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Actualités - INTERVIEWS

INTERVIEW - Un haut responsable de l’Onu explicite le rapport de Kofi Annan - Le Liban doit affirmer son autorité à la frontière -

Le rapport du secrétaire général au Conseil de sécurité sur la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a provoqué au Liban beaucoup de remous. L’Orient-Le Jour a rencontré, au Palais de verre à New York, un haut responsable de l’Onu qui a préféré garder l’anonymat. Ce responsable a mis l’accent sur les aspects les plus marquants du rapport se référant avec prudence constamment au texte. «La clé, dit-il, ne réside pas dans les effectifs de la Finul, mais l’engagement des Nations unies à exécuter la dernière partie de son mandat, à savoir le rétablissement de la paix et de la sécurité internationales. En attendant une paix globale… Il semble que l’Onu continuera de devoir jouer ce rôle pendant encore un certain temps». Q.: Dans son rapport au Conseil de sécurité, le secrétaire général, M. Kofi Annan, propose une réduction progressive des effectifs de la Finul décidant de la ramener à son volume initial de 4 500 hommes au lieu des 5 800 en poste au Liban-Sud, transformant sa tâche en mission d’observation de l’Onust. Pourquoi cette réduction ? Allons-nous vers un retrait total de la Finul ? Qu’adviendra-t-il alors du Liban-Sud ? R.: «En juillet dernier, pour renouveler le mandat de la Finul, le Conseil de sécurité a demandé au secrétaire général de donner des recommandations en octobre sur la présence des Nations unies au Liban-Sud, concernant spécialement la fonction des observateurs militaires de l’Onust, composée d’un petit nombre d’officiers non armés, tout ce que je vous dis est traduit précisément dans les documents. Le document du Conseil de sécurité, intitulé Résolution 1 310 en date du 27 juillet 2000, stipule, en paragraphe 12, ceci : “Le Conseil de sécurité constate avec satisfaction que le secrétaire général a l’intention de lui présenter d’ici le 31 octobre 2000 un rapport sur les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de la résolution 425 (1978) et l’achèvement par la Finul des tâches qui lui ont été initialement confiées, et prie le secrétaire général de faire figurer dans ce rapport les recommandations sur les tâches qui pourraient être exécutées par l’Organisation des Nations unies chargée de la surveillance de la trêve (Onust)”. «Pourquoi pas l’Onust ? avait proposé le Conseil. Et le secrétaire général de répondre : “Toutefois, étant donné la situation dans la région, j’hésiterai à confier cette tâche uniquement à des observateurs non armés et je recommanderai plutôt de mettre en œuvre à la fois des fantassins armés et des observateurs non armés. Je proposerais deux bataillons d’infanterie, un groupe d’observateurs de l’Onust, comme c’est le cas actuellement, et un soutien logistique”. Rien dans le rapport ne suggère un retrait définitif. Le rapport précise que “l’Onu continuera de devoir jouer ce rôle pendant encore un certain temps”. «Concernant la forme et la taille de cette force, les experts militaires ont considéré l’aspect pratique. Ils ont tenu compte du nombre de personnes, de la force dont ils ont besoin pour aider à maintenir le cessez-le-feu le long de la ligne bleue, contrôler les observations, essayer de corriger les multiples violations mineures et prévenir l’escalade». Q.: La presse libanaise et certains milieux du gouvernement libanais suggèrent que le rapport revêt «un avertissement en termes diplomatiques» et une manière de faire pression sur Beyrouth pour qu’elle envoie l’armée à la frontière. Qu’en est-il vraiment ? R.: «Les deux choses ne sont pas liées. La résolution 425 contient un élément qui parle de restaurer l’autorité effective du gouvernement libanais au Liban-Sud. Le paragraphe 6 du rapport met l’accent sur ce sujet. Dans l’ensemble, la situation en matière de sécurité dans la zone d’opérations de la Finul est demeurée satisfaisante et a marqué une nouvelle amélioration depuis octobre. Les résidents qui étaient partis pendant l’occupation israélienne ont continué de revenir dans la zone. En outre, les anciens membres des ex-forces de facto et leurs familles – soit environ 1 600 personnes au total – sont rentrés au Liban. Et de poursuivre en paragraphe 7 : “Les autorités libanaises ont continué de contrôler la zone par le biais de l’administration civile, de la police, de la Force de sécurité conjointe, composée des forces de sécurité interne et de l’armée libanaise, qui a été déployée en août dernier. La réintégration des communications, de l’infrastructure et des systèmes de santé et de protection sociale au reste du pays a continué de progresser, bien que lentement”. «Il n’y a donc rien qui puisse inquiéter le gouvernement libanais. Le secrétaire général rapporte les faits d’une manière globale, mesurée et équilibrée. Il souligne dans la deuxième partie du paragraphe 7 ce qui suit : “Toutefois, comme par le passé, l’armée libanaise et les forces de sécurité n’ont pas exercé d’activités à proximité de la ligne bleue dont le contrôle a été laissé au Hezbollah, qui fournit aussi certains services sociaux, médicaux et éducatifs à certains villages – (non à tous les villages). Les patrouilles du Hezbollah n’ont guère été visibles pendant le ramadan mais se sont multipliées à la fin du mois de décembre. Il s’agit habituellement de patrouilles non armées. Il est arrivé que des membres du Hezbollah entravent les déplacements de la Finul”. «Le secrétaire général reprend dans un autre paragraphe 19 : “La façon la plus simple et la plus directe de ramener le calme dans le secteur consiste pour les parties – Liban et Israël – à se conformer aux décisions du Conseil de sécurité, à respecter la ligne bleue dans toutes ses parties, comme l’a demandé le Conseil, et à coopérer efficacement avec la Finul. En d’autres termes, le gouvernement libanais doit affirmer son autorité effective et maintenir l’ordre public sur l’ensemble de son territoire jusqu’à la ligne identifiée par l’Organisation des Nations unies. C’est son droit et son devoir, que le Conseil de sécurité s’est toujours employé à faire prévaloir et pour lequel les soldats de l’Onu ont versé leur sang”». Q.: Comment se fera le rétablissement de la paix et de la sécurité internationales ? «Là, le secrétaire général fait une connexion que, je pense, vous apprécierez. “Il s’agit de la paix globale”, affirme-t-il. Le paragraphe 22 précise que “la Finul s’attache à présent à exécuter la dernière partie de son mandat, à savoir le rétablissement de la paix et de la sécurité internationales. En attendant une paix globale, la Finul cherche au moins à maintenir le cessez-le-feu le long de ligne bleue en effectuant des patrouilles et en procédant à des observations depuis des positions fixes et en maintenant des relations étroites avec les parties, en vue de mettre fin aux violations et de prévenir l’escalade des incidents. Il semble que l’Onu continuera de devoir jouer ce rôle pendant encore un certain temps”». Q.: Concernant la présence du Hezbollah, comment voyez-vous la description du secrétaire général ? R.: «Le secrétaire général parle du Hezbollah de manière factuelle. Il décrit au Conseil de sécurité les réalités sur le terrain telles qu’elles lui ont été rapportées. Il n’évalue pas. Si le gouvernement du Liban choisit de laisser le Hezbollah prendre soin de la région près de la ligne bleue, le secrétaire général le rapportera au Conseil de sécurité. Incidemment, le Hezbollah s’est conduit sur le terrain de manière plutôt calme et disciplinée». Q.: Le gouvernement libanais a sans cesse répété aux responsables de l’Onu sa position : le droit à la libération des fermes de Chébaa lié à l’envoi de l’armée au Sud, sachant que la force mixte de mille hommes est suffisante pour assurer l’ordre dans la bande frontalière. Qu’en pensez-vous ? R.: «Le secrétaire général a communiqué clairement au Conseil de sécurité la position du gouvernement libanais concernant la région des fermes de Chébaa. Il demande, dans le paragraphe 19, que “les parties se conforment aux décisions du Conseil de sécurité, et respectent la ligne bleue dans toutes ses parties, comme l’a demandé le Conseil, et à coopérer efficacement avec la Finul”. Le secrétaire général décrit les points de vue du gouvernement libanais dans le paragraphe 5 du rapport. “En mai dernier, l’Organisation des Nations unies a déterminé le tracé de la ligne bleue pour confirmer le retrait israélien, la zone des fermes de Chébaa a été laissée à l’extérieur de la ligne bleue pour les motifs que le secrétaire général a exposés en détail dans son rapport du 22 mai 2000. Par la suite, les gouvernements israélien et libanais ont confirmé que, malgré certaines réserves, ils respecteraient la ligne définie par l’Organisation des Nations unies. Le Conseil de sécurité a demandé aux parties de respecter cette ligne. Depuis novembre dernier, le gouvernement libanais affirme que la ligne bleue n’est pas admissible dans la zone des fermes de Chébaa et revendique le droit d’user de tous les moyens, y compris de la force, contre les forces israéliennes qui l’occupent”. «Dans ce cas précis particulier, la situation est très claire. Il y a eu un engagement, à la suite de cet engagement, il y a eu la résolution du Conseil de sécurité pour respecter la ligne bleue. Le Conseil de sécurité est l’organe le plus élevé des Nations unies. Il exprime la position de l’Onu. Et, comme il est de son devoir, le secrétaire général n’a fait qu’exprimer la position de l’organisation. Je sais qu’il y a des difficultés. L’action prise par les Nations unies au sujet des fermes de Chébaa a été prise dans le but de faciliter le retrait des forces israéliennes. En tout cas, nous n’avions pas beaucoup de choix parce que la région est couverte par des accords internationaux datant de 1974. La ligne bleue est sans préjudice à tout arrangement concernant les frontières libanaises internationales. Nous n’avons pas redéfini les frontières du Liban. Nous avons eu besoin d’une ligne pratique basée sur les frontières du Liban. Les fermes de Chébaa sont arrivées comme une complication au dernier moment. Le secrétaire général l’a rapporté au Conseil de sécurité. Il a expliqué la situation et a décidé de se conformer aux accords de 1974. Et le Conseil a suivi».
Le rapport du secrétaire général au Conseil de sécurité sur la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a provoqué au Liban beaucoup de remous. L’Orient-Le Jour a rencontré, au Palais de verre à New York, un haut responsable de l’Onu qui a préféré garder l’anonymat. Ce responsable a mis l’accent sur les aspects les plus marquants du rapport se référant...