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Actualités - CHRONOLOGIES

Social - Enseignants et fonctionnaires en colère observent une journée de grève - Sit-in, place du Musée, sous haute surveillance

Les enseignants universitaires et scolaires du secteur public et les fonctionnaires des offices autonomes étaient en grève hier. Ils veulent obtenir gain de cause pour le calcul des indemnités de fin de service sur base du dernier salaire, pour l’amélioration des prestations de la Coopérative des fonctionnaires et pour d’autres demandes concernant, notamment, l’Université libanaise. Un sit-in, place du Musée, à quelques mètres du siège du Conseil des ministres qui était réuni au même moment, est venu appuyer le mouvement. Y ont participé des professeurs du public, des étudiants de l’UL, des élèves et des fonctionnaires. La grève a été respectée dans toutes les régions par quelque 35 mille enseignants. Les grévistes ont insisté sur le fait que «le mouvement devrait s’étendre si les mesures exigées n’étaient pas appliquées». Place du Musée, quelque mille professeurs, étudiants et fonctionnaires du secteur public ont manifesté hier à partir de 16h30 pour leurs droits, en appui à la grève générale. Des mesures sécuritaires draconiennes ont été mises en place et il y avait presque autant d’agents de l’ordre (brigade antiémeute comprise) que de manifestants. Toutes les routes menant au carrefour du Musée sans exception ont été fermées, et le trafic a été détourné en plusieurs endroits, ce qui a causé des embouteillages énormes. Des manifestants ont même affirmé que des bus de personnes venues se solidariser avec eux avaient été empêchés d’arriver sur place. «Pourquoi tant de mesures sécuritaires ?», entendait-on hier devant le Musée. «Nous ne sommes que des manifestants pacifiques venus exprimer notre opinion». Parmi les banderoles brandies par les manifestants et les slogans scandés par eux, certains jugeaient sévèrement l’État et le gouvernement actuel, et tous insistaient sur l’importance du secteur public. La principale banderole, rouge, portait un slogan hostile à la privatisation et à la mondialisation. Un communiqué sur les revendications des enseignants du public et des employés du même secteur ainsi que des offices autonomes a été remis par un comité de responsables au Conseil des ministres. Hanna Gharib, responsable des relations publiques au sein de la Ligue des enseignants du secondaire, nous explique la teneur de ces revendications. Il précise que les grévistes ont deux réclamations principales. «La première est en relation avec la Coopérative des fonctionnaires», dit-il. «Nous demandons une augmentation du budget de cet organisme. La direction déclare qu’elle aurait besoin de 165 milliards de livres, alors que le budget qui lui est réservé ne dépasse pas les 125 milliards. Le ministre des Finances, Fouad Siniora, a opposé un refus à cette demande, arguant du fait qu’une augmentation de budget n’était pas envisageable». Un tarif de médecin calculé à 20 000 livres ! Il fait remarquer que le retard de paiements pour l’année dernière équivaut à 35 milliards. Cela veut dire que le budget effectif ne dépasse pas les 90 milliards. «Pour nous, cela signifie plus d’austérité dans les services médicaux», souligne M. Gharib. «Un grand nombre d’hôpitaux a déjà fermé ses portes aux employés de l’État. Il faut ajouter à cela que la tarification adoptée par la Coopérative des fonctionnaires est la moins élevée de toutes les caisses de Sécurité sociale et de mutuelle. À titre d’exemple, on y considère toujours que le tarif d’un médecin spécialisé est de 20 mille livres. Comme on nous rembourse 75 % du montant, nous touchons au maximum 15 mille livres pour une visite. Or aucun médecin ne touche moins que 50 ou 70 dollars !». Un autre sujet épineux : les indemnités de fin de service qui ne sont plus calculées selon le dernier salaire intégral. «Depuis deux ans, on nous a privés de 15 % du montant initial de nos indemnités», poursuit M. Gharib. «Quand vous calculez ces 15 % sur une durée de quarante ans, vous vous apercevez que le moindre professeur a été privé de 30 à 35 millions de livres. Le pire, c’est que l’État a imposé de nouvelles taxes de 2 % sur les indemnités de fin de service et de 1 % sur la coopérative ! Tout cela équivaut à un degré de moins, ce qui signifie que pour nos confrères du primaire, on leur aura accordé un degré tout en leur ôtant un autre !». Il ajoute : «Il ne faut pas oublier qu’il existe des lois qui ne sont pas appliquées. Citons à titre d’exemple les frais de déplacement qui doivent s’élever, selon un texte adopté depuis trois ans à 300 mille livres. Nous n’en touchons que 118 mille». M. Gharib parle de la liberté d’expression «bafouée» des employés de l’État. «Les fonctionnaires du secteur public n’ont pas le droit de former des syndicats, bien qu’on leur ait reconnu celui de faire de la politique», affirme-t-il. «Nous revendiquons ce droit qui ne coûte rien à l’État !». L’organisme qui représente les professeurs au Liban est exclusivement le syndicat des enseignants du privé. Ce mouvement va-t-il se poursuivre selon lui ? «Si les responsables ne répondent pas à nos demandes, notre mouvement ira croissant», assure M. Gharib. Quelles mesures seront-elles prises ? «Grèves, sit-in, manifestations...», dit-il. «Mais nous ne nous tairons pas, et assumerons les responsabilités de nos décisions». «Cependant», conclut-il, «ce n’est pas notre objectif et nous ne voudrions pas en arriver là. Nous espérons que les professeurs accéderont à leurs droits sans grèves. Après tout, toucher aux salaires de ces gens est très facile pour l’État qui les contrôle. Alors que le gaspillage au sein de l’État va bon train, et dépasse le milliard de dollars, selon un rapport des Nations unies. Les employés ne peuvent supporter davantage». Il s’agit du premier mouvement de grève depuis la formation de l’actuel gouvernement présidé par Rafic Hariri.
Les enseignants universitaires et scolaires du secteur public et les fonctionnaires des offices autonomes étaient en grève hier. Ils veulent obtenir gain de cause pour le calcul des indemnités de fin de service sur base du dernier salaire, pour l’amélioration des prestations de la Coopérative des fonctionnaires et pour d’autres demandes concernant, notamment, l’Université...