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Actualités - REPORTAGES

ENVIRONNEMENT - Délai de quatre ans aux taxis-services avant l’interdiction totale de ce combustible - Les Libanais en danger de mazout ...

D’après une étude récente menée par le Centre libanais de recherche, en collaboration avec l’Institut de Harvard pour le développement et le ministère libanais de l’Environnement, le mazout serait l’un des principaux agents de la pollution atmosphérique au Liban. Le pays risque ainsi de subir une dégradation importante de son environnement et une altération substantielle de la santé et de la qualité de vie de la population, d’autant plus que – crise économique oblige – l’utilisation du mazout ne fait qu’augmenter depuis 1995. De par sa géographie même, le Liban est prédisposé à stocker les matières polluantes qui se dégagent chaque jour des pots d’échappement de quelque 1 300 000 voitures qui constituent le parc automobile local, sans compter les usines et l’incinération des déchets. Les hautes montagnes bordant le littoral empêchent l’évacuation de l’air pollué qui stagne au-dessus des grandes villes côtières, en particulier au-dessus de Beyrouth. Combinée, de manière générale, au réchauffement de la planète et à un taux local d’humidité très élevé, la pollution atmosphérique finit par devenir oppressante pour les Beyrouthins, en particulier durant les mois de juillet et d’août. De plus, la course aux appareils d’air-conditionné en été ne constitue qu’une fuite en avant, puisque même s’ils rafraîchissent l’air ambiant, ces derniers ne protègent pas contre la pollution dont le taux le plus élevé se trouve, paradoxalement, dans les maisons et non pas dans les rues, lavées par le vent et les pluies. En outre, l’augmentation des cas d’asthme et d’allergies, voire même de cancers, notée par de nombreux praticiens est à mettre en relation avec l’utilisation de plus en plus fréquente du mazout qui dégagerait des substances bien plus nocives que l’essence. Taxis-services et vans À l’origine de cette déferlante du mazout, l’introduction illégale à partir de 1995 de moteurs diesel destinés à un emploi agricole et qui ont été vendus illégalement aux taxis-services – au prix de 1 000 $ le moteur – sous le regard indulgent des responsables. Depuis, le nombre des taxis-services n’a fait qu’augmenter, atteignant à l’heure actuelle le chiffre record de 57 000 automobiles et vans pour un réseau routier de petite envergure. À titre d’exemple, on n’en dénombre pas plus de 12 000 en Jordanie, dont la superficie et le réseau routier sont pourtant bien plus importants que ceux du Liban. De plus, ces véhicules circulent en moyenne huit heures par jour contre une heure seulement pour les voitures privées. Ils ont souvent dix à vingt ans de service derrière eux et ne subissent aucun contrôle mécanique. D’après des statistiques faites par Consumer’s Lebanon, 83 % de ces taxis-services utilisent le mazout et ce n’est pas là le moindre mal. Le mazout employé est dans la plupart des cas un mazout industriel, bien plus nocif que le mazout normal prévu pour être utilisé par les automobiles ou ce qu’on appelle le diesel. Sans oublier que le nombre excessif de ces taxis-services contribue à l’augmentation de l’embouteillage et, par conséquent, à celui de la pollution atmosphérique. La solution au problème passait donc bien par la limitation des taxis-services. Pas plus tard que le 5 janvier dernier, la commission parlementaire des Travaux publics et des Transports, réunie sous la présidence du député Mohammed Kabbani, a approuvé une proposition de loi visant à limiter la pollution provoquée par le parc automobile. Cette proposition vise à encourager l’utilisation de l’essence sans plomb et du gaz naturel et prévoit surtout l’interdiction d’importer des véhicules fonctionnant au mazout à partir du 31 décembre 2001 et l’interdiction de l’usage de ce combustible à partir du 31 décembre 2004. De plus le contrôle mécanique sera de nouveau obligatoire pour les voitures de plus de cinq ans, et ce à partir de l’année prochaine. La dimension socio- économique du problème Certes, quoiqu’en retard, l’État a réagi. Toutefois, cette proposition de loi pose un nouveau problème, puisqu’elle retarde l’interdiction de l’usage du mazout jusqu’au 31 décembre 2004. Or cela risque d’aggraver considérablement les phénomènes liés à l’emploi massif du mazout au niveau de l’environnement et causera très probablement une nouvelle augmentation des cas d’allergie, d’asthme ou de cancers. En réalité, la question de l’interdiction du mazout n’est pas aussi simple puisqu’elle touche les couches sociales les plus défavorisées parmi lesquelles se recrutent les chauffeurs de taxis-services. Ce problème revêt donc une dimension socio-économique derrière laquelle l’État pourrait trouver refuge. Toutefois, la réglementation des taxis-services et la limitation de leur nombre ne lèsent pas tout à fait les intérêts de ces derniers puisque eux-mêmes pâtissent du nombre croissant de véhicules qui se font la concurrence. L’État devrait donc se charger de régler au plus vite ce dossier en profondeur, évitant par là les réponses faciles. Plusieurs ONG se sont déjà penchées sur la question et travaillent en concertation avec le syndicat des propriétaires de taxis-services. Ces derniers se disent prêts à respecter les mesures adoptées, tant qu’on leur offre une alternative. Pour trouver une solution à un problème qui touche l’ensemble de la population libanaise, toutes couches socio-économiques confondues, il faudrait donc inclure les revendications de tous les groupes concernés, avec un seul régulateur, l’État.
D’après une étude récente menée par le Centre libanais de recherche, en collaboration avec l’Institut de Harvard pour le développement et le ministère libanais de l’Environnement, le mazout serait l’un des principaux agents de la pollution atmosphérique au Liban. Le pays risque ainsi de subir une dégradation importante de son environnement et une altération...