Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

FRANCOPHONIE - Le Liban officiellement intronisé en clôture de la 15e - Conférence de N’Djamena - Ghassan Salamé : Un retour déterminé de Beyrouth au cœur de la

Ghassan Salamé peut être un homme heureux. Le ministre de la Culture a reçu hier, au nom du Liban, et au bout de deux journées-marathon de travaux, réunions et autres entretiens bilatéraux en tout genre, la présidence de la Conférence ministérielle de la francophonie (CMF), des mains du secrétaire d’État canadien à la Francophonie, Ronald Duhamel. Une passation des pouvoirs non seulement symbolique, mais aussi et surtout un tremplin assuré pour un retour certain, et que Beyrouth entend déterminé, du Liban sous les projecteurs de la scène politique internationale. Une passation de pouvoirs qui n’implique donc pas, même si cela commence à devenir aujourd’hui sous-entendu, l’indispensable nécessité pour le Liban de réussir sans aucun faux pas le IXe sommet des chefs d’État et de gouvernement francophones de Beyrouth, dans moins de neuf mois. N’est-ce pas, Ghassan Salamé ? «Absolument. Le Liban, à travers la francophonie, va sortir de sa torpeur diplomatique. Il y a la présidence du CMF – grâce à laquelle on servira d’intermédiaire entre deux pays membres qu’un litige opposerait, il y aura le sommet d’octobre, et tous ces entretiens bilatéraux que l’on multiplie – on a discuté, par exemple, pendant plus d’une heure avec le ministre suisse des Affaires étrangères... Bref, c’est un retour ferme et déterminé du Liban au cœur de la diplomatie internationale», a précisé le ministre de la Culture. Ce qu’il faut comprendre, c’est que tout cela dépassera largement le cadre strict de la francophonie institutionnelle, pour toucher au culturel bien sûr, à l’économique, et surtout, comme l’a souligné Ghassan Salamé à L’Orient-Le Jour, au politique. Des dossiers comme le processus de paix au Proche-Orient ont été parfois au centre de certains de ses entretiens bilatéraux, d’autres, comme lors de sa visite au président tchadien Idriss Déby, ont touché aux possibilités d’investissements d’industriels, de commerçants ou de banquiers libanais au Tchad – un pays-mine d’or où tout est à faire, un peu comme la région du Golfe il y a une cinquantaine d’années. De quoi réjouir les nombreuses personnes qui attendaient – ou espéraient – la nomination de Ghassan Salamé au portefeuille des Affaires étrangères... Le volet politique, surtout Bref, les travaux de la deuxième journée de la 15e Conférence interministérielle de N’Djamena se sont poursuivis hier jeudi dans la matinée, se consacrant à des sujets aussi divers que la préparation de la Conférence des ministres francophones de la Culture en juin au Bénin – dont Ghassan Salamé sera en principe le rapporteur et qui constituera, avec les Jeux de la francophonie en juillet à Ottawa-Hull, les deux grands événements importants de la francophonie avant octobre 2001 –, les questions financières, les dates et lieux de la 16e session de la CMF – octobre 2001, Beyrouth. Des discussions que sont venus entrecouper le discours du ministre de la Culture et la projection du film de présentation de Beyrouth, la ville-hôte du IXe sommet. «Cet événement revêt une très grande importance politique à nos yeux. C’est avant tout le premier sommet francophone qui se tient dans un pays arabe, dans un Proche-Orient agité par les conflits mais où le Liban ne cesse d’œuvrer pour une solution globale et juste. La paix passe nécessairement par le retrait israélien de tous les territoires arabes occupés, la satisfaction du droit inaliénable du peuple palestinien à un État ayant Jérusalem pour capitale, et le règlement juste et équitable du problème des réfugiés palestiniens assurant leur droit au retour et le refus de leur implantation au Liban. Le Liban continuera à œuvrer, avec l’appui des pays amis, pour que soit parachevé le retrait israélien de tout son territoire, y compris les fermes de Chebaa, la libération des Libanais injustement détenus dans les prisons israéliennes et le déminage des dizaines de milliers de mines plantées par Israël au Liban-Sud. Le Liban reste vigilant quant aux menaces de toute sorte qui pèsent sur le processus de paix et vous invite à reconnaître avec lui la nécessité de persévérer dans les efforts de mise en œuvre des principes du droit et l’application intégrale des résolutions de l’Onu relatives au Liban et au Moyen-Orient», a-t-il insisté, dans une volonté claire et affichée d’utiliser l’espace francophone, à bon escient, comme tremplin politique. Une réponse, selon lui, «aux dangers des replis identitaires et des situations conflictuelles. Le secrétaire général souhaite que la francophonie soit présente dans les grands débats internationaux, nous soutenons cet effort dans tous les domaines et œuvrerons pour le réaliser effectivement au sommet de Beyrouth», a promis Ghassan Salamé. Mais il a également mis l’accent sur la triple dimension économique, technologique et culturelle du sommet, rappelant que le Liban avait acquis, «pour en avoir chèrement payé le prix, une riche expérience en matière de diversité culturelle. Tant son histoire que sa structure économique et sa texture sociale témoignent, dans le cadre de son arabité, d’une longue tradition d’ouverture et d’échanges qui a favorisé l’émergence d’une culture une et plurielle», a souligné le locataire de Starco, faisant référence au thème (riche de promesses) du sommet d’octobre 2001 – le dialogue des cultures. Informant l’ensemble des délégations de toutes les manifestations qui rythmeront l’année de la francophonie au Liban, et remerciant certains pays francophones de leurs réponses «extrêmement favorables» aux demandes libanaises d’appuis financiers, il a conclu en espérant que le sommet d’octobre 2001 soit «une réussite à la fois pour le Liban et la francophonie». Et c’est effectivement un minimum. Contrat rempli Un des principaux événements marquants de cette deuxième journée de travaux qui s’est déroulée, comme la première, à huis clos, a été la décision de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF : une assemblée qui réunit quelques parlementaires de chaque pays membre – il est d’ailleurs grand temps que le Liban pense à y nommer un représentant et y remplacer ainsi Khatchig Babikian) de suspendre la participation du Rwanda et de la Côte d’Ivoire à la suite de violences signalées dans ces deux pays. Ces deux pays africains ayant évidemment appelé à la reconsidération de cette demande. Plus intéressant encore, la position du Vietnam, du Laos, du Burkina Faso et d’autres pays africains, par rapport à la déclaration de Bamako – symposium au cours duquel des engagements clairs avaient été pris dans les domaines de la démocratie et de ses pratiques, ainsi que des droits et des libertés dans l’espace francophone. Pour ces pays, la francophonie ne devrait pas tabler sur le volet politique de la francophonie, cela ferait double emploi, mais devrait plutôt se consacrer pleinement au volet économique. «À quoi sert la démocratie si les peuples meurent de faim», s’est demandé le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Youssouf Ouedraogo, en insistant sur la primordiale nécessité de favoriser, au sein de l’organisation francophone, la solidarité. Une conférence de presse commune a ensuite sanctionné cette 15e Conférence ministérielle de N’Djamena – conférence de presse à laquelle ont assisté, entourant le nouveau président en exercice de la CMF Ghassan Salamé, le secrétaire général de l’OIF Boutros Boutros-Ghali, l’administrateur général de l’agence Roger Dehaybe, le ministre tchadien des AE Mahamat Saleh Annadif et le président sortant le canadien Ronald Duhamel. Où l’on appris, entre autres, que les ministres ont chargé Boutros Boutros-Ghali de proposer des mécanismes de mise en œuvre de la déclaration de Bamako (démocratie, droits, libertés), en cas de crise. Dernière chose enfin : le Xe sommet de la francophonie aura lieu en 2003 à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Quant aux XIe et XIIe sommets, ils devraient en principe avoir lieu respectivement en 2005 à Bucarest en Roumanie, et en 2007 à Bruxelles ou à Namur en Belgique. Mais pour l’instant, tout le monde ne se soucie que du sommet de 2001, qui aura lieu dans un peu plus de huit mois. Et les enjeux, pour le Liban, de cette Conférence de N’Djamena – la passation des pouvoirs pour la présidence du CMF, la collecte de promesses d’aides en tout genre, l’affermissement des relations libano-africaines… – semblent tous avoir été remplis. Ghassan Salamé peut, effectivement, être un homme heureux. Il n’empêche, il est indispensable de rappeler, encore et toujours, à quel point octobre 2001, et tout ce qu’il y aura en amont et en aval, pourraient être l’odyssée de tous les possibles. N’Djamena laisse entrevoir de grandes possibilités et la condition de la réussite de cette véritable odyssée libanaise est simple : une mobilisation générale. Des Libanais «et» de tous leurs dirigeants.
Ghassan Salamé peut être un homme heureux. Le ministre de la Culture a reçu hier, au nom du Liban, et au bout de deux journées-marathon de travaux, réunions et autres entretiens bilatéraux en tout genre, la présidence de la Conférence ministérielle de la francophonie (CMF), des mains du secrétaire d’État canadien à la Francophonie, Ronald Duhamel. Une passation des...