Machghara : un village, - une longue souffrance

Machghara est un village de dimension importante, non loin du lac artificiel de Qaraoun. Il était connu, avant la guerre, pour son agriculture et son industrie. Il était célèbre pour la sériciculture, qui a graduellement été remplacée par d’autres. Mais Machghara était surtout comme pour ses tanneries, dont il ne subsiste plus qu’une aujourd’hui, dans laquelle travaille, d’ailleurs, un handicapé. Machghara est un village multiconfessionnel et assumait très bien, dans le passé, cette identité plurielle. Mais tout a basculé durant la guerre. Envahi par les Israéliens en 1982, le village a été évacué quelques années plus tard, mais seulement pour se trouver dans la ligne de mire de l’occupant. Les bombardements y étaient presque quotidiens et l’instabilité continue. Plus encore, l’occupation israélienne a laissé son lot de dissensions parmi les citoyens, et des conflits intérieurs sont venus miner la vie des frères d’hier. La situation n’a pas été facilitée par la présence d’un grand nombre de partis, traditionnellement, sur la scène locale. Même aujourd’hui, les blessures sont encore mal cicatrisées, ce qui ouvre le débat sur le rôle de l’État dans le traitement des traces psychologiques de la guerre… Mais dans tous les cas, tout ce qui se fait à Machghara aujourd’hui est d’emblée politisé selon certains témoignages, ce qui rend toute action de la part d’organisations apolitiques et non confessionnelles particulièrement ardue, vu qu’elles suscitent la méfiance de tout le monde. Aujourd’hui, Machghara est vidée des deux tiers de ses habitants et elle est, à l’instar d’autres régions, très touchée par la crise économique. Toutefois, elle renaît peu à peu de ses cendres grâce au dynamisme de ses résidents et de ses habitants disséminés aux quatre coins du Liban et du monde.