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Actualités - ANALYSES

Une médiation nécessaire, à cause même de la brume régionale

C’est avec une prudence remarquée que M. Fouad Boutros, maître incontesté de l’art diplomatique, traite le délicat dossier des relations libano-syriennes. Beaucoup de professionnels locaux estiment que ses efforts sont ipso facto court-circuités par les dangereux développements régionaux. Mais beaucoup d’autres sont d’avis qu’au contraire l’avènement d’Ariel Sharon doit porter le Liban et la Syrie à hâter la régulation de leurs rapports, pour mieux faire face ensemble au péril qui pointe à l’horizon. M. Boutros pour sa part souhaite, à l’évidence, qu’il y ait d’abord, indépendamment de toute considération d’actualité, un climat de confiance, d’ouverture et de bonnes intentions tant à l’intérieur qu’entre Libanais et Syriens. Mais en pratique, de lourdes questions restent en suspens : – Les idées du médiateur peuvent-elles se concilier avec celles que développe Damas ? Difficile à dire. Car dans un récent entretien avec le quotidien Al-Chark el-Awsat, le président Assad affirme que le retrait des forces syriennes de ce pays est lié à la paix civile intérieure ainsi qu’au processus régional. Voire même aux conditions qui prévaudraient après l’éventuelle conclusion d’une paix générale. M. Assad ajoute en outre que cette question n’est pas du ressort d’une quelconque instance libanaise, mais uniquement des deux États. Il répète qu’il ne traite qu’avec les officiels, sans s’arrêter aux manifestes ou déclarations qui réclament le retrait. Le chef de l’État syrien précise qu’il ne prend en compte que les réalités, les données sur le terrain en territoire libanais. Et qu’il se refuse à établir un lien entre sa volonté d’ouverture et le retrait de forces qui, d’ailleurs, n’étaient pas entrées dans un but d’enfermement pour que cette volonté d’ouverture entraîne automatiquement leur sortie. M. Assad indique encore, dans le même esprit restrictif, que le cas échéant un plan de retrait resterait secret. – Comment dès lors, dans quel sens concret, l’initiative de M. Boutros pourrait-elle évoluer ? On sait que pour Bkerké cette question de présence militaire est aussi importante que l’immixtionnisme. Le patriarche pense qu’en prélude à la régulation relationnelle comme au retrait total, il faut que s’opère enfin ce redéploiement sur la Békaa qui aurait dû intervenir, il y a neuf ans, selon Taëf. La présence militaire syrienne au Liban est désormais présentée par ses défenseurs, surtout après l’arrivée de Sharon, comme d’ordre stratégique bien plus que sécuritaire. Même en admettant une telle façon de voir, répondent les milieux de l’Est, il reste à définir plus nettement le rôle stratégique des forces syriennes, aux côtés de l’armée libanaise, dans ce pays. Comme c’est le cas, entre autres exemples, pour les forces américaines stationnées au Japon, en Allemagne, en Turquie ou ailleurs. Autrement dit, les forces syriennes n’auraient qu’une mission purement militaire, ni sécuritaire ni sociopolitique.
C’est avec une prudence remarquée que M. Fouad Boutros, maître incontesté de l’art diplomatique, traite le délicat dossier des relations libano-syriennes. Beaucoup de professionnels locaux estiment que ses efforts sont ipso facto court-circuités par les dangereux développements régionaux. Mais beaucoup d’autres sont d’avis qu’au contraire l’avènement d’Ariel...