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Actualités - REPORTAGES

RENCONTRE - Une conteuse sachant conter - Florence Balligand : « Trouver le mot qui fait mouche, pour s’envoler ensemble »

Parmi les six artistes qui ont participant au IIe Festival du Conte et du monodrame qui s’est terminé il y a quelques jours au Théâtre Monnot , la conteuse pour enfants Florence Balligand a régalé les 6 à 12 ans de ses Contes africains, le temps de deux après-midi. Mais cette artiste française – qui a 15 années d’expérience au théâtre et dans le conte – a bien d’autres histoires à son répertoire. Des contes profonds et philosophiques qui s’adressent aux adultes aussi, et qui comportent toujours une portée pédagogique. Institutrice de formation, Florence Balligand a suivi des études de lettres avant de s’intéresser au théâtre, puis au conte. Ses neuf années d’apprentissage et de pratique du théâtre commencent à Paris, au cours René Simon, en 1991. «J’y ai appris l’amour des beaux textes, la diction, la mise en scène, mais aussi une certaine humilité, une persévérance et un amour du métier», indique-t-elle. Toutefois, l’enseignement trop classique de cette école la pousse à partir, au bout d’un moment, pour combler certains manques, notamment en ce qui concerne l’aspect corporel, le travail du clown, du mime, du demi-masque et, aussi, de l’improvisation. Elle suit plusieurs stages à Paris, notamment un avec Jean-Paul Denizon, comédien chez Peter Brook pendant 13 ans, et un autre, de Commedia dell’ arte, avec Christophe Patty qui a été l’assistant de Mario Gonzales. Florence Balligand doit ensuite quitter la France pour la Nouvelle-Calédonie où son mari, qui travaille pour l’Agence française de développement, est muté. Là, elle enseigne le français, tout en continuant, parallèlement, ses activités théâtrales. Pendant trois ans, elle fait partie d’un atelier de texte et d’expression corporelle dirigé par des élèves de l’école Le Coq de Paris. Elle monte ensuite plusieurs spectacles de styles différents. Par ailleurs, Balligand se produit dans des cafés-théâtres dans le cadre de soirées improvisées. Elle fait aussi de la danse contemporaine. La quatrième année, elle arrête l’enseignement pour diriger des ateliers cirque et théâtre organisés par le Musée de la ville de Nouméa. Elle collabore également avec la mairie et fait découvrir le théâtre à des jeunes de quartiers défavorisés. C’est avec eux qu’elle fera ses premiers pas dans le conte. Elle suit ensuite un stage avec la grande conteuse française Gigi Bigot, puis... décolle. «J’ai ensuite travaillé avec l’association “Il était une fois” et me suis mise à conter dans des hôpitaux, des orphelinats, des écoles et des bibliothèques», ajoute-t-elle. Après la Nouvelle-Calédonie, son mari s’installe au Tchad, et Florence Balligand le suit. Là, au Centre culturel français, elle rencontre Abakar, un jeune griot, chanteur et musicien, avec qui elle s’associe pour une expérience unique. Elle rencontre également Pierrette Dupoyer, auteur, comédienne et metteur en scène française qui s’est produite à Beyrouth il y a quelques années et qui devient son amie. «C’est une femme qui m’a apporté le courage et l’énergie de continuer à avancer», dit-elle. Le conte, théâtre d’objets C’est en 1999 que Florence Balligand débarque à Beyrouth. Sa première intervention en tant que conteuse se fera au Salon Lire en français et en musique. Depuis, elle sème ses contes dans les Lycées franco-libanais de Beyrouth et de Tripoli. Elle travaille aussi pour le Musée des sciences des enfants (Starco) où le jeune public vient l’écouter conter tous les dimanches. Balligand est également intervenue à l’Alumni de l’AUB. Dans un avenir proche, elle se produira au Lycée de Nahr-Ibrahim à l’occasion de la Journée de la francophonie, le 20 mars prochain. Au mois de juin, elle racontera ses Contes africains au Lycée Verdun, pour la fête du livre ; puis donnera des formations pour adultes, en septembre, au Lycée Nahr-Ibrahim. Florence Balligand a donc aujourd’hui six années de conte à son actif. «Je réécris tous mes contes, que je puise un peu partout. Je les adapte à ma bouche et les mets en scène, puis j’utilise des objets pour les illustrer, pour trouver une symbolique et pour surprendre aussi, car je pense qu’avec les enfants, les images sont presque aussi importantes que les mots», précise-t-elle. La conteuse aux yeux brillants et aux longs cheveux blonds utilise toute une panoplie d’objets artisanaux ramenés du Tchad ou d’ailleurs : un tapis, une mallette à malice, une minuscule boîte à musique, des calebasses, une courge, un bâton de pluie, une lampe d’Aladin, un chapeau... Ses spectacles sont pleins de rituels, de formules et d’effets de surprise. «Avec pas grand-chose, je voyage, je transforme, poursuit-elle. Les objets deviennent vivants, animés, et ils rythment ma narration, illustrent mes paroles». Son répertoire comprend des contes africains, mais aussi des contes d’animaux, «sympathiques, drôles, beaux et forts» ; des contes du pays du froid et du pays du soleil, «contes de générosité, de partage, d’amour et de courage» et, enfin, des contes merveilleux de la mer, «à la fois drôles et poétiques». Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est la participation de son public. «Les enfants reprennent un refrain, devinent des choses, racontent avec moi. Mes contes sont interactifs ; le contact et la communication avec mon public sont très importants. Je ne suis pas un poste de télévision ; il faut qu’il y ait un échange». Une improvisation bien préparée Balligand est toujours surprise par les réactions des enfants. «C’est la partie improvisation de mes spectacles, note-t-elle. L’ambiance est à chaque fois unique. Je lance des clins d’œil et eux me répondent parfois des choses qui me font rebondir, repartir, toujours plus loin». Et d’ajouter qu’«un conte bouge, selon le pays où je me trouve ou l’âge du public». C’est chez elle et à voix haute, que Balligand travaille ses textes. «J’aime la précision, et je dois bien digérer mes contes pour pouvoir ensuite être parfaitement à l’aise». Elle intègre souvent la musique à ses contes. Une musique préenregistrée, ou «live», qu’elle joue elle-même en se servant de son luth trouvé en Afrique, de son petit tam-tam, de ses instruments rythmiques, de sa tortue magique ramenée du Congo. Un travail formidable est également fait sur la voix. «J’ai différents registres sonores, et une voix modulable qui peut aussi bien “faire” l’enfant, la grand-mère ou la voix d’outre-tombe. Même si l’enfant ne capte pas absolument tout ce que je dis pendant les 30 minutes ou 45 minutes de spectacle, il est bercé, porté par une voix, un rythme, une musique dont il gardera des traces dans sa mémoire». Sa plus belle récompense est de voir les enfants «captivés et émerveillés». «Je suis heureuse lorsqu’ils viennent m’embrasser à la fin du spectacle, qu’ils me disent “C’était beau !”, puis se ruent vers mes objets qui les intriguent. C’est un très beau cadeau». Et de conclure en citant la conteuse Mimi Barthélémy, «une femme formidable» qu’elle a connue au dernier Salon du livre de Beyrouth : «Le conte, plus on le garde, plus on le perd. Plus on le donne, plus on le garde». Conseil qu’elle n’oublie jamais de donner à son jeune auditoire, avant le tomber du rideau. *Pour toute information, appeler «Contes-Actes» au 01/218551.
Parmi les six artistes qui ont participant au IIe Festival du Conte et du monodrame qui s’est terminé il y a quelques jours au Théâtre Monnot , la conteuse pour enfants Florence Balligand a régalé les 6 à 12 ans de ses Contes africains, le temps de deux après-midi. Mais cette artiste française – qui a 15 années d’expérience au théâtre et dans le conte – a bien...