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Actualités - CHRONOLOGIES

JUSTICE - Un ancien député échappe de justesse à une convocation manu militari - Murr suspend l’exécution d’un mandat d’amener - à l’encontre de Najah Wakim

La crise a été évitée de justesse, mais l’alerte a été chaude. Mardi dernier, alors que le président du Conseil se trouvait à Tokyo, un papier en apparence anodin a atterri sur le bureau du ministre de l’Intérieur Élias Murr. Il s’agissait d’un mandat d’amener à l’encontre de l’ancien député Najah Wakim que le ministre de la Justice Samir el-Jisr avait déjà signé. Le mandat d’amener ne pouvait être exécuté sans l’approbation du ministre de l’Intérieur d’autant que ce sont les agents de l’ordre qui devaient se rendre au domicile de Wakim pour le notifier. Murr a choisi de suspendre l’exécution, désamorçant ainsi ce qui aurait pu devenir une nouvelle affaire politique. Un petit rappel des faits s’impose. M. Bahige Tabbarah, lorsqu’il était ministre de la Justice, avait intenté un procès en diffamation à M. Wakim, alors député, parce que ce dernier l’avait mis en cause, ainsi que son épouse, dans ce qu’il considérait comme des affaires de corruption au ministère de la Justice. Ce procès avait à l’époque provoqué une vive polémique sur la possibilité d’engager des poursuites judiciaires contre un député et sur l’étendue de l’immunité dont bénéficie ce dernier. Les lenteurs des procédures judiciaires facilitant les choses, le procès a été de report en report et le dossier a été finalement réactivé ces derniers temps, le parquet ayant émis un mandat d’amener à l’encontre de l’ancien député. Le mandat d’amener n’est pas une arrestation, c’est une «convocation musclée» (manu militari) effectuée par les forces de l’ordre au domicile de la personne concernée. Généralement, il doit être précédé d’une simple notification effectuée par l’huissier, et si l’accusé n’y répond pas, le parquet a recours au mandat d’amener. Dans ce cas précis, Wakim avait été notifié à plusieurs reprises de devoir se présenter devant le juge, mais profitant de sa qualité de député, il avait refusé d’obtempérer. La semaine dernière, le parquet a décidé d’émettre un mandat d’amener et comme le parquet relève du ministre de la Justice, il avait besoin de l’approbation de celui-ci. Trop de papiers sur le bureau du ministre Des sources proches de M. Jisr ont laissé entendre que le ministre qui a perdu récemment son père a dû s’absenter quelques jours et les papiers et autres formalités se sont accumulés sur son bureau. Pour rattraper le retard, il les aurait signés sans trop approfondir leur contenu et c’est ainsi que le mandat d’amener à l’encontre de Wakim est arrivé sur le bureau du ministre de l’Intérieur pour être exécuté. M. Wakim a bien sûr une autre version des faits. Selon lui, le ministre de la Justice aurait signé le mandat en toute connaissance de cause, à la demande du président du Conseil Rafic Hariri, soucieux de créer une crise politique afin de détourner l’attention des citoyens de la crise économique qui, toujours selon Wakim, va grandissant et mène le pays au bord du gouffre. Avec le calme qui le caractérise, le ministre de l’Intérieur Élias Murr apporte toutefois d’autres précisions. Il affirme avoir décidé de son propre chef de suspendre l’exécution de ce mandat d’arrêt pour éviter justement au pays une nouvelle crise politique, susceptible d’envenimer encore plus un climat déjà suffisamment malsain. Murr ajoute aussi avoir reçu un coup de fil du président du Conseil, qui se trouvait encore à Tokyo. Hariri lui aurait demandé ce qu’il avait fait du mandat d’amener et lorsque Murr lui a répondu qu’il en avait suspendu l’exécution, Hariri l’aurait félicité d’avoir agi avec sagesse, avec pour principal souci de calmer les esprits et d’éviter les secousses. Wakim n’en démord pas M. Wakim continue toutefois à camper sur ses positions, estimant que l’affaire était très grave et que la décision de suspendre l’exécution du mandat d’arrêt a été prise à très haut niveau. Il ajoute que, de toute façon, les intimidations ne l’effraient pas et qu’il s’attend à tout parce que la situation économique est catastrophique et qu’il faut à tout prix empêcher les citoyens de s’en rendre compte. Pour l’instant, le dossier a donc été mis en veilleuse et le ministre de l’Intérieur ainsi d’ailleurs que toute l’équipe gouvernementale ont bien d’autres affaires urgentes à régler. Élias Murr veut en tout cas rester en dehors des polémiques politiques, réservant son énergie à mettre en chantier les nombreux projets qu’il a échafaudés pour son ministère. Il ne veut pas être entraîné dans des conflits inutiles qui n’aboutiraient qu’à entraver son action au ministère. C’est dans cet esprit qu’il a envoyé des agents de l’ordre assurer la sécurité de la rencontre de Bteghrine chez l’ancien secrétaire général du PCL, Georges Haoui, tout comme il l’avait fait pour la manifestation «non autorisée» des étudiants. Dans ce contexte, l’affaire Wakim n’est pour lui qu’un détail. Qui pourrait toutefois avoir son importance…
La crise a été évitée de justesse, mais l’alerte a été chaude. Mardi dernier, alors que le président du Conseil se trouvait à Tokyo, un papier en apparence anodin a atterri sur le bureau du ministre de l’Intérieur Élias Murr. Il s’agissait d’un mandat d’amener à l’encontre de l’ancien député Najah Wakim que le ministre de la Justice Samir el-Jisr avait déjà...