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Actualités - CHRONOLOGIES

THÉATRE - Au théâtre Sin el-Fil - « Niyalak... baadak Saber », de Camille Salameh - Juste pour rire...

On les connaît ces «zouaves», ces «gugusses», ces «hurluberlus», ces «énergumènes» (et la liste de synonymes ne serait jamais exhaustive), pour tout dire ces personnages drôles – et drôles de personnages –, extravagants, «surréalistes» mais aussi si vrais et tirés malheureusement – ou fort heureusement comment le savoir ? – de notre affligeante réalité. On les connaît pour les avoir croisés d’abord sur les planches il y a déjà quelques années et aussi pour les avoir suivis au fil des feuilletons télévisés à succès (le public a toujours le choix libre n’est-ce pas ?) qui ont fait rire pas mal de gens... Tous sont à nouveau sous les feux de la rampe sous le titre Niyalak... baadak Saber (qui se traduit par Heureux que tu sois encore patient) texte et mise en scène de Camille Salameh qui mène ses personnages fétiches et fantoches dans une farandole cocasse et débridée. Ils ? Ce sont Farmé (le gros qui roupille et que rien ne rassasie), Saber débile et pince sans rire avec des cheveux en houpette à la Woddy Wood Pecker), Dara (l’Indien noir comme un cricri à l’arabe fracassé-fricassé), Joconda (une mère abusive à la Folcoche), Raya (la star de TV mijaurée aux zozotements accentués)... Galerie de personnages loufoques et dingues, excentriques sans être pour autant inquiétants... Et voilà, au hall d’entrée d’un hôpital et de ses labyrinthes, la ronde bien partie pour des palabres infinies, des quiproquos incroyables, des coqs-à-l’âne saugrenus, des réparties démentielles, des situations invraisemblables et fantaisistes. Bref un vent de folie souffle sur un système médical caricaturé et fustigé ici d’une manière aigre-douce sans jamais oublier le sens du rire, l’appel de l’humour, de la détente sans complexe et de la franche bonne humeur. Comédie très légère mais un peu longue (plus de deux heures de spectacle) avec des réparties qui ne font pas toujours mouche (eh oui, on jacasse et on pérore à profusion ici) dans une histoire au fil non tenu mais presque absent, une histoire (mais y en a-t-il une dans cet incessant va-et-vient ?) sans queue ni tête. Juste pour rire, de l’aveu même de l’auteur et du metteur en scène de la pièce. Une sorte de candide et naïve narration, une réunion entre «copains» frimant dans le vide, une atmosphère bon enfant où les blagues, les farces, les clowneries et les pitreries sont de rigueur et tiennent lieu de langage cohérent.. Chassé-croisé délirant avec des propos non moins délirants pour manifester une discorde et un mécontentement général que même Isidore l’extraterrestre ne pourra malheureusement pas résoudre... Dans un décor bien agencé, net, élégant et clair (signé Georges el-Asmar) et sur des ritournelles très musiquettes de parodie (Ghassan Yammine a plus d’une corde à son arc), des acteurs batifolent avec plaisir et sans retenue sur scène (Gabriel Yammine en tête du peloton, Georges el-Asmar, Gisèle Boueiz, Antoinette Akiki, Tony Abi Akl, Agia Abou Asly, Dany Boustany...). Autant de moments qui n’ont peut-être rien de terriblement «théâtral» mais foncièrement voués aux jeux, au sens premier du terme. Notions absolument ludiques d’une comédie délurée aux propos décousus, oscillant entre associations verbales insolites et surabondance expressive de mots forgés de toutes pièces et qui ne craint ni la facilité ni une verdeur bien banalisée. On ne sait trop pourquoi on pense ici à cette boutade de Sacha Guitry, bonne à méditer dans plus d’une direction et d’un sens : «Tous les hommes sont des comédiens.. sauf quelques acteurs». Sans philosophie aucune ni message précis, tel un désopilant fourre-tout. «Niyalak... baadak saber» est une pièce ultralégère qui n’a d’autre ambition que de faire rire et de divertir.
On les connaît ces «zouaves», ces «gugusses», ces «hurluberlus», ces «énergumènes» (et la liste de synonymes ne serait jamais exhaustive), pour tout dire ces personnages drôles – et drôles de personnages –, extravagants, «surréalistes» mais aussi si vrais et tirés malheureusement – ou fort heureusement comment le savoir ? – de notre affligeante réalité. On...