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Actualités - OPINIONS

Des souris et des hommes

Ce qu’il y a de plus constant au Liban ? Nous. Les Libanais. Nous sommes piètres, communs, quelconques, ordinaires, banals, minables, petits, insignifiants, bas. Nous sommes veules, traîtres, faux, indignes, couards, poltrons, pusillanimes, vils, faibles, mous. Nous sommes lèche-bottes. Nous sommes silencieux. Nous sommes lâches. Nous sommes médiocres. Nous sommes coupables, coupables d’accepter, coupables de se résigner. Plus la peine de se cacher derrière un index, de se disculper, de se rassurer comme on peut en mettant tout sur le compte de la fatigue et du dégoût, nés, entretenus et gavés par ces «interminables» années de guerre qui n’en finissent plus de ne pas se terminer. Nous sommes médiocres. Peuple et dirigeants. Des souris. De l’importance d’être constant(s) ? Certes… Et à ce niveau-là, c’est la palme que nous remportons. Les peine-à-jouir se consoleront en se répétant qu’au moins, nous sommes «les premiers» quelque part. Pathétiques. Les seuls à ne pas accepter les «faits accomplis» ? Les jeunes. Tous les jeunes. Les étudiant(e)s. Ils ont été nombreux à se battre, entre autres, contre la présence israélienne au Liban-Sud. Personne ne pensait qu’ils arriveraient à leurs fins, que la 425 serait appliquée. Ils sont tout aussi nombreux, à se battre, entre autres, contre la présence syrienne, en silence ou en hurlant. D’autant plus que cette présence sur une très grande partie du territoire libanais affecte aussi le quotidien de chaque Libanais. Les jeunes, des filles, des garçons : des hommes, des vrais. Nous les Libanais, aujourd’hui des souris, applaudissons nos jeunes, nos étudiant(e)s, nos hommes. Et nous les Libanais, aujourd’hui, (ré)agissons, malheureusement, par procuration : nous laissons à ces jeunes le soin de se faire, jambes et têtes confondues, notre porte-parole. Notre Don Quichotte va-t-en guerre contre cette médiocrité, cette lâcheté, ce silence, cette résignation devant les «faits accomplis». C’est loin d’être la meilleure des solutions, mais c’est la réalité alors autant faire avec. Sauf que… Sauf que, ce n’est pas encore ça… La constance dans la médiocrité, la constance dans la bêtise, seul trait d’union entre un peuple et ses dirigeants, nécessite, pour être contrée, pour commencer à se déliter, pour basculer – comme on dit en langage électoral – d’une constance dans l’opposition, dans la manifestation, dans la revendication. Elle nécessite, impérativement, que les jeunes, que les étudiant(e)s, oublient les dates-symboles, oublient les slogans sur lesquels la grande majorité d’entre eux n’est pas d’accord, elle nécessite des jeunes une mobilisation de tous les jours. Tous les jours. Manifestations, colloques, films, conférences, happenings, tout peut servir – à condition d’être fédérateur – une cause na-ti-o-na-le. Une cause ni chrétienne ni musulmane, une cause libanaise : la souveraineté et l’indépendance de 10 452 km2. De la constance, des slogans partagés par eux tous(toutes), et la légalité comme seule arme : la 520. Oui, la 520. Comme avant elle, la 425. En se souvenant d’une chose : la 520 sans mobilisation quotidienne ne servirait à rien. À strictement rien. Une mobilisation quotidienne, par contre, sans 520, est loin d’être inutile. Des souris et des hommes… Effectivement. Mais ce qu’il ne faudrait jamais oublier, c’est cela : les souris, toutes les souris, ne veulent qu’une chose : devenir des hommes. Ça ne tient qu’à «elles»...
Ce qu’il y a de plus constant au Liban ? Nous. Les Libanais. Nous sommes piètres, communs, quelconques, ordinaires, banals, minables, petits, insignifiants, bas. Nous sommes veules, traîtres, faux, indignes, couards, poltrons, pusillanimes, vils, faibles, mous. Nous sommes lèche-bottes. Nous sommes silencieux. Nous sommes lâches. Nous sommes médiocres. Nous sommes coupables,...