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Actualités - BIOGRAPHIES

PORTRAIT D’ARTISTE - Abderrazak Sahli à la galerie Janine Rubeiz, jusqu’au 7 février - Un art dispensateur de bien-être

Accrochage jusqu’au 7 février, à la galerie Janine Rubeiz (Raouché, immeuble Majdalani), d’une vingtaine de toiles de Abderrazak Sahli, un des grands peintres tunisiens contemporains. Cet artiste qui est né et qui vit à Hammamet est visiblement un homme heureux. Cela est autant perceptible dans ses yeux rieurs que dans ses toiles : des acryliques sur jute où foisonnent, dans une harmonie de tonalités vives, des signes et des symboles ludiques et esthétiques. Des compositions où les formes, les matières et les couleurs déploient un charme mystérieux fait de poésie et de bonheur. Il y a une impression de vie, de mouvement, comme une ronde, une danse des figures et des symboles… Ce qui se dégage de ces œuvres correspond bien à la nature profonde et à l’objectif déclaré de leur auteur. Lequel affirme que «l’art doit pouvoir offrir une échappatoire à la détresse. Il faut qu’il soit un outil de réflexion et un élément d’évasion. Mais surtout un dispensateur de bien-être». C’est sans doute pourquoi le pinceau de Abderrazak Sahli transfigure le réel. «Lorsque je peins, je ne réfléchis pas. Je dépose sur la toile tout ce qui me vient à l’esprit. Je ne recherche pas la perfection des formes mais leur expression maximale», dit-il. Ce qui donne un tourbillon d’objets et de personnages hétéroclites, que le peintre représente de manière faussement anarchique. Il fait ainsi se juxtaposer, dans un désordre savamment équilibré, une théière, un masque africain, un poisson, des personnages façon dessins d’enfants, des étoiles, des simili-oiseaux, des palmiers inversés, des figures géométriques, etc. Un jeu de polyvalence des objets les plus usuels, qu’il transforme au gré de son inspiration en formes stylisées ou en supports inattendus d’une œuvre artistique. Dans la présente exposition, c’est la toile de jute qui règne en souveraine. Celle-là même qui sert en Tunisie à la récolte des olives. Il l’utilise en toile libre, joue sur le découpage de ses formes, la sous-tend de rouleaux pour lui donner un effet de long dépliant mural, la fixe dans des cadres sous verre, ou sur des charpentes de bois circulaires, inspirées des «Sakhan» (ces sortes de braseros sur lesquels les anciens posaient leurs vêtements pour les laisser sécher)… Métissage Mais il a aussi travaillé sur l’ardoise, les sacs de ciment, le cliché photographique, etc. Il y a une dizaine d’années, en 1989, il avait choisi de «glamouriser» le papier «kortass» (modeste sac en papier kraft de l’épicier maghrébin) en en faisant la base d’une série de tableaux non conventionnels. «Ma peinture s’appuie principalement sur la multitude des objets et des formes. Elle en traduit la diversité, explique l’artiste. L’encombrement des objets dans mes toiles et dans mes installations n’est que la représentation de la foule, foule dense qui est force et mouvement. J’ouvre sans cesse un dialogue dont les maîtres-mots sont Tolérance et Paix. Ils sont à l’œuvre dans la dynamique du métissage». Métissage de cultures que Abderrazak Sahli porte en lui et qu’il jette donc «spontanément» dans l’espace toile. Étiqueté «le plus Occidental des peintres tunisiens», sans doute à cause de sa formation et de son long séjour en France (après avoir fait les beaux-arts à Tunis, il étudie la peinture à l’université de Paris VIII, puis la gravure à l’École nationale des beaux-arts avant de travailler dans la capitale française durant dix-sept ans dans différents domaines artistiques : photo, poésie, installation, sculptures, céramiques livres…). Classé «le peintre le plus avant-gardiste de Tunisie», Abderrazak Sahli puise paradoxalement dans les différents patrimoines qui irriguent sa terre natale. Il mélange dans ses peintures des motifs architecturaux islamiques, des éléments d’inspiration africaine et berbère ou encore tirés des tapis d’Orient, ainsi que des calligraphies phéniciennes et carthaginoises. L’amalgame rappelle les mosaïques que l’on voit en Tunisie. Et joue souvent sur les frises et les faux encadrements. De ce métissage d’inspiration traditionnelle et de techniques modernes, Abderrazak Sahli élabore des compositions originales, jubilatoires, dynamiques et esthétiques. À découvrir.
Accrochage jusqu’au 7 février, à la galerie Janine Rubeiz (Raouché, immeuble Majdalani), d’une vingtaine de toiles de Abderrazak Sahli, un des grands peintres tunisiens contemporains. Cet artiste qui est né et qui vit à Hammamet est visiblement un homme heureux. Cela est autant perceptible dans ses yeux rieurs que dans ses toiles : des acryliques sur jute où foisonnent, dans...