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Actualités - INTERVIEWS

RENCONTRE - Il Diletto Moderno, l’amour du madrigal

Raùl Iriarte est d’origine argentine. Il est le fondateur de l’ensemble Il Diletto Moderno et son chef d’orchestre. «J’ai chanté dans un chœur», explique-t-il. «C’est là que j’ai découvert les comédies madrigalesques, celles qui ont été écrites entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle. Elles posaient une énigme sur laquelle peu de gens s’étaient penchés : comment les mettre en scène ?». C’est Markus Kupferblum, qui a rejoint la troupe en janvier dernier pour structurer le défi d’une mise en scène, qui donne la réponse : «Banchieri, le plus talentueux des auteurs de cette époque en matière de madrigaux, a laissé un essai qui insistait sur l’importance de la musique et du texte, mais rien n’était prévu de plus sur scène. Tout simplement parce qu’il s’agissait d’une époque de transition : la comédie madrigalesque était à cheval entre l’opéra et le théâtre, la polyphonie et la monodie», explique-t-il. Et Raùl Iriarte d’ajouter : «Je voulais donner à ces œuvres une tridimension : la musique et le texte auxquels on ajoute la mise en scène». Soliste pendant dix secondes La grande difficulté rencontrée ? Trouver des madrigalistes, c’est-à-dire des chanteurs acceptant de diriger un ensemble le temps de 8 mesures (environ 10 secondes) et de réintégrer l’ensemble, puis de reprendre et ainsi de suite : «Il faut dire que les chanteurs d’aujourd’hui sont formés pour être solistes, renchérissent les deux intéressés. Il faut être suffisamment accroché par le madrigal pour accepter ce rôle sur scène : être soliste pendant 10 secondes, tout en maîtrisant son jeu d’acteur». Selon Markus Kupferblum, «la meilleure école pour un madrigaliste, c’est encore la scène. Pour “Il Festino”, la troupe utilise les masques. Je l’ai fait répéter avec un masque neutre et qui, dans un premier temps, recouvrait la bouche puis, dans un second, la dégageait. Le madrigaliste apprend de cette façon à parler avec son corps tout en se concentrant sur sa voix. D’une certaine manière, ce genre de chanteur ressemblerait à un choriste faisant du théâtre, ce qui est loin d’être évident». Les comédies madrigalesques de Banchieri, tout comme les madrigaux de compositeurs méconnus comme Carlo Gesualdo, Luca Marenzio, Donat’Antonio ou Enrico Radesca Di Foggia s’ancrent dans la réalité et délaissent les anciens sujets mythologiques. Mais c’est le moine génial de Bologne qui opère la synthèse, et le Diletto Moderno interprétera, ce soir au Bustan et dimanche 25 février au palais Sursock, les deux œuvres majeures de Banchieri : La Barca di Venezia per Padova (Le voyage en bateau de Venise à Padoue) et Il Festino nella sera del giovedi grasso avanti cena (Petite fête pour la soirée du Jeudi Gras avant le dîner). Une rareté à ne pas manquer.
Raùl Iriarte est d’origine argentine. Il est le fondateur de l’ensemble Il Diletto Moderno et son chef d’orchestre. «J’ai chanté dans un chœur», explique-t-il. «C’est là que j’ai découvert les comédies madrigalesques, celles qui ont été écrites entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle. Elles posaient une énigme sur laquelle peu de gens...