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Actualités - ANALYSES

Les tergiversations officielles indisposent même des ministres

On n’en est pas à une contradiction près : la grogne contre la passivité du pouvoir au Sud s’étend maintenant aux cercles officiels eux-mêmes ! Ainsi, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour ne fâcher personne et préserver un peu la cohésion gouvernementale, un ministre juge qu’il est «grand temps de nous prononcer, en tant qu’État. Ou bien nous choisissons la voie de la résistance active, pour récupérer Chebaa et les prisonniers libanais d’Israël. Ou bien nous optons pour les voies diplomatiques et la négociation». Et de relever que «tout soutien à l’action militaire doit être d’ordre national, si l’on veut éviter de dangereuses conséquences sur le plan intérieur. C’est-à-dire que le recours au fusil de la résistance doit être approuvé par une très nette majorité populaire. Car c’est le pays tout entier qui aurait à subir les pertes en vies humaines, les blessés et les destructions notamment au niveau de l’infrastructure que causeraient les ripostes israéliennes. Il est certain qu’une décision de confrontation armée qui ne serait pas soutenue par un consensus libanais général serait vouée à l’échec et provoquerait finalement beaucoup plus de mal que de bien. C’est l’unité de nos rangs, ne l’oublions pas, qui a permis la libération du Sud et de la Békaa-Ouest occupés». Ce membre du cabinet évoque ensuite le grand sujet tabou, le partage des responsabilités, en soulignant que l’option militaire «nécessite avant tout une coordination serrée avec la Syrie. Afin que les opérations du Hezbollah ne se fassent pas dans le dos des autorités libanaises. Ni le pouvoir ni la formation citée ne peuvent assumer séparément les retombées de telles actions. Il faut donc, le cas échéant, qu’il y ait coordination entre eux, avec le concours de la Syrie». «Du reste, poursuit ce ministre, nous sommes tenus d’abord de faire reconnaître définitivement notre souveraineté sur la région de Chebaa. Afin que nos sacrifices éventuels pour la récupération de ce territoire en vaillent la chandelle». Autrement dit, pourquoi supporter des frappes israéliennes si en fin de compte Chebaa devait aller à la Syrie. Rappelons à ce propos l’intervention du député Boutros Harb qui, dans une question parlementaire, invite les gouvernements libanais et syrien à officialiser par une proclamation commune le tracé de leurs frontières respectives, pour bien inclure Chebaa dans le territoire libanais sur le plan légal. Une suggestion que soutient un autre député de poids, M. Nassib Lahoud. Sur ce point aussi, le ministre cité pense que «le pouvoir doit agir. La zone de Chebaa est placée sous la juridiction de la 242. Ce qui signifie qu’aux yeux de la légalité internationale, elle appartient à la Syrie. Pour avoir le droit de la récupérer, en la transférant à la 425, le Liban est impérativement tenu de prouver, en base d’une signature syrienne officielle, que cette région lui appartient. Sans quoi il n’aurait pas le droit de demander sa restitution par la voie diplomatique ; et encore moins celui de la reprendre par la résistance armée». Le ministre relève ensuite qu’au stade de flou actuel «le Liban ne peut pas prendre seul une décision par rapport à Chebaa. Il lui faut en référer à la Syrie qui est aussi concernée que lui. D’ailleurs le jumelage des deux volets implique de toute évidence que Damas et Beyrouth choisissent ensemble s’il faut résister par les armes ou négocier». Une manière d’indiquer que les conséquences de tout choix sont soumises aux règles et aux retombées de la responsabilité commune. D’ailleurs, la personnalité citée précise clairement que «l’option de résistance une fois arrêtée doit englober aussi bien la partie syrienne de l’enclave en question que le côté libanais. En cas d’option diplomatique, également prise de concert, la Résistance devrait s’effacer». Ce qui ne semble pas possible si la Syrie ne l’exige pas. Le ministre conclut en affirmant, en toute simplicité, qu’en cas de décision de confrontation , «le Liban, ainsi fixé sur son sort, aurait à adopter une économie de guerre». Et cesser de rêver à ce redressement pour lequel le présent cabinet a été formé.
On n’en est pas à une contradiction près : la grogne contre la passivité du pouvoir au Sud s’étend maintenant aux cercles officiels eux-mêmes ! Ainsi, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour ne fâcher personne et préserver un peu la cohésion gouvernementale, un ministre juge qu’il est «grand temps de nous prononcer, en tant qu’État. Ou bien nous choisissons...