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Actualités - ANALYSES

Déjeuner de Bteghrine - L’image-choc : un meeting électoral très pluriel. Le fond : aucun résultat concret - Une opposition réunie, de grands absents, - de la bonne humeur… Et après ?

Une image-choc, dès l’arrivée avant-hier samedi à la «datcha russe» (dixit Walid Joumblatt) de Georges Haoui à Bteghrine : tous les signes extérieurs d’un meeting électoral à la libanaise sont là. Évidents. Une masse bigarrée d’hommes, de femmes, d’enfants. Les vans de télévision. Les deux haut-parleurs géants et la musique arabe de circonstance. Le maître de céans qui vient accueillir un à un chacun de ses invités. Le chef du PSP fortement applaudi dès son arrivée dans le jardin de la maison en bois de l’ex-secrétaire du Parti communiste libanais. Ainsi, certains parleront de folklore ou de pétard mouillé, tandis que d’autres répliqueront en rappelant l’énorme vide politique du pays, «d’où l’importance capitale que revêt cette réunion, du moins dans l’image qu’elle donne. Pensez : ces huit personnes ensemble, chacun ou presque venant d’horizons complètement différents, c’est primordial pour le Libanais, non ?», demande un vieux monsieur venu chez Georges Haoui «pour voir tous ces gens, surtout Nassib Lahoud et Walid bey». Soit. L’argument est de taille. Et même si ce déjeuner politique n’a donné aucun résultat concret ni débouché sur aucune décision commune – sachant que les huit personnes réunies à Bteghrine appartiennent toutes, peu ou prou, à une opposition nettement plurielle – il est clair, ne serait-ce qu’à ce niveau-là, que l’idée ne manquait pas d’une intelligence purement marketing. Et il est également évident que les huit hommes n’auraient pas répondu présents s’ils pensaient avoir quoi que ce soit à perdre. Il reste que, d’aucuns ne pourraient s’empêcher – tout en louant cette initiative somme toute assez rare – d’attendre, tout naturellement, la suite. Quelque chose de concret, de fort et de véritablement engagé sur la voie du véritable face-à-face démocratique entre un régime solide et cohérent et une opposition qui ne l’est pas moins. Cela s’appellerait le dialogue. Le premier arrivé a été Michel Samaha, très mitterrandien. Cravate et écharpe rouges et un mot d’ordre : le dialogue. «Tout dialogue ne se fait qu’entre gens de dialogue. Et le lien commun entre les différents invités est le dialogue», a-t-il insisté, répondant à L’Orient-Le Jour. Quelques minutes à peine après, arrivait le seigneur de Moukhtara, Walid Joumblatt, accompagné du secrétaire général du PSP, le lieutenant-colonel Chérif Fayad. Les trois hommes ont alors suivi à l’intérieur Georges Haoui et son beau-fils Rafi Madayan – le candidat malheureux lors des législatives 2000 au Metn – pour attendre le reste des convives. Un laps de temps mis à profit pour gloser sur les maisons en bois censées selon d’anciennes croyances chasser les esprits maléfiques. «Dans tous les cas, ici, il n’y en a pas» : Georges Haoui a rassuré tout le monde. Et après l’arrivée du député de Baabdate, Nassib Lahoud, le chef du PSP a demandé au maître des lieux qui donc il attendait encore. Haoui : «Le président Gemayel et son fils Pierre, Élie et Farid…». Joumblatt : «Élie qui ?» Haoui : «Ferzli». Joumblatt : «Et Farid qui ?» Haoui : «Khazen». Dialogue «intéressant» lorsque l’on sait que le leader druze souhaitait chaudement la présence du vice-président de la Chambre et du jeune député kesrouanais, parce que considérés, du moins officiellement, comme modérés dans leur opposition – tant au pouvoir en place que concernant les relations libano-syriennes. Bref, une fois tout le monde réuni, le déjeuner à huis clos a débuté suivi, deux heures et demie plus tard, par une conférence de presse commune. Et au cours de la conférence de presse, Georges Haoui a souligné la nécessité du dialogue comme base de la relation entre le citoyen et l’État comme entre l’opposition et le régime en place, rappelant quelques sujets évoqués lors de la réunion : la crise socio-économique à résoudre, la souveraineté libanaise et l’État de droit qu’il faut renforcer, le respect de la Constitution, etc. Affirmant que personne ne voulait prendre la place de l’État et que la genèse de cette réunion dépassait le concept opposition-loyalisme, Georges Haoui a martelé que «ne pas respecter l’accord de Taëf ou le remettre en question seraient une menace pour la paix civile, tout comme les conséquences du vide sur la scène nationale. Dans tous les cas, nous nous sommes mis d’accord pour nous revoir afin d’approfondir notre réflexion à ce sujet», a-t-il conclu. Deux mots également sur les absents, aussi remarqués que ceux qui se sont déplacés jusqu’à Bteghrine. Omar Karamé et Nayla Moawad étaient inscrits sur la liste des convives, ils se sont désistés. Le premier voulait éviter d’entrer «dans des jeux politiciens», tandis que pour la seconde, il fallait plus de préparation à cette réunion «qui n’a pas donné l’impression d’avoir enclenché un véritable dialogue, alors que les Libanais en espéraient beaucoup. Je suis parmi les premiers à lutter pour un dialogue, mais il lui faut des bases sérieuses. Il y avait plus de présents qu’il n’en fallait et trop d’absents», a déclaré à L’Orient-Le Jour la députée de Zghorta. Quant à l’ancien président de la Chambre Hussein Husseini, qui n’a pas été convié «parce que cela aurait provoqué des zizanies au sein de la communauté chiite et fortement gêné le président Nabih Berry», il a également brillé par son absence.
Une image-choc, dès l’arrivée avant-hier samedi à la «datcha russe» (dixit Walid Joumblatt) de Georges Haoui à Bteghrine : tous les signes extérieurs d’un meeting électoral à la libanaise sont là. Évidents. Une masse bigarrée d’hommes, de femmes, d’enfants. Les vans de télévision. Les deux haut-parleurs géants et la musique arabe de circonstance. Le maître de...