, applaudi et approuvé par les sympathisants de plus en plus nombreux sur place. Les couples sont alors «bénis» par le gouverneur civil, et tout le monde se dirige vers un immense gâteau représentant le tribunal civil. La fête repart de plus belle au moment où les forces de l’ordre font leur entrée spectaculaire... pour couronner l’événement.
Le plus inoffensif des événements peut devenir un prétexte pour que les forces de l’ordre investissent et violent le plus petit espace de liberté dont bénéficient les citoyens. Un espace qui se réduit, dirait-on, comme une peau de chagrin. Hier alors qu’un magnifique spectacle organisé par le mouvement des droits du peuple se déroulait sur la Corniche, de Aïn el-Mreyssé...