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Actualités - ANALYSES

Le programme du gouvernement assuré d’un fort soutien extérieur - La balle est maintenant dans le camp du Parlement

Le communiqué publié à l’issue de la rencontre d’explications Hariri-Berry à Fakra laisse résonner une parfaite harmonie au sujet des mesures à prendre pour endiguer la sévère crise financière, sociale et économique que traverse le pays. Cette entente, on ne peut que s’en féliciter, mais non sans une sourde réserve teintée d’inquiétude. Car de l’avis de nombre d’observateurs avertis, MM. Hariri et Berry ne seraient pas parvenus à accorder leurs violons si le programme de redressement gouvernemental n’avait bénéficié d’un fort soutien extérieur. Occidental, mais surtout syrien. En d’autres termes, les deux présidents auraient fort bien pu, sans les bons conseils reçus (et suivis, forcément suivis) ne pas s’entendre et peut-être ne même pas se rencontrer. Bien que de toute évidence l’intérêt bien compris du pays commandât en ces temps d’épreuve une parfaite cohésion des pouvoirs étatiques, exécutif et législatif confondus. D’où, répétons-le, cette interrogation sourdement inquiète : la Chambre, corps disparate, va-t-elle à l’image de son speaker coopérer pleinement avec ce comité de salut public économique que sont les Trente ? En 1993, alors même que M. Hariri paraissait au faîte de sa puissance de Zorro salvateur, la Chambre n’avait pas hésité à tirer des salves dévastatrices sur son programme de réforme administrative. Dont elle avait fait un chiffon de papier, en en retouchant les dispositions correctrices ou punitives. Non sans avoir refusé au gouvernement de l’époque les pouvoirs spéciaux qu’il réclamait pour atteindre ses objectifs d’épuration administrative comme d’assainissement des finances publiques. Pour justifier un tel obstructionnisme, on avait alors avancé un argument des plus bizarres : si la Chambre, élue en 1992 dans les déplorables conditions que l’on sait, cédait des pouvoirs législatifs au gouvernement, elle confirmerait l’accusation de non-représentativité, pour ne pas dire d’illégitimité, dont elle faisait l’objet. Dans la réalité pratique, le Parlement de l’époque a tenu à s’affirmer par un négativisme destiné à empêcher la montée en puissance politique de M. Hariri. Par suite de quoi, l’Administration, libérée de la hantise du couperet, est devenue encore plus inefficace, pour employer un euphémisme. Pour en revenir aux temps présents, les officiels de l’Exécutif se disent convaincus que «la situation subsistantielle du pays est si alarmante qu’aucun corps constitué, aucune institution, aucun politicien ne peut prendre le risque de torpiller notre programme. Le temple peut en effet s’écrouler à tout moment sur la tête de tous. Il serait encore plus dangereux que mesquin de contrer les efforts titanesques que déploie M. Hariri à l’étranger par une guérilla de harcèlement intérieur, sous prétexte de futiles rapports de force». Mais ces sources croient bon de préciser que «le plan de sauvetage implique forcément la consolidation de la stabilité intérieure sur la voie de l’entente, notamment entre les dirigeants». Or quand on parle d’entente, «les Libanais, réplique immédiatement un opposant de l’Est, ont tendance à dresser l’oreille pour se rappeler que sur le plan national elle n’existe toujours pas. Et que le pouvoir n’a vraisemblablement pas l’intention d’y remédier. Car ses timides velléités à ce propos ont été contrées systématiquement ces derniers mois. Comme en peuvent témoigner du reste aussi bien le président Hariri que le président Berry». C’est là cependant un point auquel les loyalistes ne veulent pas s’arrêter. Pour le moment, à leur avis, la priorité va d’abord à l’accord entre responsables, assortie d’un solide calme sécuritaire aussi bien au Sud qu’à l’intérieur. À leur avis, c’est la condition sine qua non pour un regain de confiance à l’extérieur à l’égard de ce pays. Ces personnalités proches du pouvoir citent volontiers le Saint-Père qui estime qu’il est grand temps que le Liban, qui a tant souffert, souffle un peu. Elles se réfèrent également à l’envoyé américain, M. Edward Walker, qui déclare que ce pays a toujours payé pour les autres et qu’il faut que cela cesse. Et de conclure que le programme de sauvetage économique ne restera pas lettre morte comme le plan de réforme en huit points promulgué à l’ère de la troïka. Il faut l’espérer et on verra ce qu’il en est lors du débat budgétaire ou lorsqu’on en viendra aux privatisations.
Le communiqué publié à l’issue de la rencontre d’explications Hariri-Berry à Fakra laisse résonner une parfaite harmonie au sujet des mesures à prendre pour endiguer la sévère crise financière, sociale et économique que traverse le pays. Cette entente, on ne peut que s’en féliciter, mais non sans une sourde réserve teintée d’inquiétude. Car de l’avis de nombre...