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Actualités - ANALYSES

L’opposition attend une réaction du Sérail - Test important pour les rapports au sein du pouvoir

Les opposants, mais aussi nombre de pôles loyalistes, jugent que les autorités militaires en ont trop fait mercredi face au mouvement pacifique des étudiants. Certes, les aounistes étaient à la pointe de la contestation, puisque le 14 mars est la date anniversaire de la proclamation par leur leader de «la guerre de libération». Mais ils étaient soutenus par nombre de formations de gauche aussi bien que de droite. Et leur action devait se limiter à des sit-in d’un symbolisme aussi frappant que non violent, à proximité de positions syriennes tout aussi symboliquement significatives, comme le périmètre de Baabda ou de Yarzé. Les jeunes n’ont cessé de répéter, à l’avance et le jour même, qu’ils garderaient une attitude purement gandhienne pour réclamer souveraineté, indépendance et liberté. Ils ont été néanmoins sévèrement réprimés. Ce qui n’est pas un crime mais pire, une erreur, comme l’aurait remarqué ce fin politique qu’était Talleyrand. La preuve en a d’ailleurs été apportée tout de suite. Par les conclusions de certains services éclairés dont les rapports indiquent en substance qu’il existe «des forces politiques qui ont fait de la manipulation. En mobilisant la jeunesse d’abord pour troubler la sérénité du pouvoir. En mettant ensuite les nerfs de l’opinion à vif pour déstabiliser la scène intérieure». Ces rapports affirment ensuite que l’on a brandi le spectre d’une agitation de rue «pour handicaper sérieusement le plan gouvernemental de redressement qui a besoin pour démarrer tout à la fois d’une bonne entente politique et d’un calme solide sur le terrain. Conditions indispensables tant pour la relance de la dynamique économique intérieure que pour attirer les capitaux et les aides extérieures». Selon des sources généralement fiables, après avoir consulté les cadres principaux des services de terrain, des dirigeants haut placés ont donné l’ordre de neutraliser le mouvement estudiantin projeté, en interdisant tout sit-in en dehors des campus universitaires ou des cours d’écoles. Il s’agissait de prévenir tout risque de friction directe entre les jeunes et les soldats syriens. Ces ordres ont été comme on sait, appliqués avec un zèle étendu jusqu’à des zones auxquelles on n’aurait pas pensé, comme la banlieue-sud de la capitale. Pour plus de sûreté dans l’exécution, ce sont les militaires qui ont d’abord bouclé les environs des universités ou des collèges. Le ministère de l’Intérieur leur a prêté main-forte, en publiant un communiqué rappelant qu’aucune manif n’est permise sans licence préalable et en déployant ses agents dans les points sensibles. Mais en laissant aux soldats le soin des contraintes par corps et des fouilles de véhicules ou des perquisitions à domicile. Ce qui fait que le non-événement que les autorités ont tenté de programmer a tourné à l’événement à l’état pur par le retentissement qu’il a pu avoir dans une opinion paralysée pendant toute une journée. Ce qui a nécessité un second communiqué, d’excuses, du département de l’Intérieur. En d’autres termes, sur le plan sociopolitique, l’option de blocage prise par les officiels n’a produit que des contre-effets pour leur image de marque démocratique et libérale. D’où la question qui circule dans les cercles politiques : le président du Conseil, qui s’est d’entrée de jeu posé en champion des libertés comme du libéralisme, n’a-t-il pas été doublé quelque part ? Les opposants répondent par l’affirmative, sans hésiter. «Car, soutient l’un d’eux, le chef du gouvernement, s’il ne tenait qu’à lui, aurait laissé l’Intérieur s’occuper seul de cette affaire, comme il l’a déjà fait avec succès, il y a quelques semaines. Les étudiants auraient été contenus, confinés dans les enceintes académiques sans arrestations. Sans une démonstration de force excessivement musclée, qui donne au pouvoir local une teinte totalitaire qui le dessert auprès de la clientèle occidentale dont il a économiquement besoin. Personne n’a compris qu’on décrète pratiquement l’état d’urgence pour si peu. Et si message politique il y a, il s’adresse aussi bien aux pôles modérantistes de l’État qu’aux contestataires nationalistes. Peut-être que la réunion de Paris, l’importance accordée aux relations avec la Banque mondiale ou avec l’Europe n’ont pas été du goût de tout le monde. Il faut voir maintenant si le chef du gouvernement était bien d’accord avec les mesures prises mercredi. Lui qui ne cesse d’affirmer que tout un chacun a le droit de s’exprimer, à condition de rester dans la légalité». Et d’enfoncer le clou en rappelant que «le Premier ministre n’avait pas hésité, lors du débat de confiance à la Chambre, à s’en prendre aux débordements des services et à fustiger les arrestations arbitraires. Aujourd’hui les événements l’interpellent. Non pas seulement par rapport aux étudiants, mais aussi par rapport à l’affaire des capturés de la LBCI, mise en état de siège. Que va-t-il faire, que va-t-il dire ?». L’opposition fait donc mine d’attendre une réaction du chef du gouvernement. Réaction qui pourrait cependant ne pas venir, ou ne pas aller dans le sens que l’Est veut espérer. Car, est-il besoin de le rappeler, le jour même des événements, le 14 mars, le président du Conseil se trouvait à Damas. On ne peut en outre oublier qu’il ne peut logiquement paraître se solidariser, d’une manière ou d’une autre, avec les adversaires de la présence militaire syrienne. Cela, sans parler du postulat qui veut que dans la répartition des tâches au sein de l’Exécutif, les questions sécuritaires ne font pas partie
Les opposants, mais aussi nombre de pôles loyalistes, jugent que les autorités militaires en ont trop fait mercredi face au mouvement pacifique des étudiants. Certes, les aounistes étaient à la pointe de la contestation, puisque le 14 mars est la date anniversaire de la proclamation par leur leader de «la guerre de libération». Mais ils étaient soutenus par nombre de...