Liban-Syrie - L’ancien ministre des AE reçu par Bachar el-Assad - Boutros reprend le dialogue avec Damas

Les tentatives en vue d’initier un dialogue sérieux entre Damas et le camp chrétien, et le patriarcat maronite plus particulièrement, ont été subitement relancées, lundi dernier, contre toute attente, à la faveur de la visite que l’ancien ministre des Affaires étrangères, Fouad Boutros, a effectuée à Damas où il a conféré avec le président syrien Bachar el-Assad. Dans un communiqué laconique publié hier, M. Boutros a indiqué que le chef de l’État syrien avait exprimé le souhait d’intensifier les démarches de conciliation «dans un climat marqué par le sens des responsabilités, de manière à atténuer les tensions sectaires et réaliser les objectifs escomptés, dans l’intérêt des deux pays». C’est à la demande du président Assad lui-même que M. Boutros avait effectué une première visite dans la capitale syrienne, le 20 novembre dernier, afin de s’entretenir avec lui des moyens d’assainir les relations entre les deux pays et de jeter les bases d’une entente sérieuse entre Damas, d’une part, et le camp chrétien et le patriarcat maronite, plus particulièrement, d’autre part. Le premier entretien de M. Boutros avec le président Assad était intervenu à la suite de la campagne menée par Bkerké et l’assemblée des évêques maronites, à la fin du mois de septembre dernier, en vue d’un redéploiement syrien et d’un rééquilibrage des rapports entre le Liban et la Syrie. Depuis fin novembre, ces efforts de conciliation déployés par l’ancien ministre des AE – en étroite coordination avec Bkerké – avaient été marqués par une pause en raison, notamment, des développements dans la région. Des sources proches de l’ancien ministre avaient alors souligné qu’il était nécessaire d’attendre le résultat des élections israéliennes du 6 février dernier, en vue de l’élection d’un nouveau Premier ministre, avant de relancer le dialogue avec Damas. Dans cette perspective, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, avait mis une sourdine à sa campagne pour un rééquilibrage des relations entre les deux pays. Poursuivre le dialogue La nouvelle visite de M. Boutros sur les bords du Barada, lundi, est intervenue à la veille de la formation du gouvernement de M. Ariel Sharon et alors que le patriarche Sfeir a repris ses déclarations publiques concernant les rapports avec la Syrie, à la faveur de la tournée qu’il effectue actuellement aux États-Unis. Le bilan de l’entretien de lundi sera exposé sous peu par M. Boutros au président Émile Lahoud, au Premier ministre Rafic Hariri et au chef du Législatif, Nabih Berry. M. Boutros s’est refusé hier soir à tout commentaire concernant les résultats de sa rencontre avec le président Assad. Interrogé à ce propos par L’Orient-Le Jour, l’ancien ministre des AE s’est contenté de souligner pour l’instant qu’il existe, notamment de la part du chef de l’État syrien, une volonté sincère de poursuivre le dialogue. Dans un communiqué de presse, M. Boutros a souligné que sa rencontre avec le président Assad s’inscrit «dans le prolongement des efforts qu’il a initiés et qui visent à assainir et rendre plus rationnelles les relations entre le Liban et la Syrie, dans leur conception stratégique, en vue de faire face à toutes les éventualités nées de la gravité de la conjoncture régionale, du fait des agissements israéliens». Et M. Boutros d’ajouter : «Le président syrien a mis l’accent sur la nécessité d’aborder et de traiter ce dossier avec une vision globale, dans un esprit national, non confessionnel. Il est entendu que toute mesure ou décision sur ce plan est tributaire de l’autorité libanaise concernée, conformément à la hiérarchie stipulée dans la Constitution». Et de poursuivre : «Le président Assad a souhaité l’intensification des démarches et des concertations en cours dans un climat marqué par le sens des responsabilités, susceptible d’atténuer les tensions sectaires et de faciliter la réalisation des objectifs escomptés, dans l’intérêt des deux pays frères». En conclusion, M. Boutros a indiqué qu’il avait passé en revue au début de son entretien avec le président Assad les derniers développements de la situation dans la région et les perspectives qui se présentent sur ce plan dans différents domaines.