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Actualités - OPINIONS

Pour en finir avec Tara tata*

De même qu’on ne se baigne jamais dans le même fleuve, on ne repasse jamais sous le même pont. Il y a un peu plus de dix ans, l’opinion politique la plus audacieuse s’exprimait par un fougueux Tara tata lancé à la sauvette dans les trois secondes d’obscurité du tunnel de Nahr el-Kalb. Tara tata ! J’en suis. Tara tata ! Si aff. rép. par la même voie. Et de concert : Tara tata… On venait d’inventer le klaxon de la «révolution», le clairon de l’opinion, le tigre dans le moteur qui rugissait Tara tata. Et puis, Tara tata, sonnerie aux morts de Nahr el-Mot. Entre deux Tara tata, il y avait aussi la dabké. Longtemps qu’on ne s’était pas offert une telle fête. Trop longtemps qu’on était resté terré chez soi par crainte des obus qui pleuvaient. Désormais, qu’importaient les obus ? Sortir, danser, faire de son corps un gai rempart à Tara tata, bals tragiques sur l’esplanade de Baabda. Y aller pieds nus, à genoux, bouter le S… dehors, le piétiner sous la dabké de Zaki Nassif : Rajeh yet’ammar Lebnan. Le S… capitale sinueuse, rampante, sournoise. Qui, le «S»? Dites-le M. Rocard, dites-le M. Mac Carthy, mais dites-le M. Kouchner. Le dire, personne ne voulait. Tout le monde l’avait pourtant au bout de la langue, ce mot aujourd’hui délié. D’ailleurs, comment désigner le bourreau devant le spectacle des victimes courant d’elles-mêmes à la mort, seule brèche possible dans l’univers désespérément clos qui était devenu le leur. Tara tata, trompettes de Jéricho, abattre les murs. Rajeh yet’ammar, ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson. Résister, disait-on. Ceux qui ne versaient pas leur sang allaient en faire don à la CRL. Ils chantaient aussi Demain à l’aube. Qui avait inventé ça, sur l’air d’une marche polonaise ? Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson. Aujourd’hui, pas si longtemps après, après qu’on a reconstruit, pierre par pierre, saignant aux quatre veines une économie déjà anémique, quand on invite les nations à comprendre, à patienter, à suspendre une créance, et que le FMI, implacable, rétorque : taratata… il y a encore des petits malins pour pousser en douce de nostalgiques Tara tata. *Réunis sur le parvis de l’Institut du monde arabe, 200 représentants des «courants aounistes» à Paris ont dîné «à la libanaise» avec musique folklorique, dabké et force Tara tata (…) (L’Orient-Le jour, Échos de paris, mardi 27 février)
De même qu’on ne se baigne jamais dans le même fleuve, on ne repasse jamais sous le même pont. Il y a un peu plus de dix ans, l’opinion politique la plus audacieuse s’exprimait par un fougueux Tara tata lancé à la sauvette dans les trois secondes d’obscurité du tunnel de Nahr el-Kalb. Tara tata ! J’en suis. Tara tata ! Si aff. rép. par la même voie. Et de concert :...