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Actualités - ANALYSES

Dépasser son blocage

La naissance de Stéphanie a comblé de bonheur sa mère Claudine. Un bonheur nourri des espoirs les plus fous de voir sa fille devenir un jour ballerine et de vivre une enfance normale et épanouie. Mais la réalité a été tout autre et Claudine a dû se résigner, jour après jour, à ranger ses rêves au placard. En effet, si Stéphanie était physiologiquement normale, elle a présenté, dès sa plus tendre enfance, un important déficit de l’attention, qui l’empêchait d’accomplir une tâche ou de mener à bien une activité. «Même les hochets et la musique ne retenaient pas son attention», se souvient Claudine. Ces troubles, accompagnés d’importants problèmes de coordination motrice l’ont empêchée d’évoluer au rythme des autres enfants de son âge. «Stéphanie a mis du temps à s’asseoir, et ce n’est qu’à l’âge de 15 mois qu’elle a marché, comme ça, sans crier gare, alors qu’elle n’avait jamais rampé auparavant et ne savait même pas se déplacer», raconte sa mère. Et même après avoir appris à marcher, Stéphanie est restée maladroite, incapable d’effectuer de nombreuses activités, comme celle de pédaler. «Et dire que sa bicyclette l’attendait, depuis sa naissance, raconte Claudine. Mais ce n’est qu’à sept ans qu’elle a appris à pédaler». Parlant couramment dès l’âge de quatre ans, Stéphanie n’a eu aucune difficulté à apprendre l’allemand, à l’école allemande où elle allait. Mais tenir le crayon, se limiter à deux lignes, écrire des lettres et suivre le rythme des autres élèves représentaient pour elle une difficulté de taille. La famille a alors quitté le pays pour le Canada et, après quelque temps passés au sein d’une classe régulière, la fillette a été transférée dans une classe d’adaptation, dans une école classique. «C’était mieux pour ma fille», avoue Claudine. Une enfant qui s’est longtemps sentie diminuée par rapport à ses frères, à cause de sa dyslexie et sa dysorthographie, mais qui a fini par comprendre, à force d’amour et d’encouragement de ses parents, que son travail à elle était, à leurs yeux, aussi important que celui de ses frères. «Nous avons montré à Stéphanie que nous l’aimions telle qu’elle est et nous avons souvent discuté de son problème en sa présence et avec ses frères. Mais le plus dur, avoue Claudine, a été d’éviter les interventions extérieures et même familiales de ceux qui ne comprenaient pas le problème de notre fille. Nous avons dû lutter ferme pour convaincre notre entourage de ne plus lui demander dans quelle classe elle était». «Certes, ajoute-t-elle, beaucoup de questions restent sans réponses, mais nous sommes persuadés que nous avons gagné la bataille». Stéphanie a aujourd’hui 15 ans et fait partie de ces enfants qui ne peuvent suivre le rythme d’une classe régulière, mais elle progresse à son rythme à l’école Alternative La Rosette, où elle se rend quotidiennement avec sa mère, Claudine, directrice de l’établissement. Elle a finalement décidé de dépasser son blocage, de faire face à ses difficultés et de se prendre en charge, après avoir longtemps refusé de coopérer avec ses éducateurs, marquant son mécontentement d’avoir quitté le Canada. À défaut d’être ballerine ou de jouer du piano, Stéphanie pratique à présent la natation et la pâtisserie, et acquiert progressivement l’indépendance de toutes les adolescentes de son âge.
La naissance de Stéphanie a comblé de bonheur sa mère Claudine. Un bonheur nourri des espoirs les plus fous de voir sa fille devenir un jour ballerine et de vivre une enfance normale et épanouie. Mais la réalité a été tout autre et Claudine a dû se résigner, jour après jour, à ranger ses rêves au placard. En effet, si Stéphanie était physiologiquement normale, elle a...