(S’)investir en Palestine...

Hassan Nasrallah défend l’économie comme un loup défendrait une bergerie. Avec la même bonne foi. Il soutient mordicus que l’Administration américaine mobilise ses forces dans le monde entier pour empêcher les innombrables investisseurs de se précipiter au Liban, alors que le Premier ministre Hariri s’évertue à les attirer par tous les moyens possibles et imaginables, baissant les taxes douanières au risque de tarir définitivement les maigres ressources du Trésor ; alors que les jeunes Libanais prennent le chemin de l’émigration par milliers. Qui donc investirait aujourd’hui dans ce pays qui jouit de toutes les caractéristiques d’un volcan en ébullition ? Un masochiste ou peut-être un homme d’affaires peu avisé aux tendances suicidaires. Les jeunes militants du Hezbollah lançaient dimanche à la frontière avec l’État hébreu des ballons sur lesquels sont dessinés des slogans anti-israéliens comme «Jérusalem, nous arrivons». En guise d’investissements, les Libanais se sentent donc aujourd’hui investis d’une mission sacrée : libérer la Palestine (les fermes de Chebaa n’étant qu’une escale), et défendre la cause de tous les opprimés de la planète. Hassan Nasrallah devra sans doute excuser certains Libanais, qui n’ont aucun sens de l’honneur, de faillir à cette noble tâche : ils ont une famille à nourrir.