Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

Dossier régional - Le Liban, bouc émissaire idéal pour les États-Unis

Un vétéran de la diplomatie, se fiant à de multiples expériences, pense que les États-Unis utilisent systématiquement le Liban comme bouc émissaire, ou comme déviation, chaque fois que les autres protagonistes régionaux du processus de paix leur posent un problème. Ce qui ne les empêche pas d’échouer. Ainsi, Shamir l’Israélien, dont Bush père avait forcé la main pour Madrid en lui refusant une ligne de crédit d’achats militaires de 10 milliards de dollars, ne s’est engagé dans le processus qu’avec la ferme intention de faire traîner les pourparlers pendant au moins dix ans. C’est ce qu’il a révélé après avoir quitté le pouvoir, en se félicitant d’avoir gagné son pari. De son côté, Damas, convaincu de la mauvaise foi sioniste, ne voyait pas l’utilité d’une conférence de paix. Et faisait valoir que pour arriver à un règlement, il suffisait qu’Israël se soumît aux résolutions de l’Onu lui enjoignant de restituer les territoires arabes conquis en 1967. Pour amener Damas à composition, le même président américain a fait pression sur elle en faisant valoir que son refus signifierait qu’elle devrait mettre un terme à sa présence militaire au Liban, conformément à ces accords de Taëf qu’autrement on accepterait d’ignorer. La manœuvre a réussi et les Syriens, soucieux à l’époque de préserver de bonnes relations avec une superpuissance qui était en train d’éclipser l’URSS, se sont également rendus dans la capitale espagnole. Non sans adresser à l’Administration US une note verbale (toujours écrite) préliminaire définissant clairement les points de base des futures négociations. Auparavant, pour balayer les réticences arabes à accepter la Tempête du désert déclenchée contre l’Irak lors de la guerre du Golfe, les Américains avaient obtenu le soutien militaire direct de la Syrie. En lui permettant de balayer à son tour Michel Aoun au Liban. Il faut dire que Washington non plus ne portait pas le général dans son cœur. Toujours est-il qu’à la faveur de ce troc, la présence militaire syrienne au Liban a pu se renforcer et se pérenniser. L’ancien diplomate souligne ensuite que Bush le fils trouve bien du mal, pour sa part, à coaguler une alliance euro-arabe contre Saddam. Même les Occidentaux, la Grande-Bretagne exceptée bien évidemment, affirment que les récentes frappes sont injustifiées. Et demandent un assouplissement de l’embargo et des diverses autres sanctions qui frappent la population irakienne. Du côté arabe, Colin Powell a pu constater, en entamant sa première grande tournée régionale, qu’on n’approuve pas non plus la focalisation US sur le régime de Saddam. La Syrie a ainsi clairement signifié au secrétaire d’État américain que la priorité devrait plutôt aller au sauvetage du processus de paix, fortement compromis par Israël. Même l’Égypte, l’Arabie séoudite et la Jordanie partagent ouvertement cet avis. Cette situation inquiète, à dire vrai, la personnalité citée. Qui se demande, en effet, quel moyen les Américains vont utiliser pour amener les pays arabes de la région, dont la Syrie est naturellement le fer de lance, à souscrire à leurs vues. Cette approche interrogative implique, on l’aura compris, que Washington pourrait être tenté d’exploiter une fois de plus ce maillon faible de la chaîne que reste le Liban. Qui pourrait payer, d’une manière ou d’une autre, la facture des arrangements concernant aussi bien l’Irak que la sécurité d’Israël, si chère aux Américains, ou que la reprise des négociations. Et de conclure en relevant que la Syrie, outre sa radiation de la liste noire US des États soutenant le terrorisme et sa demande d’aides comme d’investissements, pourrait exiger, comme prix de sa compréhension à l’égard de la nouvelle stratégie US, qu’on laisse aux seules autorités libanaises le soin de discuter avec elle du sort de ses troupes au Liban. Or on sait à quel point les susdites autorités sont enthousiastes à ce sujet et désireuses d’en parler…
Un vétéran de la diplomatie, se fiant à de multiples expériences, pense que les États-Unis utilisent systématiquement le Liban comme bouc émissaire, ou comme déviation, chaque fois que les autres protagonistes régionaux du processus de paix leur posent un problème. Ce qui ne les empêche pas d’échouer. Ainsi, Shamir l’Israélien, dont Bush père avait forcé la main pour...