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Actualités - ANALYSES

L’opposition parlementaire fourbit ses armes

En s’emparant du budget, les députés vont tenter d’abord de faire le travail pour lequel ils ont été élus. C’est-à-dire de faire gonfler les crédits des ministères dits de services, afin d’en redistribuer la manne à leurs districts et à leurs électeurs respectifs. Cette approche particulière va se déployer surtout lors du passage du projet devant la commission des Finances. Une fois le débat ouvert en séance plénière, le propos devrait se faire plus général, et se politiser nettement. Car il existe dans la présente législature une opposition parlementaire assez forte, qui entend porter au gouvernement en place de sérieux, sinon de furieux, coups de boutoir. Pour commencer à l’ébranler afin que sa durée de vie n’excède pas ces huit ou neuf mois dont on parle comme délai de grâce. Le péril n’est pas immédiat. Il n’empêche que les dirigeants en gardent conscience. Et qu’ils s’efforcent dès lors de mieux cimenter un front gouvernemental déjà fortement ébréché par de multiples querelles. Il s’agit pour le camp loyaliste d’éviter que le débat sur le budget ne tourne à une première défaite annonciatrice de débâcle. Une perspective d’autant plus plausible que le défaut de la cuirasse est tout trouvé : les conflits aigus qui opposent les pôles principaux du pouvoir et que les intéressés, qui ne parviennent même plus à les camoufler, tentent de minimiser en les qualifiant de «simples divergences». Dans leur guérilla de harcèlement, les opposants ne vont pas manquer de matraquer ce thème, facile et rentable. En soulignant à volonté cette contradiction : pour ne pas recruter à l’Est, on a formé la présente équipe ministérielle monochrome sous le label d’une cohésion qui s’avère en définitive la dernière de ses qualités. Et ce propos, les opposants vont sans doute se régaler autant des clivages entre les ministres qu’entre les présidents. Ou encore, entre les ministres et les présidents. À ce sujet, un ministre qui se trouve être membre d’un important bloc parlementaire, avoue dans ses assises privées que le pouvoir «vit dans un climat de tension très éloigné de la confiance mutuelle que les dirigeants affichent dans leurs assurances publiques. La méfiance se perçoit nettement au cours des séances du Conseil des ministres, dont les travaux s’en trouvent régulièrement perturbés. Et qui, parfois, doit même renoncer à se réunir, comme cela a été le cas après les diatribes de M. Walid Joumblatt contre le régime». Effectivement quand on en arrive à ce point-là-là, c’est bien plus de divorce que de lune de miel qu’on peut parler. Ce ministre, en veine de sincérité, tient à rendre hommage «au président Hariri : contourné, sinon lâché, par ses alliés, constamment sollicité par les tiraillements avec les autres pouvoirs, il ne fait pourtant grise mine à personne. Au contraire, il tente inlassablement de jouer les conciliateurs et s’interdit toute réaction négative quand ses propres positions sont attaquées, directement ou indirectement, volontairement ou non». C’est là, on s’en doute, une allusion tout à la fois aux soucis que les partisans du régime peuvent causer à M. Hariri et au sentiment d’inopportunité qu’il a pu éprouver au sujet de la bombe Joumblatt. Ce ministre indépendant souligne ensuite que «le chef du gouvernement reste, contrairement à d’autres, imprégné de la gravité de la situation économique. Le redressement est à ses yeux une priorité absolue qui mérite qu’on lui sacrifie tout avantage politique. Et qui nécessite une mobilisation générale de toutes les potentialités. Dans cet esprit, M. Hariri estime que l’opposition devrait se soucier de se montrer constructive. Et, à plus forte raison, que le pouvoir doit solidement unifier ses options comme ses rangs». Mais un autre ministre, officiellement haririen pour sa part, soutient que «l’entente règne entre le président de la République et le président du Conseil. Contrairement à ce qu’on laisse entendre, les débats en Conseil des ministres se déroulent dans une atmosphère positive, à un niveau élevé d’objectivité comme de courtoisie. Tout le monde veut faire prévaloir avant tout l’intérêt national, avec un sens certain de la responsabilité». Un avis que partage un pôle influent, ancien ministre, qui pense que «le chef de l’État se préoccupe de la réussite du présent gouvernement. Pour le bien du pays, certes, mais aussi pour colmater les brèches regrettables ouvertes au cours des deux dernières années. On sait en effet que le régime a dû couvrir de son propre crédit les dérives du Cabinet précédent, et il tient aujourd’hui à remettre les pendules à l’heure. D’autant que la priorité économique le requiert. Ainsi du reste que les échéances régionales.
En s’emparant du budget, les députés vont tenter d’abord de faire le travail pour lequel ils ont été élus. C’est-à-dire de faire gonfler les crédits des ministères dits de services, afin d’en redistribuer la manne à leurs districts et à leurs électeurs respectifs. Cette approche particulière va se déployer surtout lors du passage du projet devant la commission des...