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Actualités - INTERVIEWS

RENCONTRE - À l’Iesav, pour un séminaire de formation - Michel Khleifi, un cinéaste-citoyen

La neuvième promotion de l’Institut des études scéniques et audiovisuelles de l’USJ portera son nom. Cinéaste palestinien, l’un des plus importants du monde arabe, professeur d’écriture et de réalisation de films à l’Insas (Institut national supérieur des arts et spectacles) de Bruxelles, l’une des plus prestigieuses d’Europe, Michel Khleifi n’est pas un étranger au Liban. Prix du premier Festival international du film de Beyrouth pour Noces en Galilée, Le conte des trois diamants a obtenu, lui, le prix Cannes Junior à Beyrouth toujours (1997). Il avait quitté la Palestine au début des années 70 pour suivre des études de théâtre et de mise en scène à l’Insas. C’est là qu’il a découvert le cinéma. À son palmarès : La mémoire festile (1980) ; Maaloul fête sa destruction (85) ; Noces en Galilée (87) ; Cantique des pierres (90) ; L’ordre du jour, seul film parlant français avec des acteurs franco-belges ( 93) ; Conte des trois diamants (95) et Mariages mixtes en Terre sainte (96). Michel Khleifi, qui anime un séminaire d’écriture et de réalisation à l’Iesav, est très intéressé par les jeunes, lesquels d’ailleurs le lui rendent bien. Il voudrait leur donner cette notion de responsabilité du «cinéaste- citoyen conscient de sa place dans la société, responsable de ses options». «Nous souffrons dans le monde arabe, dit-il, de problèmes de libertés. Sans un État de droit et une éthique face au travail et face à notre environnement, nous ne pouvons pas entreprendre une évolution démocratique et pluraliste. Pour cela, il faut qu’un individu libre émerge de la société avec une réflexion personnelle». Quid des étudiants qu’il forme ? «Certains sont mûrs, d’autres le sont moins. Ils manquent de vision d’avenir. C’est là un problème des jeunes en général. Ici, comme partout dans les pays de la région, nous sommes inconscients de l’importance de nos richesses. Nul ne peut être créatif s’il ne prend pas conscience de ses moyens. Et l’ensemble de la société ne facilite malheureusement pas la tâche. On sait qu’il existe une richesse dans cette partie du monde, mais il y a une paralysie en raison d’une certaine éducation, d’un système basé sur la hiérarchie, le conservatisme lourd à gérer» Pour Michel Khleifi, dont les collègues et les amis louent les qualités de pédagogue, d’ouverture, de tolérance et d’écoute, «faire confiance à l’autre est une manière de transmettre le savoir. L’essentiel est d’apprendre à admettre et accepter de se tromper. Ainsi se déclenche un mécanisme analytique loin des pressions sociales et scolaires… Mais les jeunes sont le reflet de leur société. Une famille consciente de ses problèmes et qui les tait par peur de l’effritement ne peut pas évoluer. Lorsque ses membres en parlent entre eux, loin de s’effriter, elle redistribue ses cartes différemment… Mais la nation n’est pas une famille, et c’est une erreur de les gérer de la même façon». Le niveau des jeunes cinéastes libanais ? «Le milieu et l’industrie qui l’accompagne sont en période de formation. Ils sont encore fragiles, mais les facteurs positifs existent. Reste l’accumulation du travail, l’expérience, c’est cela qui est bénéfique. Un milieu, une base sont créés, et c’est très important. La technique est secondaire». Deux semaines durant, deux équipes, de 15 étudiants chacune, travaillent ensemble. Le résultat de cet effort devrait se concrétiser par la réalisation d’un film par équipe. On en connaît déjà les sujets : l’un parlera de l’eau et l’autre du grand théâtre. «Pour notre part, conclut Khleifi, nous sommes responsables de ces jeunes, il nous faut être mûrs pour les seconder. Puisque de toute façon nous sommes des exemples pour eux, autant en être de bons». Il sait de quoi il parle, puisque les quatre films de ce cinéaste appartenant à un peuple qui souffre sont autant de messages de tolérance et d’acceptation de l’autre. Et autant de témoignages qui se passent de commentaire.
La neuvième promotion de l’Institut des études scéniques et audiovisuelles de l’USJ portera son nom. Cinéaste palestinien, l’un des plus importants du monde arabe, professeur d’écriture et de réalisation de films à l’Insas (Institut national supérieur des arts et spectacles) de Bruxelles, l’une des plus prestigieuses d’Europe, Michel Khleifi n’est pas un...