Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

ASSEMBLY HALL – AUB - Fragrances belcantistes à travers arias et duos

Une soirée «opératique» où sont célébrés Puccini, Verdi, Bellini, Bizet, Gounod, Donizetti, Delibes, Mascagni, Rossini et Mozart. Des bribes (arias et duos) peut-être mais quelle tournée belcantiste pour ce menu riche et varié abordant des mélodies accessibles au grand public sans être pour autant faciles. Sur scène, trois sopranos (Nona Manoyan, Nicoletta Dinu et Lillia Dragomir), une mezzo soprano (Muriel Antoury), un ténor (Edgar Aoun), une basse (Wadih Abou Raad) et un baryton (Kevork Karametelian), et pour accompagner ces voix aux timbres, variantes et modulations différemment colorées, Olga Bolun au clavier. À noter, maîtresse officiante en coulisse, Penny Pavlakis, familière de notre public qui l’a déjà applaudie à plus d’une prestation où art lyrique et accents orientalo-modernes faisaient chez elle un mélange inédit et intéressant. Arias et duos se sont partagé les faveurs du public et des protagonistes. Ouverture avec des pages de Puccini tirées de La bohème. En premier lieu, le célèbre air de Musette se promenant seule dans la rue et ensuite celui de Vecchia zimarra au dernier acte où Colline cède son manteau pour garnir un garde-manger vide… Plus vif et pétillant est le passage des Remparts de Séville où l’on danse la seguidilla avec la flamboyante Carmen de Bizet. Séduction et perfidie de Don Giovanni du divin Mozart chantant ses amours éphémères sous les fenêtres avant que le public n’écoute ce duo où la paysanne Zerline et le diabolique stratège du cœur de ces dames croisent «vocalement» le fer… Des manigances de l’incorrigible séducteur on passe aux trilles et volutes de la charmante aria des bijoux (ciselée de main d’orfèvre, c’est le cas de le dire) de la Marguerite de Faust de Gounod. Elle rit de se voir si belle en ce miroir…Vanité quand tu nous tiens... Mélodie captivante, palpitante et un tantinet chagrine que celle d’«una furtiva lagrima» de L’Elixir d’amour de Gaetano Donizetti. Langage des fleurs sur une musique (de Léo Delibes) des plus délicieuses telle une ondoyante barcarolle entre Mallika l’esclave et Lakmé, la fille d’un prêtre brahmane fanatique. Alternance céleste de deux voix féminines s’entrelaçant comme des lianes… Drame de la jalousie, mélodie déchirante et sinueuse pour ce passage tourmenté, à la sensibilité vive et aux sentiments blessés de la paysanne Santuzza, séduite et abandonnée de l’opéra Cavalleria Rusticana de Pietro Mascagni. Cri d’amour magnifique et pathos ultralyrique, au sens premier du terme… Duo de femmes pour écrire une lettre, vivant et plein de panache des Noces de Figaro de Mozart pour reprendre sur un air de baryton de sir Richard Forth, avec une cavatine grave et tragique (Ah ! je t’ai perdue à jamais !) des I Puritani de Vincenzo Bellini. Plus lumineuse et faussement transparente (car chargée de combien de trahisons !) est cette confidence de Dalila qui révèle que son «cœur s’ouvre à la voix» de Samson de Camille Saint-Saens. Humour et sens du rire avec le duo des deux chats d’un Rossini éminemment inspiré par les modulations de ces doux compagnons qui ne se contentent pas de ronronner ici avec un talent époustouflant mais poussent des miaulements fort… mélodieux. Retour au tragique avec l’esclave Liu dans Turandot de Puccini chantant le sommet émotionnel de l’œuvre avec une aria vouée au louange des vertus féminines dont la princesse impitoyable semble dépourvue. Liu lance avec feu ce «Tu, che di gel sei cinta» (Toi, dont le cœur est de glace). Toujours dans les atmosphères dramatiques mais teintées ici d’une certaine douceur avec les souvenirs d’enfance du comte Rodolphe, le seigneur du château dans La Somnambula de Bellini. Accents pucciniens avec une Mimi saisie d’une toux violente et marquant son adieu de tendresse avec ce «Donde lieta usci» qui se termine par Addio, senza rancore (Adieu, sois heureux). Moment vocalement des plus intéressants car on écoute un trio (deux sopranos et une basse) faisant vivre les personnages de Fiordiligi, Dorabella et Alfonso dans un passage de Cosi fan tutte de Mozart. Trio merveilleusement évocateur «soave sia il vento» qui appelle, sur un ton idyllique, la clémence des vents et des mers sur les voyageurs. Les aveux éthérés de La Tosca de Puccini sont sublimes dans ce passage où éperdue elle chante le célèbre et bouleversant Vissi d’arte, vissi d’amore, non feci mai male ad anima viva», généreuse et magnifique musique de Verdi qui déverse sur l’auditoire la brûlante douleur passionnée d’une grande amoureuse. L’aria «la donna e mobile» du Rigoletto de Verdi est certes populaire mais par ses phrases sautillantes et entrainantes, lumineux leitmotiv de l’œuvre, reste sans nul doute comme un fanion dans le vent du répertoire lyrique tant on l’écoute avec plaisir et volupté. Pour boucler la ronde, un dernier duo de voix masculines «al fato dan legge» de Cosi fan tutte de Mozart. Salve d’applaudissements d’un public nombreux (il a bravé la pluie et l’orage ce soir-là pour le bel canto) et attentif, heureux de découvrir de jeunes talents qui défendent avec bravoure et simplicité (malgré les robes longues noires ou rouge cardinal, les cols empesés, les costumes sombres et les obséquieuses révérences car cela c’est de la belle tenue de scène), les couleurs d’un art lyrique mêlant avec finesse les plus vertigineuses acrobaties vocales aux frémissements les plus secrets du cœur.
Une soirée «opératique» où sont célébrés Puccini, Verdi, Bellini, Bizet, Gounod, Donizetti, Delibes, Mascagni, Rossini et Mozart. Des bribes (arias et duos) peut-être mais quelle tournée belcantiste pour ce menu riche et varié abordant des mélodies accessibles au grand public sans être pour autant faciles. Sur scène, trois sopranos (Nona Manoyan, Nicoletta Dinu et Lillia...