Un décor magique au Salon vénitien du musée des arts forains de Paris, une pléthore d’artistes, une foule joyeuse, des sculptures splendides en pâte de cristal de Daum comme récompenses... le Xe Cérès de la philatélie a tenu ses promesses. Dans les mains du vainqueur, la déesse latine réalisée par l’artiste Michel Coste. Ils ont tous au cœur une passion : le timbre. Aussi, étaient-ils venus très nombreux à cette cérémonie : responsables d’associations philatéliques, journalistes, représentants du négoce, postiers et bien sûr les artistes qui créaient de beaux timbres. Pour cette dixième édition en France, deux nouveautés : le vote des enfants venu s’ajouter à celui des professionnels et des philatélistes. Plus de 3000 écoles ont participé à ce concours avec un total de 20000 enfants qui ont voté. Cette belle participation a été due en grande partie à la motivation des titulaires d’emplois-jeunes de la Poste française qui, sur le terrain, n’ont pas ménagé leurs efforts pour impliquer ce nouveau public ; deuxièmement, la création d’un trophée, une Cérès en pâte de cristal de Daum, réalisée par Michel Coste, artiste bien connu des philatélistes, notamment pour son panorama exposé à Philexfrance. Les philatélistes se sont également prononcés sur le plus beau timbre français à date premier jour, qui fêtera cette année son cinquantenaire. Françoise Eslinger, directrice du développement culturel et commercial, a tenu les rênes de la soirée, relevant l’importance de la participation aussi bien des enfants que des professionnels, au total 400 sur 1200, et des philatélistes, plus de 100000 cette année en France, un chiffre en progression constante. De même, a-t-elle indiqué, que parallèlement au concours, une enquête de qualité avait été conduite dont les résultats sont très probants : 93,82% des personnes interrogées, tous publics confondus, se sont déclarées satisfaites de la qualité des timbres, les trois pôles d’attraction étant les mêmes, dans l’ordre, pour toutes les catégories, à savoir: les thèmes choisis, puis l’illustration, enfin le format. La reine de la soirée – la Cérès À tout seigneur tout honneur, c’est Michel Coste qui a reçu la première Cérès, sa superbe sculpture. Le représentant de la société Daum, Jean-Baptiste Sybertinblanc, a indiqué qu’il s’agissait de pâte de cristal, ce qui lui donne d’autant plus de valeur. Puis est venue l’heure des récompenses. Premiers sur scène, élus par les philatélistes, Serge Hochain et Claude Jumelet, les concepteur et graveur du Château du Haut-Koenigsbourg. Ils ont été à nouveau sur scène peu de temps après avoir également remporté la palme auprès des professionnels. Jean-Paul Cousin a ensuite reçu la Cérès pour la série Armada du siècle, puis Jean-Paul Veret Lemarinier, celle pour l’oblitération 1er jour de la série intitulée Roses anciennes. Martin Vial, directeur général de la Poste, a procédé à la remise de ces prix. Astérix par Toutatis ! Quand vint le tour d’annoncer le résultat du vote des enfants, le suspense fut de courte durée. Grand vainqueur : Uderzo pour son timbre et son bloc Astérix. Martin Vial, visiblement «fan» d’Albert Uderzo, a remis ses deux Cérès au créateur du célèbre gaulois. Uderzo, heureux de ce résultat, a indiqué que Cérès, outre avoir été romaine et grecque, était sûrement gauloise. Avant de clore la cérémonie, Antoine Di Maggio et Bernard Bonneton ont présenté le deuxième bloc français de la collection Le siècle au fil du timbre. Ce bloc «société» est largement mis en vedette avec cinq spots publicitaires sur les chaînes françaises de télévision. Pour l’année 2001, les deux thèmes soumis au vote des Français portent sur la communication, les sciences et techniques. Chaque personne peut voter sur les bornes Cyberposte installées dans de très nombreux bureaux de Poste en France ou sur Internet www.laposte.fr Michel Coste, sculpteur de femmes Dans les mains du vainqueur des Dixièmes Cérès de la philatélie, une splendide sculpture en pâte de cristal de Daum de la déesse latine, réalisée par Michel Coste. Voici en quelques lignes le commentaire de Michel Coste sur sa création: «Depuis que j’ai commencé à sculpter en 1976, j’ai fait de la femme mon domaine de prédilection. Je suis fasciné par les mille richesses qu’elle recèle, sa sensibilité, sa séduction, sa sensualité. Je l’ai travaillée en marbre, en bronze et maintenant en pâte de cristal de Daum. La sculpture de la Cérès s’inscrivait dans cette perspective. Cérès, déesse de la fertilité chez les Romains et chez les Grecs sous le nom de Déméter, est devenue la figure emblématique des philatélistes. Sa première représentation sur un timbre date de 1849 où elle apporte un message de tempérance plus que de combativité». À la question qui lui a été posée concernant les caractéristiques de son œuvre, Michel Coste répond : «Il fallait que la sculpture corresponde à l’image de la déesse, une figure ambiguë. Elle présente deux versos, l’un pour le printemps et l’été avec ses promesses de luxuriance, l’autre l’hiver et ses représentations de dénuement. J’ai donné libre cours à ma main pour illustrer ces deux versos. Symboles de la belle saison et de la prodigalité, la gerbe de blé, la grappe de raisin, la prospérité à venir, de l’autre côté, c’est la terre brute, nue, avec le sillon semé. De l’ensemble émane une grande sensualité. Autre caractéristique, elle est étroite au milieu et large à la base comme la gerbe de blé, de manière à être brandie comme une victoire». Michel Coste n’en est pas à sa première intrusion dans le domaine de la philatélie. En effet, il y a quelques années, en tant qu’ingénieur de recherche en sciences sociales, il a initié un programme de recherche sur les images, dont le timbre-poste. Le timbre recèle une richesse d’images unique dans tous les pays. Les milliers d’images répertoriées dans le catalogue de Michel Coste ont été rassemblées sur un grand panneau à la direction de la Poste française. Ce panneau, qui mesure 17 mètres de long, regroupe 3000 timbres; ils ont été ordonnés de façon chronologique et par thème pour que le spectateur en ait une lecture immédiate. C’était une grande première exposée à Philexfrance en juillet 1999. Actuellement, l’originale de cette œuvre de Michel Coste est exposée au musée de la Poste à Paris.