Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

THÉATRE - Une mise en scène dynamique, des comédiens au jeu plein d’aisance - « Littoral » de Wajdi Mouawad : - une épopée œdipienne contemporaine

Présentée au théâtre Monnot (rue de l’Université Saint-Joseph), en collaboration avec l’ambassade du Canada au Liban, Littoral, la pièce de Wajdi Mouawad, a ouvert, samedi dernier, en présence du ministre Ghassan Salamé, les festivités culturelles de l’année de la francophonie. Cette œuvre forte d’un jeune auteur-metteur en scène, libano-canadien, (que nous vous avions présenté dans l’édition du samedi 3 février 2001) est un spectacle d’une densité et d’un lyrisme rares. Une trame digne des tragédies antiques ; un texte aux accents «métissés», balançant entre puissantes tirades, humour détonnant et dérision marquée d’un zeste de grotesque ; une mise en scène dynamique ; des comédiens au jeu plein d’aisance...Tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette création une véritable «explosion» scénique ! L’histoire : au cours d’une nuit de plaisir, alors qu’il était en plein ébats, Wilfrid, la vingtaine, apprend la mort de son père. Ce père, qu’il n’a pas connu, l’a abandonné à sa naissance, tandis que sa mère mourait en couches. Voulant l’inhumer dans le caveau familial, Wilfrid se voit opposer un refus violent de ses tantes et oncles maternels. Wilfrid décide alors d’aller enterrer son père dans sa terre natale. Dès lors commence pour lui un périple initiatique, semé d’obstacles, mais aussi de rencontres... Dans ce pays lointain, dévasté par la guerre, aux cimetières surpeuplés, Wilfrid va se trouver réellement confronté à la mort. Bien plus qu’à la morgue, où il s’était rendu, récalcitrant, pour identifier le corps. Sur sa terre d’origine, le long de ce littoral, le jeune homme va, d’une part, plonger dans le passé du couple parental, et d’autre part, son chemin va croiser celui d’autres «orphelins» comme lui. Trois «fils» et deux «filles» en révolte contre les anciens. Ensemble, ils décident de partir «à la recherche d’une sépulture digne du père». Et ce parcours les mènera vers bien des révélations sur l’identité, la filiation, la vie, la mort et…la maturité. Foisonnement de séquences Quatre heures de représentations qui passent sans que le spectateur ne s’en rende compte, c’est là une gageure réussie grâce à la brièveté des séquences foisonnantes et à la vitalité de la mise en scène. Divisée en trois parties (deux entractes), la pièce commence sur un rythme très enlevé, très drôle, prend un ton plus grave, après la première entracte, pour retrouver un souffle d’intense émotion dans le volet final. L’ensemble est construit comme un film, avec un aller-retour constant entre passé et présent, rêve et narration. Et cet imaginaire débridé est équilibré par une scénographie des plus sobres. Juste un ballet de chaises que les personnages déplacent au gré des scènes et qui laisse la part belle au jeu – et à la gestuelle évoquant la danse contemporaine – des comédiens. Les neuf acteurs de la troupe «Ô Parleur», (fondée en 1991 par Wajdi Mouawad et Isabelle Leblanc) sont tellement naturels dans leurs rôles – mention spéciale pour Steve Laplante (Wilfrid) époustouflant de justesse – qu’ils embarquent les spectateurs avec eux dans ce périple initiatique, inspiré des mythes antiques. Car ce récit du passage d’un état vers un autre, de la traversée d’une culture vers une autre, en dépit de ses accents biographiques, reste avant tout une adaptation moderne des grands thèmes éternels. «“Littoral” – qui est cette ligne entre la terre et le ciel, la vie et la mort– est né de ce désir, de ce besoin de renommer ensemble nos peurs et de trouver, à nouveau, le plus petit dénominateur commun de notre humanité, pour pouvoir se retrouver les uns les autres et de trouver dans l’autre un sens à cette angoisse qui est notre lot à tous», explique Wajdi Mouawad. Qui rappelle par ailleurs que ce sont les héros de trois monuments de la littérature classique qui l’ont inspiré : L’Œdipe roi de Sophocle, Hamlet de Shakespeare et L’Idiot de Dostoïevski. «Tous les trois ont un rapport problématique avec le père. Le premier l’a tué, le second doit le venger et le troisième ne l’a pas connu. J’ai eu envie de les réunir dans une même aventure». Une initiative qui a donné vie à une œuvre remarquablement puissante et envoûtante. À ne pas rater. • Jusqu’au 11 février. Au théâtre Monnot, à 20h30.
Présentée au théâtre Monnot (rue de l’Université Saint-Joseph), en collaboration avec l’ambassade du Canada au Liban, Littoral, la pièce de Wajdi Mouawad, a ouvert, samedi dernier, en présence du ministre Ghassan Salamé, les festivités culturelles de l’année de la francophonie. Cette œuvre forte d’un jeune auteur-metteur en scène, libano-canadien, (que nous vous...