De Mistura : La présence des mines empêche le développement du Liban-Sud

Le ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud a reçu hier, au palais Bustros, M. Steffan de Mistura, représentant personnel du secrétaire général des Nations unies Kofi Annan au Liban-Sud. À l’issue de la rencontre, M. de Mistura a déclaré qu’elle avait servi à discuter de l’aide que les Nations unies pourraient apporter au Liban, «surtout au niveau du Liban-Sud qui est au centre de ma mission», ajoutant que la présence des mines empêche le développement du Liban-Sud. «La question des mines a des incidences très négatives sur le retour à la normale au Liban-Sud. Elle empêche la participation des pays donateurs (à des projets de développement), les travaux agricoles et le retour des habitants sur leurs terres», a-t-il indiqué. Il a ajouté qu’il était convenu avec le chef de la diplomatie libanaise de la nécessité de mener une action d’envergure pour débarrasser le Liban-Sud du danger des mines et que l’Onu est prête à y participer. Toujours sur le plan de la sécurité, M. de Mistura a insisté sur l’importance que les Nations unies accordent au retour du calme et de la stabilité au Liban-Sud pour assurer un climat propice aux investissements et susceptible d’inspirer confiance aux pays donateurs. C’est pour cette raison, a-t-il poursuivi, que «nous réclamons une présence plus effective du gouvernement libanais et de la communauté internationale dans cette région qui est devenue quasi désertée (...). Je suis persuadé que le gouvernement libanais prendra les mesures nécessaires en ce sens». Questionné sur l’existence d’une enquête internationale sur l’usage de munitions à l’uranium appauvri par Israël durant ses années d’occupation du Liban-Sud, il a répondu qu’il faut aborder le problème du point de vue scientifique. «En Europe, ce problème est examiné sous son aspect médical. La meilleure manière de l’analyser n’est sûrement pas sous l’optique politique et militaire (...). Nous ne possédons pas d’informations précises à ce niveau, mais la possibilité n’en est pas moins inquiétante. Il n’existe pas de raisons qui empêchent d’appliquer au Liban les mesures prises en Europe à ce niveau», a-t-il assuré. Durant ses entretiens avec M. de Mistura, le chef de la diplomatie libanaise a invité les Nations unies et les pays amis possédant l’expertise nécessaire à redoubler d’efforts pour parvenir au déminage total du Liban-Sud. Il a également appelé, à cet effet, à l’établissement d’une étroite coordination entre les Nations unies, le Canada, la Russie, la Jordanie, l’Égypte et le Pakistan. M. Hammoud a aussi avisé le représentant personnel du secrétaire général des Nations unies de la détermination libanaise à libérer les hameaux de Chébaa. Selon les estimations de l’Onu, Israël a laissé au moins 130 mille mines dans la bande frontalière de 850 km2 qu’elle a occupée au Liban-Sud pendant 22 ans, avant son retrait le 24 mai. Le porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies (Finul), Timour Goksel, a précisé qu’Israël a fourni à la Finul des cartes de l’emplacement de 70 000 mines, la plupart antipersonnel, placées le long de la frontière internationale avec le Liban. «Même si ces cartes aident la Finul à déminer sa zone d’opérations, elles ne couvrent pas en profondeur» l’ancienne zone occupée et la région de Jezzine, dans son prolongement nord, contrôlée pendant 14 ans par l’Armée du Liban-Sud (ALS), a-t-il ajouté. La Finul avait indiqué le 15 janvier que ses sapeurs ont désamorcé jusqu’à présent 2 159 explosifs (mines, obus non explosés, engins explosifs). Le Liban a demandé l’aide des pays arabes pour financer une partie des opérations dont le coût est estimé à plus de 50 millions de dollars américains. Jusqu’à présent, seules la Jordanie et l’Égypte ont confirmé qu’elles étaient prêtes à envoyer des équipes d’experts pour aider aux opérations de déminage, actuellement menées par l’armée libanaise et la Finul. L’Italie a fait un don de 250 mille dollars américains au Liban pour l’aider dans ces opérations de déminage, et l’Ukraine a envoyé une équipe d’experts. Rappelons que 9 civils ont été tués et plus de 60 autres blessés par des mines depuis le retrait israélien. Les mines ont également blessé une douzaine d’artificiers de l’armée lors d’opérations de déminage. À Baabda M. de Mistura s’est ensuite rendu à Baabda où il a été reçu par le président de la République Émile Lahoud. Les entretiens ont essentiellement porté sur la situation au Liban-Sud à la lumière des récents développements. À sa sortie du palais présidentiel, M. de Mistura devait déclarer qu’il avait procédé avec le chef de l’État à un tour d’horizon de la situation qui prévaut au Liban-Sud à la veille de la publication du rapport du secrétaire général des Nations unies Kofi Annan qui sera soumis au Conseil de sécurité avant la demande de prorogation du mandat de la Finul au Liban-Sud.