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Actualités - CHRONOLOGIES

Vie politique - Le chef du PSP chez Moawad et Karamé - Joumblatt : Prêt au dialogue avec le chef de l’État, s’il le veut

Concrétisant un souhait exprimé depuis plusieurs mois, le chef du PSP Walid Joumblatt s’est rendu hier au Liban-Nord pour sceller une alliance avec l’ancien Premier ministre Omar Karamé et la députée Nayla Moawad. Si la chaleur de l’accueil était au rendez-vous, tant à Zghorta qu’à Tripoli, il n’a en revanche pas été question de former un front d’opposition entre les trois pôles politiques, un tel regroupement étant jugé prématuré. M. Joumblatt a mis à profit cette visite pour réitérer ses principales prises de position tout en se déclarant prêt au dialogue avec le chef de l’État Émile Lahoud. M. Joumblatt est arrivé vers 11h30 à Zghorta en compagnie de l’ex-candidat aux législatives au Liban-Nord Samir Frangié. S’adressant à la presse au cours de la rencontre, Mme Moawad a rendu hommage au chef du PSP, indiquant qu’elle le recevait «non pas simplement en sa qualité de député, d’ancien ministre et de leader national, mais aussi en tant que l’un des piliers de l’entité libanaise». «C’est aussi l’héritier de Kamal Joumblatt, le martyr de la cause nationale, que nous recevons dans la maison de René Moawad, le premier martyr de Taëf et celui de l’unité nationale», a-t-elle ajouté. «Mais ce qui nous unit surtout n’est pas le martyre pour le salut de l’identité nationale. C’est la bataille permanente pour affirmer cette identité qui est aujourd’hui menacée plus qu’elle ne l’a jamais été», a-t-elle dit. Pour Mme Moawad, «la confusion qui caractérise le pouvoir de prise de décision sur le plan intérieur renforce le discours confessionnel et sectaire, pousse les uns à accuser les autres de trahison et contribue au déclin économique». «Privés de solutions visibles à l’horizon, les gens sont désemparés et abandonnent facilement leur identité», a-t-elle souligné, estimant que l’éventualité de l’arrivée au pouvoir d’Ariel Sharon en Israël «ajoute à la confusion générale». «Dans un tel contexte, seule l’unité nationale est susceptible de consolider notre identité. Mais il ne saurait y avoir d’unité nationale sans un renforcement des libertés publiques et à l’ombre des accusations de trahison et des surenchères. Il n’y aurait pas non plus d’unité nationale sans un engagement de principe, et non d’intérêt, en faveur d’une ligne politique arabe dans laquelle la souveraineté libanaise ne serait pas noyée», a encore dit Mme Moawad. «Voilà les dénominateurs communs qui nous unissent à Walid Kamal Joumblatt», a-t-elle conclu. M. Joumblatt devait pour sa part insister, comme il le fait depuis plusieurs mois, sur «la bataille pour la sauvegarde des libertés et la consécration du dialogue entre toutes les catégories du peuple libanais». «C’est aujourd’hui notre plus grand défi», a-t-il dit. «Le Liban ne pourrait continuer à vivre dans cet environnement arabe et islamique que si les libertés et la démocratie y étaient consolidées. Voilà le rôle du Liban, son histoire, son authenticité. Faute de quoi, le Liban n’aurait plus de valeur», a-t-il souligné. Interrogé par les journalistes, M. Joumblatt a indiqué que l’objectif de sa visite n’était pas de former un front avec Mme Moawad et M. Karamé. «Une simple rencontre autour de dénominateurs communs, comme la défense des libertés et la sauvegarde de la société civile, est pour l’instant suffisante», a-t-il déclaré. Démentant des rumeurs selon lesquelles il serait en désaccord avec le chef du gouvernement Rafic Hariri, il a ajouté : «Les journaux racontent beaucoup de choses et il y a ceux qui sont derrière, à savoir les services (de renseignements) qui balancent de telles informations». Enfin, au sujet de ses relations avec le président Lahoud, M. Joumblatt a indiqué qu’il souhaitait qu’un dialogue avec lui s’établisse «dès aujourd’hui». «S’il souhaite dialoguer avec moi, je n’y vois aucun inconvénient», a-t-il dit. Du gel à Dahr el-Baidar Le chef druze devait revenir sur cette question au cours d’une conférence de presse commune après sa rencontre avec M. Karamé à Tripoli. Indiquant que l’existence de certaines divergences de points de vue entre le chef de l’État et lui ne devait pas empêcher le dialogue, il a souligné qu’il était prêt à écouter l’opinion de M. Lahoud. «J’ai mon point de vue concernant le Liban-Sud et la question régionale, mais j’aimerais bien écouter le sien», a-t-il dit. Pour ce qui est de la Syrie, «s’ils veulent bien me recevoir, je suis prêt, et sinon, c’est leur problème», a-t-il lancé. «La semaine dernière, il y a eu du gel sur la route de Dahr el-Baidar», a-t-il dit, déclenchant l’hilarité générale. M. Joumblatt était arrivé chez M. Karamé en début d’après-midi, accompagné de Mme Moawad et de M. Frangié. À Tripoli, il a eu droit à un accueil populaire en présence des membres de la liste électorale Karamé-Moawad de l’été dernier, des édiles de la ville et de nombreuses personnalités. Au cours de la conférence de presse, l’ancien Premier ministre devait à son tour rendre hommage à M. Joumblatt, tout en évitant de définir leur alliance comme entrant dans le cadre d’un mouvement d’opposition. «Notre devoir est de collaborer avec tous les grands, non pas pour être des partisans ou des opposants, mais pour tenter de trouver des solutions pratiques à la crise. Avec ou sans front, nous nous retrouvons avec Walid Bey et avec tous les autres gens de bien pour rendre service à ce peuple et à cette patrie», a-t-il déclaré. Quant au chef du PSP, il devait reprendre devant les journalistes quelques-uns de ses thèmes favoris, affirmant notamment qu’il continuait à soutenir l’appel à un congrès national pour le dialogue qui avait été lancé il y a quelques mois par M. Karamé. M. Joumblatt répondait à une question sur les propos du chef de l’État estimant que l’opposition devait agir au sein des institutions. «Mais tout le monde n’est pas représenté au sein des institutions», a rétorqué le chef druze. M. Joumblatt devait par ailleurs se prononcer implicitement pour la privatisation de «secteurs publics non productifs, sans que cela signifie qu’on pourra se passer de l’État». À l’issue de la conférence de presse, M. Karamé a offert un banquet en l’honneur de tous ses hôtes.
Concrétisant un souhait exprimé depuis plusieurs mois, le chef du PSP Walid Joumblatt s’est rendu hier au Liban-Nord pour sceller une alliance avec l’ancien Premier ministre Omar Karamé et la députée Nayla Moawad. Si la chaleur de l’accueil était au rendez-vous, tant à Zghorta qu’à Tripoli, il n’a en revanche pas été question de former un front d’opposition entre...