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Actualités - CHRONOLOGIES

Le Hezbollah attaque les fermes de Chebaa : un soldat israélien tué et deux blessés - Sharon placé devant le risque d’une escalade régionale

L’attaque du Hezbollah hier contre un convoi militaire israélien, en accroissant la possibilité d’une riposte israélienne contre le parti intégriste et surtout les pays le soutenant, notamment la Syrie, place l’État hébreu et son prochain Premier ministre, Ariel Sharon, devant le risque d’une escalade régionale. Un soldat israélien a été tué et deux légèrement blessés lorsqu’un missile antichar a été tiré contre une patrouille militaire dans la région des fermes de Chebaa, selon des sources militaires israéliennes, qui ont ajouté que l’État juif tenait le Liban et la Syrie pour responsables. Il s’agit de la première action du Hezbollah contre Israël depuis l’élection triomphale de M. Sharon, le chef de la droite nationaliste, le 6 février. Deux bombes ont explosé à 12h30 et des obus de mortier ont été tirés en direction d’une patrouille israélienne, ont pour leur part indiqué des sources des services de sécurité libanais, affirmant qu’une Jeep militaire de type Hummer avait été détruite. Le Hezbollah a revendiqué cette attaque dans un communiqué de presse précisant qu’un véhicule israélien avait été atteint de plein fouet et que ses occupants avaient été «tués ou blessés». L’armée israélienne a riposté en tirant une soixantaine d’obus de char sur les environs des villages libanais de Kfarchouba, de Majidiyé, d’Abbassiyé et de Mari, proches des fermes de Chebaa, sans faire de victime, selon la police libanaise. Dans le même temps, des hélicoptères israéliens ont survolé la frontière dans cette zone mais n’ont pas effectué de tirs, ont ajouté les mêmes sources. Le Hezbollah a indiqué avoir mené cette opération à l’«occasion de la semaine d’hommage aux martyrs de la Résistance islamique libanaise». Cette attaque survient dans une période de transition en Israël, qui est encore dirigé par le gouvernement sortant du travailliste Ehud Barak, puisque M. Sharon n’a pas encore formé son gouvernement, qui sera un cabinet d’union nationale avec, selon toute vraisemblance, M. Barak à la Défense. L’attaque constitue cependant, de toute évidence, un défi à M. Sharon, qui a été élu sur la promesse de rétablir la sécurité pour les Israéliens, que ce soit dans les faubourgs de Jérusalem ou à la frontière nord. La question est de savoir comment M. Sharon et, dans l’immédiat, M. Barak réagiront à ce nouveau camouflet du Hezbollah. Ces derniers mois, les responsables militaires israéliens ont ouvertement évoqué le risque d’un conflit régional en raison de ce qu’ils estiment être le refus du président syrien Bachar el-Assad de museler le parti intégriste. Les dirigeants israéliens estiment que M. Assad, contrairement à son père Hafez, décédé le 10 juin 2000, joue avec le feu. «Il ne comprend pas les implications dangereuses de sa politique», affirmait ainsi à la fin de l’an dernier un haut responsable militaire israélien. «D’une certaine manière, nous pourrions, nous et les Syriens, nous retrouver dans une guerre dont personne ne veut», avait-il poursuivi, ajoutant que «le risque d’une confrontation régionale n’a jamais été aussi important depuis la guerre du Golfe» de 1991. Les observateurs estiment que M. Sharon, attendu au tournant en raison de la réputation de fauteur de guerre qu’il a acquise durant sa carrière, fera sans doute preuve de la plus grande prudence afin d’éviter de tomber dans le piège de la provocation. D’autant que le Hezbollah détient depuis octobre quatre otages israéliens, dont trois soldats. Mais à l’inverse, le fait que M. Barak ait accepté de participer à un gouvernement d’union nationale qui comprendra sans doute 7 ministres travaillistes, dont Shimon Peres aux Affaires étrangères, donne les coudées plus franches à M. Sharon pour décider d’une éventuelle réplique militaire, puisque son gouvernement disposera d’un soutien très large dans le pays et à la Knesset. Pour un analyste israélien, Gerald Steinberg, professeur à l’Université Bar Ilan, près de Tel-Aviv, la seule inconnue est de savoir combien de temps il faudra à Israël pour lancer «une riposte majeure». «Ce ne sera pas le type de réplique que nous avons vue ces dernières années», c’est-à-dire des bombardements contre les infrastructures du Liban, déclare-t-il à l’AFP. «Quand elle se produira, il s’agira d’une réplique beaucoup plus sérieuse», assure-t-il. À Beyrouth, un diplomate européen a estimé que l’attaque du Hezbollah était «évidemment un défi à Israël». «Cette affaire est lourde de sens, même si le risque est calculé», a-t-il ajouté sous couvert d’anonymat. «Israël, note ce diplomate, était partagé, lors du retrait du Liban-Sud, entre le soulagement de savoir que ses jeunes conscrits ne seraient plus exposés aux dangers d’une garnison au Liban-Sud et l’amertume d’un revers face à des islamistes radicaux». «Comment, même si l’opération est ponctuelle et localisée, Israël va réagir cette fois à la mort d’un de ses soldats ?», se demande ce diplomate. «C’est un test pour M. Sharon, en plein milieu de ses consultations en vue de former avec les travaillistes un gouvernement d’union nationale», a-t-il noté. Lors de la dernière attaque du Hezbollah à l’engin piégé, qui avait également fait un mort le 26 novembre, Ehud Barak, alors Premier ministre, avait porté plainte auprès de l’Onu mais n’avait pas déclenché de représailles. À quelques jours de la tournée que le nouveau secrétaire d’État américain Colin Powell doit effectuer au Proche-Orient, notamment à Damas, un autre diplomate occidental s’est inquiété des risques d’élargissement du conflit à la Syrie. M. Barak lui-même avait plusieurs fois menacé la Syrie de représailles directes si les attaques du Hezbollah persistaient, estimant que Damas en était le véritable parrain. «On peut craindre que M. Sharon, qui avait en son temps critiqué la prudence de M. Barak, ne réagisse plus brutalement», a-t-il indiqué sous couvert d’anonymat.
L’attaque du Hezbollah hier contre un convoi militaire israélien, en accroissant la possibilité d’une riposte israélienne contre le parti intégriste et surtout les pays le soutenant, notamment la Syrie, place l’État hébreu et son prochain Premier ministre, Ariel Sharon, devant le risque d’une escalade régionale. Un soldat israélien a été tué et deux légèrement...