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Actualités - ANALYSES

Beyrouth-Damas - La déclaration du président syrien sonne le glas de l’initiative Boutros - Assad a tranché la question du redéploiement

Une source spirituelle estime que la récente déclaration du président syrien Bachar el-Assad, qui a assuré que l’armée syrienne demeurera au Liban jusqu’à l’instauration de la paix régionale et que le maintien de cette présence relève uniquement des gouvernements libanais et syrien, est venue sonner le glas de l’initiative de l’ancien ministre Fouad Boutros. Cette déclaration met également un point final à la polémique qui a fait rage autour de la présence syrienne, spécialement après l’arrivée au pouvoir d’Ariel Sharon en Israël. Elle a aussi coupé l’herbe sous le pied du cardinal Sfeir au cas où ce dernier voudrait soulever cette question lors de ses prochaines rencontres avec les hauts responsables américains durant sa visite aux États-Unis. Surtout que le président Lahoud a déjà confirmé la nécessité de la présence syrienne jusqu’à l’instauration de la paix régionale. La même source ajoute que les propos du président Assad rappellent ceux tenus en privé par le cardinal Sfeir, qui n’exclut pas que l’armée syrienne soit entrée au Liban pour n’en plus sortir. Ils rappellent aussi les propos du vice-président syrien Abdel-Halim Khaddam, qui avait déclaré que les forces syriennes étaient entrées au Liban sans aucune autorisation et s’en retireront de la même manière. En fait, dès le début des rencontres de Taëf, la Syrie avait refusé de préciser la durée de la présence de son armée au Liban quand la commission arabe tripartite avait proposé une période de six mois et exigé, à la place, un texte laissant la décision du retrait aux seuls gouvernements libanais et syrien. La Syrie prévoyait alors, à juste titre d’ailleurs, que du fait même de sa présence militaire au Liban, elle pourrait amener au pouvoir une autorité libanaise qui lui serait suffisamment inféodée pour ne soulever la question du retrait qu’avec son autorisation. Quand l’accord de Taëf avait fixé un délai limite de deux ans pour un repositionnement syrien dans la Békaa, la Syrie avait exigé de lier une telle opération à la décision des gouvernements libanais et syrien. Les deux ans initialement prévus se sont largement écoulés et le repositionnement attend toujours la décision des deux gouvernements. Et pourtant, tous les présidents américains qui se sont succédé à la Maison-Blanche depuis près d’un quart de siècle n’ont jamais cessé de proclamer leur attachement à l’intégrité, l’indépendance et la souveraineté du Liban. Hier encore, George W. Bush assurait cet attachement à son homologue libanais sans qu’aucun acte ne vienne traduire ces vœux pieux sur le terrain. À moins, toutefois, que Washington n’estime que la présence d’une armée étrangère sur le territoire libanais ne constitue pas une atteinte aux principes d’indépendance, de souveraineté et d’intégrité territoriale qu’il prône. La même source estime donc que les forces syriennes ne sont pas entrées au Liban à la demande d’une faction libanaise quelconque ou même du pouvoir, mais uniquement à la suite d’un consensus régional et international, et qu’elles n’en sortiront que par un nouveau consensus et non à une demande émanant de factions libanaises ou du pouvoir libanais. À titre d’exemple, la source rappelle que la Syrie n’a jamais donné suite aux demandes de retrait formulées par le pouvoir libanais, successivement représenté à l’époque par les présidents Élias Sarkis et Amine Gemayel et le général Michel Aoun qui était alors chef d’un gouvernement de militaires. Le prétexte invoqué était que les trois hommes ne représentaient pas l’ensemble du peuple libanais, qui devait lui-même demander le rappel des troupes de Damas. Reste à savoir si le cardinal Sfeir soulèvera le sujet avec les responsables américains après la déclaration du président syrien sur le maintien de ses troupes au Liban avec l’aval de son homologue libanais Émile Lahoud. Des sources proches de Bkerké affirment que le patriarche Sfeir informera les responsables américains de la situation au Liban et des véritables raisons de la demande de repositionnement, en prélude à un retrait total, conformément à l’accord de Taëf qui avait été parrainé par les États-Unis eux-mêmes et appuyé par le Conseil de sécurité des Nations unies. Selon les mêmes sources, Mgr Sfeir assurera à ses interlocuteurs qu’un pays ne peut être indépendant alors qu’une armée étrangère demeure présente sur son sol depuis près d’un quart de siècle, surtout si les motifs qui justifiaient cette présence ont disparu depuis. Les responsables américains pourraient répondre au patriarche que les Libanais devraient s’entendre entre eux, car seule une position unifiée pourrait leur permettre de résoudre leurs problèmes et que la persistance de leurs différends ne peut aboutir qu’à prolonger indéfiniment la tutelle sous laquelle ils se trouvent maintenus. Mais la source spirituelle estime qu’aucun peuple n’est unanime sur un sujet donné, surtout s’il est soumis à une tutelle étrangère dont il doit exécuter les directives. Tout comme la France devait être sauvée en dépit de sa division entre gaullistes et vichystes lors de la dernière guerre mondiale, ajoute la même source, certains Libanais sont favorables à la présence syrienne alors que d’autres la rejettent. Même l’accord de Taëf, qui est devenu la Constitution du pays, n’a pas réussi à faire l’unanimité des Libanais. Le peuple libanais tout entier souhaite recouvrer l’indépendance et la libre décision de son pays et toute partie capable de réaliser ce vœu est la bienvenue.
Une source spirituelle estime que la récente déclaration du président syrien Bachar el-Assad, qui a assuré que l’armée syrienne demeurera au Liban jusqu’à l’instauration de la paix régionale et que le maintien de cette présence relève uniquement des gouvernements libanais et syrien, est venue sonner le glas de l’initiative de l’ancien ministre Fouad Boutros. Cette...