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Actualités - ANALYSES

Un vent de réforme souffle sur le pays

Premier geste concret de réforme : après le congé forcé d’un trimestre (renouvelable ?) octroyé à la triste antenne cathodique publique, le ministre de tutelle, M. Ghazi Aridi, refile au Conseil de la Fonction publique quelque 600 surnuméraires de l’information officielle. Et première entrave devant le gouvernement : des politiciens parlent d’attaquer devant les tribunaux administratifs la mesure prise par M. Aridi qui serait, à les en croire, illégale et constituerait un abus de pouvoir. Mais cette réaction épidermique de gens qui pleurent une perte d’influence se trouve neutralisée au niveau politique par le rabibochage Hariri-Berry, survenu à Faqra sur initiative du président du Conseil, maître de céans (et du jeu apparemment). Une réconciliation d’autant plus solide que les deux présidents ont tenu à la dépouiller de tout tapage médiatique. Ils ont en effet refusé la présence des journalistes, en expliquant que la rencontre était d’ordre strictement amical privé, à preuve que leurs épouses respectives y étaient présentes. Amicale, l’entrevue l’a été et même plus. Puisque, si l’on en croit le communiqué de clôture, les pouvoirs ont conclu à cette occasion un véritable traité d’indéfectible alliance, axé sur le plan de sauvetage économique. Et financier, ce qui implique un assainissement du Trésor. Par un coup d’arrêt au gaspillage, à la gabegie et aux dispendieux extras d’une administration aussi gloutonne que pléthorique et parasitaire. Le gouvernement entend donc mettre un frein aux dépenses somptuaires et dégraisser le mammouth, pour reprendre l’expression chère à Claude Allègre le bien nommé. Mais, car le mais en ce landernau est inévitable, quand on en vient à la pratique, et a fortiori aux détails, on s’aperçoit tout de suite que la mission est des plus difficiles. Ainsi dès aujourd’hui se pose aux responsables cette embarrassante question : ces 600 bouches inutiles que M. Aridi veut larguer, que va-t-on en faire ? Sur le papier, cela paraît simple : le Conseil de la Fonction publique doit les répartir entre les services qui pour leur part manquent de bras. Mais peut-on, par exemple, faire d’un clerc d’office âgé un réparateur de pylône électrique ? De plus, la redistribution nécessite une loi spéciale du Parlement. Dont beaucoup de membres critiquent assez véhémentement l’initiative prise par le ministre. Il est cependant assez évident qu’avec le soutien actif du président de la Chambre, le gouvernement réussira sans trop de problèmes à transformer l’essai, Place de l’Étoile. D’autant que pour ne pas désobliger une opinion publique qui attend avec impatience le grand nettoyage, les politiciens, tous courants confondus, affirment en chœur qu’ils sont tous pour le principe même de la réforme. Certains ajoutant d’un air suprêmement vertueux que s’ils développent des critiques, c’est pour le bien même de l’opération gouvernementale et non pour la torpiller. Quoi qu’il en soit, après l’information officielle, l’agenda des «terminators» officiels comprend le Casino, la MEA, l’Intra, la Banque de financement, le Conseil du Sud, l’ensemble des départements ministériels ordinaires, les offices autonomes. Et même, on a peine à y croire, les services non civils de l’État ou encore le sacro-saint Conseil du développement et de la reconstruction dont même M. Hoss n’avait pu secouer le cocotier ou les puces. Pour en revenir à la rencontre de Faqra, une source informée affirme qu’elle était prévue de longue date et n’a pas été provoquée par les piques que M. Berry a lancées dernièrement au gouvernement. Cette source ajoute que M. Hariri avait projeté d’établir avec le chef du Législatif une entente de fond depuis plusieurs semaines. Mais qu’il avait dû retarder ce rendez-vous à cause de ses voyages hebdomadaires de quête au profit du Trésor comme du Liban économique. En tout cas, il tombe sous le sens que le gouvernement a tout intérêt à se ménager une Chambre par laquelle il doit faire passer une infinité de projets de lois variés, dans le cadre de son plan d’action. Est-ce à dire que la Chambre tout entière, c’est M. Berry ? Dans l’absolu, la réponse ne peut évidemment qu’être négative. Mais en pratique, on ne peut oublier que M. Berry dispose d’un bloc parlementaire consistant qui peut éventuellement faire pencher la majorité d’un côté ou de l’autre. Sans compter que sa position de speaker lui permet d’influer directement sur tout débat, en commençant par l’ordre du jour des séances et en finissant par un défaut de quorum qu’il peut facilement provoquer. On peut donc estimer que la jonction Hariri-Berry officialise formellement le plan gouvernemental de redressement. Et lui donne un plus de fiabilité. Sinon de faisabilité.
Premier geste concret de réforme : après le congé forcé d’un trimestre (renouvelable ?) octroyé à la triste antenne cathodique publique, le ministre de tutelle, M. Ghazi Aridi, refile au Conseil de la Fonction publique quelque 600 surnuméraires de l’information officielle. Et première entrave devant le gouvernement : des politiciens parlent d’attaquer devant les tribunaux...