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Actualités - COMMUNICATIONS ET DECLARATIONS

LOI ÉLECTORALE - Un deuxième ministre, Marwan Hamadé, critique, après Murr, la proposition de Faqra - Joumblatt : La circonscription unique anéantira - les minorités et mènera le Liban au parti unique

La réaction du chef du PSP Walid Joumblatt, à ce qui a été au centre des discussions, il y a une semaine, entre Nabih Berry et Rafic Hariri à Faqra – i.e. la loi électorale –, s’est certes un peu fait attendre : elle n’a eu lieu qu’avant-hier samedi, au cours de la rencontre désormais rituelle entre des délégations populaires et le député du Chouf en son palais de Moukhtara. Sauf que le jeu en valait apparemment la chandelle. Walid Joumblatt ne s’est effectivement pas privé de critiquer fermement la proposition d’éventuelle future loi électorale sur laquelle les nos 2 et 3 de l’État semblaient s’être entendus – une critique tant sur le fond que dans la forme. Selon lui, cette loi condamnerait les minorités confessionnelles et politiques à faire de la sous-figuration, installerait au Liban un parti unique et ramènerait dare-dare la troïka. «Il a été dit, à l’issue de la réunion de Faqra et du banquet de Baabda, qu’un accord autour d’une nouvelle loi électorale a été conclu. Qui a-t-on consulté ? Et d’ailleurs, nous a-t-on, à nous, demandé notre avis ? Sommes-nous en train d’assister au retour de la troïka ?», s’est interrogé Walid Joumblatt. Rappelant que ce qu’il défend, c’est non seulement le principe du caza, mais au-delà, celui de la circonscription réduite, voire même de la circonscription uninominale, le chef du PSP a démonté le mécanisme à deux paliers sur lequel se seraient entendus les présidents Berry et Hariri. «Pour être député, il faut d’abord que tu sois présélectionné au niveau du caza, ensuite il y aura l’élection proprement dite, à l’échelon du Liban pris comme circonscription unique, et ce sera à la proportionnelle. Certes, mais qui déterminera cette proportionnelle ? Vous savez tous que nous avons mené une grande bataille à Baabda-Aley et dans le Chouf, une bataille contre les services de renseignements libanais divers et variés, et nous avions vaincu, grâce à la volonté populaire. Et ne voilà-t-il pas qu’aujourd’hui ils travaillent à l’agrandissement de la circonscription afin de supprimer toutes les minorités, confessionnelles comme politiques. Nous allons vers la loi du nombre. Et ce nombre, n’importe quel officier des services de renseignements pourra en décider. Il lui suffira d’exiger la liste qu’il veut, à la carte...», a estimé Walid Joumblatt. «Nous avons vaincu à la montagne Nassib Lahoud, difficilement, au Metn, après une bataille épique, Omar Karamé et Nayla Moawad au Nord, Ahmed Fatfat au Akkar... Mais au Sud, qu’est-ce qui a changé ? Rien. Dans la Békaa ? Idem. Pourquoi ? Comme ça. Il est vrai qu’à Beyrouth le président Hariri a gagné. Il a gagné grâce à la crétinerie du pouvoir à l’époque, grâce également à sa résistance politique – et malgré cela, on lui a imposé des noms que nous tairons aujourd’hui. Quant à demain, lorsque le Liban ne sera plus qu’une seule et unique circonscription, “ils te fondront dans la masse”... Ce sera alors le règne du parti unique», a-t-il prédit. «La question est : Vivons-nous, actuellement, au sein d’un régime démocratique ? Réponse : Bien sûr que non. Nous avions demandé, dans le passé, l’abolition du confessionnalisme politique – à l’époque où la gauche et la droite étaient toutes deux fortes et solides. Tandis qu’aujourd’hui, la quasi-totalité de la gauche est en ruine, la droite traditionnelle réduite à néant : il vaut donc mieux que l’on ne demande plus l’abolition du confessionnalisme politique. Parce que ce sera un anéantissement pour tous, l’abolition de toute la spécificité libanaise, de la démocratie. Nous devons faire attention et savoir où nous allons», a prévenu Walid Joumblatt. «Le prochain Parlement, c’est dans quatre ans et huit mois, alors pourquoi en parle-t-on aujourd’hui ? Et quel sera son rôle ? Sera-t-il encore plus monochrome ? C’est cela la question...», a-t-il conclu. La visite à Barouk Dans le même registre, le ministre des Déplacés Marwan Hamadé a rappelé, avant-hier samedi lors du forum socioculturel de l’Iqlim el-Kharroub, que l’accord de Taëf impliquait la mise en œuvre d’une loi électorale «qui garantirait la cohésion et qui mènerait, naturellement, à l’abolition du confessionnalisme politique, afin d’interdire tout hégémonisme ou phagocytage d’autrui. Or, on essaie aujourd’hui de contourner Taëf», a-t-il estimé. «Lorsque nous en appelions à l’abolition du confessionnalisme politique et à l’instauration d’une circonscription électorale unique et une élection basée sur la proportionnelle, nous comptions alors sur les partis nationalistes et ceux de gauche. Or, ce ne sont pas ces derniers qui demandent aujourd’hui la circonscription unique, mais plutôt des pôles teintés de confessionnalisme», a ajouté Marwan Hamadé, qui est, rappelons-le, le deuxième ministre après son collègue de l’Intérieur Élias Murr, à critiquer publiquement cette proposition de loi électorale qui semble avoir reçu l’aval des nos 2 et 3 de l’État. Notons enfin que le seigneur de Moukhtara s’est rendu hier chez la famille Halawi, à Barouk, où étaient présents de très nombreux habitants, avec à leur tête le président de la municipalité du village, Boutros Nakhlé. Et c’est à Barouk que Walid Joumblatt a dénoncé les accusations et les atteintes portées à l’encontre de la communauté druze, tout en réaffirmant sa volonté de poursuivre une ligne politique arabe et nationale. Appelant le ministre druze au sein du nouveau cabinet Sharon en Israël à prouver l’arabité de druzes de Palestine, en leur demandant de «quitter l’armée israélienne», le député du Chouf, accompagné à Barouk de Marwan Hamadé, s’est longuement interrogé sur le pourquoi des accusations faites à l’ensemble de sa communauté.
La réaction du chef du PSP Walid Joumblatt, à ce qui a été au centre des discussions, il y a une semaine, entre Nabih Berry et Rafic Hariri à Faqra – i.e. la loi électorale –, s’est certes un peu fait attendre : elle n’a eu lieu qu’avant-hier samedi, au cours de la rencontre désormais rituelle entre des délégations populaires et le député du Chouf en son palais de...