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Actualités - CHRONOLOGIES

Les habitants de Ramallah « emprisonnés » par le blocus

Le dos courbé, marchant avec peine, Ali Arouri, 30 ans, transporte un sac rempli de tissus vers sa fabrique, fermée depuis que l’armée israélienne a coupé la route y menant dans la région de Ramallah, devenue pour ses habitants une véritable prison. «J’emploie quinze jeunes couturières et j’ai dû réduire leurs salaires parce que je ne peux pas leur fournir le matériel pour travailler», confie M. Arouri durant une brève pause sur le bas-côté de la route menant à son village, en attendant que les gaz lacrymogènes se dissipent. À quelques centaines de mètres de là, les heurts sanglants ont fait un mort et quinze blessés du côté palestinien, entre des militaires israéliens et des manifestants palestiniens qui tentaient de rouvrir une route de Cisjordanie reliant Ramallah, la principale ville de la région, à des dizaines de villages palestiniens des alentours, comme celui de Sourda. La route a été rendue impraticable par l’armée israélienne, qui a creusé d’énormes tranchées et défoncé l’asphalte. «Ce n’est pas un simple bouclage, mais une tentative d’isoler chaque village de son environnement naturel», a affirmé la députée palestinienne Hanane Achraoui. «Avec cette politique, Israël érige des prisons pour les Palestiniens sans avoir à en construire». Depuis le déclenchement de l’intifada, l’armée israélienne a isolé de nombreuses villes, comme Jéricho, aujourd’hui coupée du monde par un profond fossé. En outre, un couvre-feu de 24 heures est aussi fréquemment imposé par l’armée israélienne dans les localités palestiniennes, notamment la ville de Hébron, qui constitue un lieu de friction permanente entre ses quelque 100 000 habitants palestiniens et 400 colons qui y vivent dans des enclaves armées sous protection militaire. Le bouclage des territoires, qui empêche plus de 100 000 Palestiniens de se rendre sur leur lieu de travail en Israël, a fait passer depuis septembre près d’un million de Palestiniens sous le seuil de la pauvreté, soit un tiers de la population des Territoires. L’organisation palestinienne de défense des droits de l’homme Miftah a affirmé qu’en raison du bouclage des territoires et du blocus des villes palestiniennes, «plusieurs localités palestiniennes souffrent d’une sérieuse pénurie de nourriture et de médicaments, 274 écoles regroupant 90 000 élèves ne peuvent fonctionner et les services humanitaires et d’urgence de base sont dans l’impossibilité totale d’atteindre certains villes et villages». Un porte-parole du ministère israélien de la Défense a affirmé lundi qu’Israël projetait d’alléger les blocus des villes de Tulkarem, Kalkiliya, Bethléem et Hébron, sans préciser quand, mais a indiqué que celui de Ramallah serait maintenu sine die. Le renforcement du blocus n’a évidemment pas amélioré l’image déjà exécrable de M. Sharon auprès des Palestiniens, et plus généralement des Arabes. «Les gens sont très en colère. Nous essayions de reconstruire pacifiquement une route qui a été détruite illégalement et voyez ce qui se passe», affirme Bassem, un consultant en informatique de 29 ans qui vit dans la localité universitaire voisine de Bir Zeit, en tenant sous son nez un oignon afin de contrecarrer les effets des gaz lacrymogènes. «Sharon prouve qu’il est aussi cruel que sa biographie amène à le penser», affirme Mme Achraoui.
Le dos courbé, marchant avec peine, Ali Arouri, 30 ans, transporte un sac rempli de tissus vers sa fabrique, fermée depuis que l’armée israélienne a coupé la route y menant dans la région de Ramallah, devenue pour ses habitants une véritable prison. «J’emploie quinze jeunes couturières et j’ai dû réduire leurs salaires parce que je ne peux pas leur fournir le matériel...