Professions libérales - Atteinte à la dignité des membres du barreau - Les avocats de Beyrouth boycottent le tribunal militaire

Les avocats du barreau de Beyrouth ont boycotté hier les audiences du tribunal militaire, à l’appel de l’Ordre, pour protester contre «l’atteinte à leur dignité». L’Ordre des avocats de la capitale a indiqué dans un communiqué que cette action intervenait à la suite «d’accusations proférées par la présidence du tribunal portant atteinte à la dignité des avocats et aux règles de la procédure». «L’incident s’est produit vendredi au siège du tribunal militaire», ajoute le communiqué, sans autre précision. De source informée, on avance que des propos jugés offensants envers les avocats ont été tenus par la présidence du tribunal militaire, lors du procès d’un ancien milicien de l’ALS. Le tribunal a reporté aux mois d’avril et de mai le jugement de 27 accusés qui ont refusé d’être représentés par des avocats militaires commis d’office. Deux autres accusés ayant accepté cette condition ont été condamnés à six mois de prison pour s’être enrôlés dans l’Armée du Liban-Sud (ALS), alliée d’Israël. Le tribunal a par ailleurs jugé 15 personnes accusées de s’être rendues en Israël, un «territoire ennemi», les personnes soupçonnées de délit étant défendues automatiquement par des avocats militaires désignés d’office. Un suspect a été jugé non coupable, un second a été relâché en raison de la prescription et les treize autres ont été condamnés à des peines de trois semaines de prison ou des amendes atteignant 533 dollars. Ces nouvelles décisions portent à 2 385 le nombre de jugements prononcés depuis le 5 juin, date du début des procès de plus de 2 500 Libanais accusés de collaboration avec Israël lors de l’occupation du Liban-Sud qui a pris fin en mai 2000. Jusqu’à présent, 11 personnes ont été condamnées à mort et trois autres à perpétuité, toutes par contumace. À Tripoli Les avocats du barreau de Tripoli ont observé eux aussi hier un jour de grève, à l’appel de leur Ordre, pour protester contre l’agression dirigée contre l’un d’entre eux, Me Ahmed Taleb. Ce dernier avait été blessé de trois coups de feu tirés par un individu, Amine Bayan, auquel l’opposait un «différend d’ordre professionnel». L’agresseur avait été rapidement arrêté. Par ailleurs, l’Ordre de Tripoli s’est solidarisé avec la journée de grève observée à Beyrouth.