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Actualités - ANALYSES

VIE POLITIQUE - Haoui convie Joumblatt, N. Lahoud, Moawad, les Gemayel, Ferzli, etc., mais Karamé fera défaut - L’ « opposition plurielle » déjeunera demain à Bteghrine

Georges Haoui a convié, pour demain samedi, à un déjeuner en son domicile de Bteghrine, dix personnalités du landernau politique, d’horizons extrêmement divers : Omar Karamé, Walid Joumblatt, Nassib Lahoud, Nayla Moawad, Amine Gemayel, Pierre Gemayel, Élie Ferzli, Michel Samaha, Farid el-Khazen et Rafi Madayan. «Pourquoi ce déjeuner ?». Pour répondre à la première question de L’Orient-Le Jour, l’ancien secrétaire du Parti communiste libanais n’a pas hésité une seconde. «Il y a des problèmes essentiels dans ce pays, sept dossiers d’une importance majeure. La situation politique, militaire, sociale et économique au Liban-Sud. Les relations libano-syriennes dont il faut assainir les bases. La réconciliation nationale. La démocratie, retrouver la quintessence des institutions, en finir avec les tiraillements, les infractions, en un mot appliquer l’accord de Taëf. La réforme politique, l’indispensable élaboration d’une nouvelle loi électorale. La réforme administrative également. Et puis “last but not least”, essayer de trouver des solutions au dossier socio-économique», a-t-il énuméré d’une traite. Ça, c’est pour l’ordre du jour. Venons-en aux «invités». Quel est(sont) le(s) point(s) commun(s) entre ces dix personnes ? On a du mal à voir un plus petit dénominateur commun entre certains d’entre eux, non ? «Tous défendent les libertés, la démocratie, l’idée primordiale d’une réforme politique. Dans tous les cas, je m’excuse de ne pas avoir invité tout le monde, une rencontre de ce type ne supporterait pas plus que ce nombre de participants». On parle beaucoup en coulisses, on affirme par exemple que cette réunion est en fait la concrétisation d’un axe d’opposition plurielle dirigé contre le chef de l’État, ou contre le Premier ministre, ou contre les deux pôles de l’Exécutif ? Qu’en est-il réellement ? «Ce n’est absolument pas contre qui que ce soit. Au contraire, c’est pour...». Pour quoi, pour qui ? «C’est pour essayer de combler le vide au sein du pouvoir. Le chef de l’État qui agit d’une façon antidémocratique, le président du Conseil qui lui répond pareillement. On ne prend pas du tout en compte que l’épicentre du pouvoir, c’est le Conseil des ministres. Il est impensable que le chef de l’État gère l’ensemble du dossier politique et que le chef du gouvernement se consacre presque exclusivement au volet économique. Le seul responsable, c’est le Conseil des ministres. Il faut lutter contre la médiocrité, d’autant plus qu’au centre de ce vide au sein du pouvoir, viennent se greffer toutes sortes de considérations ou de réactions confessionnelles, sectaires mêmes. À Issam Farès, répond le mufti de la République, au patriarche Sfeir, répondent les ulémas du Akkar. Mais que chacun s’occupe de ses affaires. Que les politiciens fassent de la politique et que les dignitaires religieux prient pour nous...». Qui vous a demandé d’organiser ce déjeuner à Bteghrine ? «Mais personne. Moi j’ai demandé. J’ai depuis longtemps appelé à la tenue d’un congrès d’entente nationale. Mes idées sont valables vous savez ?». On ne peut quand même pas oublier que cette invitation vient peu de temps après votre visite à Damas chez le président Assad. «Je n’ai pas du tout évoqué cette rencontre avec le président syrien. Je me suis concerté avec Walid Joumblatt, Nassib Lahoud, Amine Gemayel, et puis l’idée a germé et on m’a prié d’organiser quelque chose... Sans doute parce que je suis un trait d’union entre l’Est et l’Ouest...». Beaucoup de questions et peu de réponses Il faudrait d’abord essayer de replacer l’événement dans son contexte chronologique. Lundi dernier, Walid Joumblatt, rencontrait Omar Karamé et Nayla Moawad au Liban-Nord. Au même moment ou presque, Sleiman Frangié déclamait son acte de contrition à Bkerké auprès du patriarche maronite. Et le chef de l’État confirmait publiquement la divergence des avis sur l’amnistie. Et tandis que Beyrouth jugeait mardi «équilibré et raisonnable» le rapport de Kofi Annan, bon nombre d’observateurs sur la scène locale constataient que la priorité était donnée, dans les propos de tous, au dialogue, et que la bonne entente entre les dirigeants devenait une nécessité. Le timing du déjeuner de Bteghrine – le village de l’ancien ministre de l’Intérieur Michel Murr – n’est pas, semble-t-il, anodin. Deux interprétations sont possibles. Est-ce que la réunion de samedi s’inscrit dans la mouvance des velléités indiscutables pour que bougent enfin les choses – velléités initiées par bon nombre de parties et dont l’origine peut être aisément attribuée au communiqué des évêques maronites en septembre dernier ? Ou bien correspond-elle, si l’on tient compte de sources proches du double leadership nordiste, à une volonté à peine voilée, au vu de la nature de la «liste d’invités» de Georges Haoui, de «décrédibiliser» ou de tuer dans l’œuf la vision commune Joumblatt-Karamé-Moawad ? «C’est comme si on voulait court-circuiter le meeting de lundi», a-t-on pu entendre de ces sources qui ont argué de «la grande hétérogénéité et l’absence totale de points communs avec certains des convives». Parallèlement, ne peut-elle pas être vue comme étant la concrétisation d’une synergie entre de nombreuses – et parfois de premier plan – figures d’une opposition aujourd’hui clairement et indiscutablement plurielle et qui serait dirigée vers l’un ou l’autre – ou peut-être même les deux – pôles de l’Exécutif ? Quid des «invités» ? La grande proximité entre les points de vue de Walid Joumblatt, Omar Karamé, Nassib Lahoud et Nayla Moawad, tout comme leur envergure politique, sont évidentes. La présence de Michel Samaha, un médiateur entre Damas et Bkerké et l’allié affiché de Nassib Lahoud – tout comme celle du beau-fils du maître de céans, Rafi Madayan – peuvent aisément se comprendre. Idem pour celles de l’ancien chef de l’État et probable – si on le laisse y faire – rassembleur des Kataëb, Amine Gemayel et de son fils, le député du Metn, Pierre Gemayel. Quant à Farid el-Khazen, il est très proche de Bkerké. Enfin, le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, n’est pas particulièrement connu, selon certaines sources parlementaires, pour être un fervent loyaliste. Notons également la nette prédominance de la représentativité régionale au sein de cette liste d’invités : Nassib Lahoud, Amine Gemayel, Pierre Gemayel, Michel Samaha, Rafi Madayan et Georges Haoui sont tous les six Metniotes. Une chose encore : l’ancien chef du Parlement et ténor de la Chambre Hussein Husseini n’a pas été convié. Des sources confirmées imputent cette omission à une nette volonté «de ne pas semer de zizanies au sein de la communauté chiite – notamment avec l’un de ses principaux leaders, Nabih Berry». Pourquoi Karamé n’ira pas «C’est une initiative complètement bâclée, et organisée à la va-vite. Elle aurait dû être mieux préparée, qu’on sache un peu mieux de quoi il s’agit. Ça me rappelle l’époque du Mouvement national (les partis islamo-progressistes) où on se réunissait et on créait un front le même jour. Dans tous les cas, si le président Karamé y allait, ça serait brûler clairement les cartouches». Pour cette source proche de l’ancien Premier ministre, la raison de l’excuse de Omar Karamé se situe à ce niveau-là. «Et puis c’est du folklore. Et que l’on m’explique le rapport entre toutes ces personnes, il y a beaucoup trop de gens. Dans tous les cas, si le but de cette réunion est d’être contre le chef de l’État, nous ne sommes pas contre. Si c’est contre Michel Murr, nous ne sommes pas contre, et si c’est contre le Premier ministre, nous ne sommes toujours pas contre lui. Tout ça est trop mesquin, à l’heure où il y va réellement de l’avenir du pays. Et imaginez, à l’issue de cette réunion,un communiqué avec lequel bon nombre de personnes ne seraient pas d’accord. C’est un peu léger tout cela». Il n’empêche, l’absence de l’ancien Premier ministre ôte naturellement à cette réunion son cachet fédérateur, national, pluricommunautaire. Une question, immanquablement, se pose : la réunion de Bteghrine ressemblera-t-elle plus à un raout mondain ou sera-t-elle plutôt l’ébauche pour un futur et éventuel travail en commun de quelques grandes figures nationales ? Rendez-vous est pris, dans tous les cas, samedi.
Georges Haoui a convié, pour demain samedi, à un déjeuner en son domicile de Bteghrine, dix personnalités du landernau politique, d’horizons extrêmement divers : Omar Karamé, Walid Joumblatt, Nassib Lahoud, Nayla Moawad, Amine Gemayel, Pierre Gemayel, Élie Ferzli, Michel Samaha, Farid el-Khazen et Rafi Madayan. «Pourquoi ce déjeuner ?». Pour répondre à la première...