FESTIVAL - Conte et monodrame demain au Monnot - Jalal Khoury raconte la Bhagavad-Gita

Parmi les six conteurs qui participent cette année au IIe Festival du conte et du monodrame organisé par la Maison des cultures du monde (Paris) au Théâtre Monnot : Jalal Khoury, auteur, metteur en scène et comédien. Il contera la Bhagavad-Gita qui est l’épisode central de la célèbre Mhabharata. Pour sa première expérience dans cette discipline, Jalal Khoury se dit «très enthousiaste et heureux, comme un débutant», qui a aussi le trac. Entretien. Mais qu’est-ce qui a mené Jalal Khoury au conte ? «C’est une longue histoire de complicité avec mon ami Chérif Khaznadar qui dirige la Maison des cultures du monde et qui a transporté le Festival du conte au Liban pour des raisons affectives je crois, répond-il. Nous sommes tous les deux montés pour la première fois sur scène à Beyrouth, à l’École des Lettres, il y a une quarantaine d’années. Nous avions joué les deux “lascars” d’“En attendant Godot”». Depuis est née entre eux une grande amitié qui n’a jamais failli. «Même si on ne se rencontre pas très souvent et qu’il s’est passé des années pendant la guerre où nous n’étions plus en contact, mais il y a quand même une espèce d’évolution parallèle où nous nous retrouvons». À leur dernière rencontre l’an dernier à Beyrouth lors du premier Festival du conte et du monodrame, Khaznadar entend Jalal Khoury parler de la Gita. Lui qui connaît les talents de son ami – qui, à l’occasion de soirées multiples, racontait des aventures et péripéties qu’ils avaient vécues dans les années 60, au théâtre et ailleurs – lui propose d’intervenir pour la deuxième édition du festival et de conter cette Gita dont il parlait. «J’avais dit oui, pensant que cela resterait sans lendemain, se souvient Jalal Khoury. Mais Khaznadar est revenu à la charge et nous avons décidé que je conterai un dialogue philosophique qui pose les fondements du yoga et qui est l’épisode central d’une immense épopée du patrimoine humain et qui est la mahabharata». Jalal Khoury s’embarque donc dans ce défi qu’il avait accepté «par manque de prudence», dit-il dans un sourire. La Mahabharata est composée de 100 000 diptyques, et la Gita de 700, répartis en 13 chapitres. C’est l’histoire d’un combat qui a eu lieu dans des temps mythiques où interviennent des hommes, des dieux, des titans. «La magie côtoie le réalisme dans cette guerre entre des cousins, voulue par les dieux qui voulaient en fait régler un problème de surpeuplement de la terre», précise Khoury, notant l’actualité de l’histoire. C’est en français que sera contée la Gita, qui frise le monodrame. «Je n’ai pas fait d’adaptation. J’ai pris des points nodaux que j’ai retraités comme un conte, de manière vivante». Par ailleurs, il lui a fallu beaucoup travailler sa mémoire pour les nombreux noms à retenir, et faire des recherches quant à la prononciation de certains mots. Le texte de la Gita est ardu, et Khoury va devoir jouer le rôle d’un conteur «un petit tricheur» qui introduit trois dimensions étrangères, celles de comédien, de dramaturge et d’enseignant qui a une démarche plus ou moins intellectuelle. «Je n’interpréterai pas la Gita mais utiliserai mon expérience de comédien pour capter l’auditoire». «Je viens donc comme un étranger à cette discipline, dans l’espoir d’apporter quelque chose de minime». Citant Georges Naccache qui disait : «Par les erreurs qu’ils commettent, les débutants provoquent en fait les apports», il ajoute : «J’espère que je commettrai suffisamment d’erreurs. Je constitue la partie “expérimentale” – mais pas du tout abstraite – de ce festival. En constituant les quelques virgules musicales que je vais utiliser, j’espère pouvoir apporter un plus, même un plus défaillant, à cette discipline». Pour la durée de son intervention, Jalal Khoury souligne que «tout dépendra de l’inspiration du moment, qui est tributaire de l’assistance et des réactions du public. C’est à chaque fois un moment unique qu’on ne peut jamais retrouver». N.S. • Jalal Khoury participera également au «Concours des menteurs» qui viendra clore le festival, dimanche 25 à 20h30. Ce happening collectif improvisé réunira les six participants au IIe festival ainsi que d’autres conteurs.