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Actualités - OPINIONS

OPINION - Vivre Damour... et d’oseille fraîche

Dans une république bananière, on peut penser que les bananes ont de meilleures chances de survie que les oranges, les nèfles ou les olives. Il n’en est rien, elles sont toutes logées à la même enseigne puisqu’elles doivent disparaître avec les vergers de Tyr, Saïda, Damour, Jbeil et Qalamoun, convertis en complexes résidentiels : la loi de l’investisseur foncier est dure, mais c’est la loi. Si ces terrains se trouvent en bord de mer, alors surgiront des marinas, polluantes et exclusives ; la soif pour ces installations n’étant pas encore étanchée. Lorsque le responsable de l’urbanisme découvre que la majorité des biens-fonds d’une région appartient à un seul propriétaire, il se dit que les conditions pour discuter des mérites du plan directeur qu’il a établi sont enfin favorables puisqu’il n’y a pas foule d’interlocuteurs cette fois-ci. Convaincre celui-ci des avantages que des réserves naturelles agricoles boisées ou même incultes apportent à l’équilibre écologique ne devrait pas être trop difficile puisque, durant des décennies, si ce n’est des siècles, cet unique propriétaire fut le protecteur du cultivateur et le garant de l’intégrité des paysages qui s’étendent à l’infini et qui sont si propices à la méditation et à l’élévation de l’âme. Hélas, cette catégorie de propriétaires n’est plus ce qu’elle était. Celui d’aujourd’hui est moderne, mondialisé, un peu porté sur les bonnes affaires sans doute, mais se dit responsable. Au nom du «développement du tourisme», de «l’encouragement au retour des déplacés», de la «priorité à l’emploi pour l’habitant d’origine», il ne s’attaque pas, comme on pourrait s’y attendre, à la rénovation du village proprement dit, mais exige plutôt la suppression de la bananeraie, et avec elle un repère visuel, une constante du paysage que l’on croyait immuable. Pour le responsable de l’urbanisme, la tâche n’est pas facile. Il aurait suffi peut-être de lui donner un outil un peu plus efficace qu’une législation qui autorise chez nous la construction d’immeubles sur la moindre parcelle de terrain.
Dans une république bananière, on peut penser que les bananes ont de meilleures chances de survie que les oranges, les nèfles ou les olives. Il n’en est rien, elles sont toutes logées à la même enseigne puisqu’elles doivent disparaître avec les vergers de Tyr, Saïda, Damour, Jbeil et Qalamoun, convertis en complexes résidentiels : la loi de l’investisseur foncier est...