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Actualités - OPINIONS

Courrier - Contre la peine de mort

L’Orient-Le Jour a toujours, et je m’en réjouis, su avoir, vis-à-vis des forces politiques libanaises, une indépendance totale. Maintes fois dans vos colonnes vous avez critiqué tel ou tel agissement de tel ou tel politicien, telle ou telle politique. Aussi, je pense qu’il est du devoir d’un organe de presse comme le vôtre de prendre clairement position contre la barbarie dont font preuve le parquet et l’État libanais en envoyant chaque année plusieurs détenus devant le bourreau. C’est une petite phrase anodine, dans L’Orient-Le Jour du 20 février 2001 qui m’a fait sursauter ; l’article traitant du double meurtre de Mazraat Yahchouch se termine par cette phrase : «Ils risquent, bien entendu, la peine capitale». Ce «bien entendu» a quelque chose de cinglant, de glaçant, de terrifiant. Vous rapportez l’information telle quelle, soit. Mais rien n’empêche votre journal de prendre position contre la barbarie. Vous n’êtes pas sans savoir que plusieurs associations en réclament l’abolition. Pourquoi ce journal ne prendrait-il pas, publiquement et clairement, position pour l’abolition ? Certes, la route est longue et difficile. Il y a des mentalités à changer et ce n’est pas une affaire de jours. Mais si, comme j’ose l’espérer, des organes de presse prenaient clairement position, une évolution des mentalités pourrait clairement se faire sentir au sein de la population. Rien ne justifie que des hommes (ou des femmes) soient envoyés à la mort par d’autres au nom d’une prétendue justice, pour donner l’exemple. On peut citer ces quelques mots de Monsieur Badinter (artisan de l’abolition en France) prononcés devant l’Assemblée nationale française en septembre 1981 : «En fait, ceux qui croient à la valeur dissuasive de la peine de mort méconnaissent la vérité humaine. La passion criminelle n’est pas plus arrêtée par la peur de la mort que d’autres passions ne le sont qui, celles-là, sont nobles. Et si la peur de la mort arrêtait les hommes, vous n’auriez ni grands soldats ni grands sportifs. Nous les admirons, mais ils n’hésitent pas devant la mort. D’autres, emportés par d’autres passions, n’hésitent pas non plus. C’est seulement pour la peine de mort qu’on invente l’idée que la peur de la mort retient l’homme dans ses passions extrêmes. Ce n’est pas exact».
L’Orient-Le Jour a toujours, et je m’en réjouis, su avoir, vis-à-vis des forces politiques libanaises, une indépendance totale. Maintes fois dans vos colonnes vous avez critiqué tel ou tel agissement de tel ou tel politicien, telle ou telle politique. Aussi, je pense qu’il est du devoir d’un organe de presse comme le vôtre de prendre clairement position contre la barbarie...