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Actualités - ANALYSES

VIE POLITIQUE - Hariri face à des contradicteurs de poids - Le fossé est plus profond qu’il n’y paraît à première vue

Sur presque tous les sujets mis en vedette par l’actualité depuis son retour au pouvoir, M. Rafic Hariri s’est trouvé confronté à des contradicteurs de poids. Il a eu successivement, alternativement et parfois simultanément maille à partir avec des dirigeants, avec des services, avec des leaderships divers et avec des partis. Dont, en tout dernier lieu, le Hezbollah. C’est que le président du Conseil, qu’on présente souvent comme un pragmatique, n’en a pas moins une vision politique d’ensemble cohérente et qu’on peut qualifier de libérale. Il s’est bâti une sorte d’idéologie globale, résumée dans le programme établi lors de la campagne électorale par le groupe d’études dit Future. Or ces orientations ne coïncident pas tout à fait avec les vues ou les stratégies des décideurs. Et encore moins avec les objectifs que se fixent divers courants locaux. Qui d’ailleurs sont, à son avis, à contre-courant, pour ce qui est de la défense des intérêts bien compris du pays. Sans entrer dans les détails, et pour s’en tenir aux priorités, M. Hariri semble penser que le plus important reste de tirer le Liban de l’ornière sur le plan économique et financier. C’est à cette mission, pour laquelle il a du reste été appelé, qu’il se dévoue corps et âme. D’où ses différends avec les différentes parties qui placent les priorités ailleurs et luttent pour des buts distincts, parfois opposés. Comme le redéploiement sur la Békaa ou la libération musclée de l’enclave de Chebaa. Sur le premier front, le front de l’Est, M. Hariri peut un peu souffler : le cardinal Sfeir est en voyage et d’ailleurs, la médiation engagée de divers côtés pour arranger un peu les choses n’est pas encore proclamée morte. Par contre sur le front du Sud, de nouveau surtendu après l’opération du Hezbollah, cela risque de s’embraser à tout moment. C’est d’un œil inquiet que les haririens, mais aussi la plupart des ministres, observent la situation. «La phase actuelle, déclare un politicien en vue, est déjà assez dangereuse par elle-même pour qu’il soit besoin de jeter de l’huile sur le feu. Ce n’est pas le moment d’asticoter le camp occidental qui reste notre seul bouclier face aux capacités de nuisance de l’ennemi israélien. Voyons les choses bien en face : si l’envie lui en prenait, Sharon pourrait raser toute notre infrastructure sans que personne lève le petit doigt en notre faveur. Car pour Chebaa, nous ne sommes plus couverts par la légalité internationale. Il faut donc que nous fassions preuve de retenue le long de la ligne bleue tracée par l’Onu». Mais un autre professionnel se demande «si M. Hariri n’a pas été victime d’un malentendu. Il a proclamé à Paris qu’il n’y aurait pas de provocations à la frontière et ceci en accord avec la Syrie. Il est difficilement imaginable que le Hezbollah lui ait immédiatement infligé un frappant démenti sans un feu vert déterminé. Pour le fond, ajoute cette personnalité, il est possible que les décideurs aient voulu adresser un double message à Sharon et à la nouvelle Administration US. On peut également estimer que même vue sous l’angle purement libanais, il est bon de rappeler avec éclat au parrain américain du processus de paix que le Liban n’a pas encore récupéré tous ses droits. L’action engagée à Chebaa peut constituer une pression sur le nouveau secrétaire d’État, M. Colin Powell, à la veille de sa première tournée dans la région». Et d’affirmer ensuite, sans preuves à l’appui, que «la Résistance calcule parfaitement ses mouvements. Elle n’a pas l’intention d’embraser totalement le front du Sud où un calme prudent continuera à régner, mais de mettre à profit la période de transition actuelle en Israël comme aux States, pour marquer des points». Allant plus loin, des sources proches du Hezbollah même affirment qu’après «l’échec des pressions visant à porter le pouvoir libanais à déployer l’armée à la frontière, les parties occidentales s’efforcent maintenant de dresser le pouvoir contre la Résistance. En utilisant la carte des assistances financières et des investissements. Le gouvernement ne doit pas tomber dans le panneau». Selon ces sources, dans son intervention durant le quarantième de cheikh Chamseddine, le secrétaire général du Hezb, sayyed Hassan Nasrallah, «a voulu riposter directement à l’ambassadeur américain, M. David Satterfield. Qui a cru pouvoir se permettre, lors d’une entrevue avec M. Hariri après l’opération de Chebaa, de répercuter des exigences israéliennes de neutralisation de la Résistance. Moyennant le déblocage des aides et l’encouragement des investissements». On sait que se sentant visé par les propos de sayyed Nasrallah, le président du Conseil a réagi par un communiqué très ferme, qu’il a retiré après les explications lénifiantes du Hezb. Il n’empêche qu’aujourd’hui encore, un haririen répète que «le gouvernement n’est pas disposé à se laisser malmener par qui que ce soit, par n’importe quelle partie politique. Il n’est pas question de nous laisser mettre au banc d’accusation et désignés du doigt. Il n’est pas question non plus que nous laissions les Libanais s’enfoncer encore plus dans une crise de subsistance. Or non seulement les initiatives prises entravent gravement notre effort de redressement économique, mais encore certaines parties n’hésitent pas à utiliser une arme dirigée contre le Liban encore plus que contre nous. En propageant des rumeurs sur les difficultés de la livre». Sans vouloir interférer dans le conflit d’options, un homme d’affaires s’inquiète pour sa part que «l’on mélange l’économique au politique». Comme si les deux pouvaient être dissociés dans un pays privé de confiance.
Sur presque tous les sujets mis en vedette par l’actualité depuis son retour au pouvoir, M. Rafic Hariri s’est trouvé confronté à des contradicteurs de poids. Il a eu successivement, alternativement et parfois simultanément maille à partir avec des dirigeants, avec des services, avec des leaderships divers et avec des partis. Dont, en tout dernier lieu, le Hezbollah. C’est...