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Actualités - CHRONOLOGIES

CORRESPONDANCE - La poupée de la grande dépression - fait recette

WASHINGTON-Irène MOSALLI «Barbie ? Connais pas. Elle est grande, blonde, jambes interminables ? Non je ne vois pas. Elle n’est pas de mon temps». C’est ce que peut dire Kit Kittredge, la nouvelle venue dans le monde des poupées. Et elle vient de loin avec ses chaussures plates à barrette, sa jupe fleurie à plis, son twin-set austère, son petit sac et son chapeau. Son identité ? Celle d’une petite fille de la période de la Grande Dépression. Que vient-elle faire en 2001, une année où règne Barbie et autres représentations hollywoodiennes ? Elle vient rappeler aux enfants, précise la firme qui la produit (une branche de celle qui a crée Barbie), que le rose, malgré tout le progrès, n’est pas toujours la couleur de la vie. Kit Kittredge, qui émerge avec assurance dans les magasins de jouets parmi une légion de consœurs clinquantes et scintillantes, transporte dans sa petite mallette un message et une leçon d’histoire. Du haut de ses 45 centimètres, Kit a conquis ses fans. D’abord parce qu’elle tranche nettement avec leur monde ludique, hautement informatisé et sophistiqué. Elle serait l’antidote à ces temps de surabondance où on se lasse de tout très vite, de même qu’elle est le lien symbolique avec un passé qui s’éloigne de plus en plus des esprits. Une leçon d’histoire et de courage Ses créateurs ont voulu donner aux parents l’occasion d’amorcer avec leurs enfants une conversation autour du fait que la prospérité peut être éphémère et qu’il faut être capable d’affronter des lendemains moins joyeux. Ces mêmes créateurs n’ignoraient pas qu’ils pouvaient également rebuter leur jeune cliente mais ils savent aussi que les petites filles âgées de 7 à 10 ans vivant dans le confort sont fascinées par la vie à la dure. Donc une bonne occasion pour leur rappeler celle vécue par leurs ancêtres, au siècle dernier. Pour le Dr Michael Marsden, doyen de la faculté des affaires académiques de l’Université du Kentucky, «ces temps de grandes souffrances qu’ont endurés nos parents et nos grands-parents et leurs efforts pour survivre sont devenus synonyme d’héroïsme». Kit en donne l’exemple à travers la série d’historiettes qui font partie de sa panoplie. On apprend ainsi qu’elle économisait «penny» après «penny» pour aider ses parents et qu’elle s’était portée volontaire dans une cuisine de soupe populaire. L’histoire, qui la place en 1932, dit aussi que son père avait perdu son emploi, comme beaucoup d’autres personnes à cette époque de récession. Pour survivre, sa mère avait transformé la maison en pension de famille. Pas étonnant que les mamans modernes n’hésitent pas à payer de très bon cœur le prix quelque peu élevé de Kit : 84 dollars. Dans leur esprit, cet argent est au moins investi dans un objet riche en crédibilité et en bon exemple. Au lieu d’être dépensé en ces inutiles babioles en plastique faisant partie de la culture du «jetable». L’enfant assimile une tranche de son histoire de même qu’elle découvre le sens du courage, de la responsabilité, de l’imagination et de la créativité. Une manière de l’habituer à trouver des solutions lorsqu’une difficulté se présente. D’après les sondages, les petites filles se plongent avec délice dans l’univers de Kit, qui leur paraît exotique tant il semble à mille lieux de leur environnement actuel. Elles découvrent, entre autres, comment la préparation de la soupe de pomme de terre était un événement et comment on s’ingéniait à palier les manques, vu le maigre revenu, en rembourrant de carton les vieilles chaussures faute de pouvoir les remplacer et en fabriquant des poupées avec des restes de chiffons et des boutons. Faute de pouvoir, comme aujourd’hui, courir à chaque instant dans les magasins de jouets, sis à tous les coins de rue.
WASHINGTON-Irène MOSALLI «Barbie ? Connais pas. Elle est grande, blonde, jambes interminables ? Non je ne vois pas. Elle n’est pas de mon temps». C’est ce que peut dire Kit Kittredge, la nouvelle venue dans le monde des poupées. Et elle vient de loin avec ses chaussures plates à barrette, sa jupe fleurie à plis, son twin-set austère, son petit sac et son chapeau. Son...