SOCIÉTÉ - Une maison de repos unique en son genre - À Longue Vie, donner du bonheur aux personnes âgées

Accueillir les personnes du troisième âge, leur assurer tout ce qui permet de vivre dignement, s’occuper de leur repos, de leur santé et de leurs loisirs, mais aussi les respecter et leur donner l’affection dont ils ont besoin, telle est la raison d’être de Longue Vie. Car l’objectif de ses fondateurs, de son directeur et de son personnel est de donner du bonheur aux personnes âgées. Riad Fikani, psychologue et directeur de l’institution, spécialisé en gériatrie, ouvre grand les portes d’une maison de repos unique en son genre, au Liban. Une quarantaine de personnes âgées vivent à Longue Vie, coquette maison de repos, nichée au creux d’une vallée surplombant la mer, à Bhersaf, quelque part entre ciel et terre. Des bâtiments en pierre de taille, des toits de brique rouge et des centaines de mètres de terrain, de jardins, d’allées et d’arbres fruitiers : un environnement qui inspire le calme et le repos et qui attire les personnes âgées d’ici et d’ailleurs, mais aussi quelques accidentés d’une quarantaine d’années, venus là pour se rétablir et qui y ont élu domicile, tout en se rendant tous les jours au travail. «La moyenne d’âge des pensionnaires oscille entre 70 et 85 ans», explique M. Fikani, ajoutant que son pensionnaire le plus âgé est près d’avoir 100 ans. Certes, les femmes sont plus nombreuses, parce que leurs maris, plus âgés, sont décédés. Pas de grands malades Maison d’accueil pour personnes âgées jouissant de facultés mentales normales, «Longue Vie ne prend pas en charge les grands malades», explique M. Fikani. «Cependant, ajoute-t-il, nous recevons les cas d’Alzheimer, les diabétiques, les hypertendus, ainsi que les personnes âgées indépendantes, semi-autonomes et même totalement dépendantes, et leur assurons tous les soins nécessaires». Quotidiennement, la tension, la température, mais aussi le poids des pensionnaires sont surveillés par des aides soignantes formées en gériatrie, alors que le médecin leur rend visite deux fois la semaine. Une clinique dentaire, équipée par l’association Help Lebanon, soigne leurs douleurs dentaires. Chaque pensionnaire d’une chambre individuelle, munie de sa salle de bains et équipée de meubles, d’une télévision, d’un téléphone, et d’une sonnerie. Les pensionnaires ont la liberté de s’installer dans leurs propres meubles, et de décorer leur chambre à leur aise, explique le directeur. «Car il est primordial qu’ils se sentent ici chez eux. De plus, nous leur assurons absolument tout le nécessaire, du savon au papier mouchoir. Les seules choses qu’ils doivent eux-mêmes prévoir sont les médicaments et les couches, si besoin est». La journée d’une personne âgée, à Longue Vie, se déroule sans bousculade, car il n’y a aucune contrainte horaire. Chacun suit son propre rythme et se lève à l’heure qui lui convient. Il en est de même pour toutes les occupations de la journée, la toilette, les repas, et les promenades. «Nous encourageons nos pensionnaires à faire leur toilette, à s’habiller et à faire une marche quotidienne, et nous assistons ceux qui ne peuvent s’acquitter de ces tâches tout seuls», insiste M. Fikani. Quotidiennement, le physiothérapeute du centre reçoit les personnes âgées et s’occupe de leur rééducation, conformément aux indications du médecin, dans une salle équipée à cet effet. Quant aux exercices d’ergothérapie, qui ont lieu deux fois par semaine, ils consistent dans des jeux, des travaux manuels de groupe qui aident les personnes âgées à garder une certaine dextérité, joignant ainsi l’utile à l’agréable. Car elles prennent plaisir à fabriquer des paniers, des chapeaux en osier, ou des arrangements floraux, dont elles décorent volontiers leurs chambres. Une bibliothèque à développer «Les repas représentent la distraction favorite de nos pensionnaires, raconte Riad Fikani. C’est la raison pour laquelle nous accordons une attention particulière au moindre détail culinaire, avec l’assistance d’une diététicienne qui suit les prescriptions médicales». Trois repas différents sont servis à volonté, au cours de la journée, sans compter les desserts et goûters que les vieux affectionnent tout particulièrement. Le menu de chaque repas de la journée est affiché, et les personnes âgées sont amenées à donner leur avis, et à donner aux chefs quelques recettes ou astuces culinaires. Quant à la lecture, elle est appréciée de tous, et c’est une pensionnaire qui gère la petite bibliothèque de Longue Vie, composée d’ouvrages en trois langues. «Une bibliothèque que nous aimerions développer, dit le directeur, car certains de nos pensionnaires lisent régulièrement. De même, nous avons créé une vidéothèque, que nous espérons alimenter très bientôt en vieux films, que les personnes âgées apprécient particulièrement». Et pour encourager les pensionnaires à faire leur marche quotidienne, le directeur de Longue Vie a aménagé une piste de santé longue de 2 kilomètres, dans le petit bois jouxtant le bâtiment, parsemée de bancs et d’aires de repos. Des panneaux indicateurs ont même été installées, pour qu’ils puissent se repérer et se promener en toute sécurité. D’ailleurs, souligne M. Fikani, «nous sommes constamment vigilants, au cas où ils auraient besoin d’assistance». De plus, non loin de leurs chambres, des potagers d’accès facile ont été aménagés à leur intention. Au fil des saisons, ils sèment, plantent et cueillent fruits, légumes et fleurs, avec l’aide du jardinier, participant activement à la vie de leur communauté. Certes, Longue Vie est une maison de repos, mais les pensionnaires ne vivent pas pour autant en marge de la société, fait observer M. Fikani. Bien au contraire, une fois par mois, l’institution les invite tous à déjeuner dans un restaurant libanais, sortie qu’ils apprécient énormément, et encourage leurs familles à leur rendre régulièrement visite et à venir partager leurs repas et leurs activités. «D’ailleurs, ajoute-t-il, un chauffeur et une voiture sont mis à la disposition de ceux qui désirent se promener à l’extérieur de la propriété, à n’importe quel moment, car ici, chacun est libre de ses mouvements». De plus, une garderie a été aménagée, dans l’enceinte du bâtiment, recevant une dizaine d’enfants du personnel soignant. Des enfants à qui les vieilles dames prennent plaisir à raconter des histoires, comme elles l’ont si bien fait pour leurs enfants et petits-enfants. Une maison de repos qu’on aurait presque envie d’appeler maison du bonheur, car comme le disent si bien les pensionnaires, «ici, on est bien !».