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Actualités - CHRONOLOGIES

Faits divers - Un écart entre deux cultures : l’Orient et l’Occident - Un Libanais tente de se jeter du quatrième étage de l’ambassade d’Italie

Riad Allaouyé a voulu se jeter hier midi de l’une des fenêtres du quatrième étage de l’ambassade d’Italie au centre-ville. La police l’en a empêché pour l’expulser un peu plus tard du bâtiment. En début de soirée, il était toujours devant l’entrée de l’ambassade : il observait, tout seul, un sit-in. Et il menaçait d’entamer une grève de la faim. Mais à la nuit tombée, la pluie et le froid de février l’ont découragé. L’histoire de Riad est commune. Presque banale. Elle a pour thème l’écart entre deux cultures : l’Orient et l’Occident. Des rencontres, des vies communes entre des hommes orientaux et des femmes occidentales, et des mariages mixtes qui tournent à l’aigre au bout de quelques années… Ces séparations passeraient inaperçues si le sort des enfants d’un couple mixte était fixé. Et pourtant avant de revendiquer le droit de revoir ses deux filles et ses deux fils (nés de mère italienne) «et de les élever selon les coutumes arabes et la religion musulmane», Riad, qui a obtenu la nationalité italienne en 1980, tient avant tout à «être traité comme sa femme, en véritable citoyen européen». Hier devant l’entrée de l’ambassade d’Italie, l’émigré libanais ne tenait pas un discours cohérent. Et pourtant, il a réussi à raconter tant bien que mal son histoire. Tout commence en 1974, quand Riad originaire de Maroun el-Ras et habitant Beyrouth décide de s’établir en Italie. C’est dans la région du lac de Côme qu’il travaille comme routier pour fonder ensuite sa propre entreprise de transport. Il se marie, devant le juge, à Silvana de nationalité italienne en février 1978. C’est au début des années quatre-vingts qu’il obtient la nationalité italienne. Au début de 1994, Riad s’installe aux Émirats arabes unis avec sa famille qui s’est agrandie de deux enfants Sarah (actuellement âgée de 21 ans) et Mohammed (qui a 14 ans maintenant). En 1999, alors que la famille compte deux enfants de plus (Karim âgé de 4 ans, et Mariam, un an et demi) Riad décide de rentrer au Liban «afin de vendre la maison de Beyrouth», affirme-t-il, en ajoutant cependant que «quand j’ai commencé à meubler mon appartement au Liban, ma femme qui était restée avec mes deux filles à Charjah a pris la fuite pour l’Italie». Et pourtant, son épouse rentre à Beyrouth un peu plus tard avec Mariam la benjamine. Elle garde Sarah l’aînée chez sa famille maternelle. Silvana, la citoyenne italienne qui s’est convertie à l’islam il y a sept ans, part ensuite, (en octobre dernier), avec ses trois enfants pour l’Italie pour ne plus revenir. Mais l’histoire n’est pas là. Elle est de loin plus longue, plus compliquée. L’honneur de la famille Il faut se pencher sur le cas de la fille aînée, par laquelle «le scandale est arrivé». Sarah, qui a voulu vivre sa vie, n’a pas «préservé l’honneur de sa famille, ni le sien», raconte son père. «Elle mettait des vêtements transparents et étriqués, elle allait où elle voulait sans que je le sache, et le comble de la honte, elle fréquentait des hommes», raconte Riad qui accuse également sa femme d’encourager les enfants à vivre «à l’occidentale». Et celui qui n’a pas réussi à garder son épouse et ses enfants européens à ses côtés de renchérir, «même mon fils était branché sur les sites pornographiques d’Internet, tout ceci va à l’encontre de la religion». Sarah que son père a battue parce qu’elle avait refusé de rentrer avec lui au Liban en 1999 a porté plainte contre Riad pour «viols répétés (de 1992 à 1999), violence domestique et séquestration». À partir de ce moment, la justice italienne émet un mandat d’arrêt contre l’émigré libanais qui vit depuis deux ans à Beyrouth. «Je suis recherché par la police italienne et par Interpol, depuis la plainte déposée par ma fille j’ai été arrêté à trois reprises et relâché ici au Liban», affirme-t-il. Tout en racontant son histoire, Riad nie toutes les accusations dont il fait l’objet. Il parle d’honneur souillé, de principes de l’islam, des enfants qui lui manquent cruellement et qu’il ne parvient plus à joindre, de l’épouse qu’il aimait et qui a usé de la ruse pour parvenir à ses fins et ce «en incitant ma fille à porter plainte et en jouant le jeu de l’innocente jusqu’au bout», de sa vie depuis 1975 en Italie, de sa citoyenneté européenne… Que veut-il exactement ? «Être traité en citoyen italien à part entière», dit-il. Et d’expliquer : «Je veux que le juge m’écoute tout comme il a prêté l’oreille à ma fille et à ma femme ; je suis aussi italien qu’elles». Pourquoi ne rentre-t-il donc pas à Côme ? «Je serai tout de suite emprisonné et jugé bien plus tard. Je refuse d’aller en taule, je veux juste prouver mon innocence et mener la vie que je menais auparavant en Italie», indique-t-il. Il semble qu’il désire également circuler librement avec son passeport italien. Or, depuis les accusations portées contre lui, il a uniquement le droit de partir pour l’Italie, où il devrait être jugé. Une source autorisée à l’ambassade d’Italie a indiqué à L’Orient-Le Jour que «Riad s’est entretenu hier durant quarante minutes avec l’ambassadeur d’Italie en présence d’un psychiatre, qui se trouvait par hasard dans le petit territoire italien du centre-ville de Beyrouth». «Riad a été conseillé, s’il tient à rentrer en Italie, de présenter une lettre et un dossier au juge, avant de quitter le territoire libanais ; ainsi il pourra bénéficier de circonstances atténuantes ou même de l’acquittement au moment du jugement», rapporte la même source. Riad est-il un homme brisé ou fou ? Est-il accusé d’inceste à tort ou à raison ? Une certitude : Riad est une des nombreuses victimes de l’émigration. Un Oriental qui, malgré des années passées en Europe, n’a pas réussi à s’adapter à l’Occident.
Riad Allaouyé a voulu se jeter hier midi de l’une des fenêtres du quatrième étage de l’ambassade d’Italie au centre-ville. La police l’en a empêché pour l’expulser un peu plus tard du bâtiment. En début de soirée, il était toujours devant l’entrée de l’ambassade : il observait, tout seul, un sit-in. Et il menaçait d’entamer une grève de la faim. Mais à la...