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Actualités - ANALYSES

Communauté - Prix de consolation pour le Hezbollah : la vice-présidence du CSC - Kabalan favori pour succéder à Chamseddine

Avec la disparition d’une des plus grandes figures de la communauté religieuse chiite, la question de la succession se pose avec d’autant plus d’acuité que le poste suppose un délicat équilibre entre le religieux et le politique que cheikh Mohammed Mehdi Chamseddine avait su maintenir à merveille. Qui d’Amal ou du Hezbollah, les principales forces en présence, gagnera la bataille ? D’ailleurs, y aura-t-il véritablement opposition autour de cette échéance, qui, au-delà de sa portée nationale, porte aussi une dimension régionale ? Depuis quelques jours, les interrogations vont bon train et les noms des candidats circulent dans les coulisses. Alors que Naïm Qassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah avait été vaguement cité comme favori par des sources proches du parti la semaine dernière, cette information a été démentie par la suite. Le nom d’Ibrahim Amine el-Sayed, chef du conseil politique de la même formation, devait être évoqué ensuite parallèllement à d’autres noms qui ont été avancés dans les milieux proches des deux partis concernés et parmi certaines personnalités proches du Conseil supérieur chiite. Cheikh Hassan Aouad, originaire de Jbeil et membre de la commission religieuse du CSC, cheikh Ali el-Amine, le mufti de Tyr et directeur du centre des études islamiques (un proche de Nabih Berry), sayyed Mohammad Hassan el-Amine, le juge jaafarite de Saïda (proche de Mohammad Mehdi Chamseddine), et, enfin, Abdel Amir Kabalan, le vice-président actuel du CSC, autant de noms qui sont cités comme d’éventuels candidats aux prochaines élections qui doivent normalement avoir lieu d’ici à deux mois, bien qu’aucune information officielle n’ait filtré à ce propos. Concilier les forces en présence «Il est encore très tôt pour soulever cette question», souligne un porte-parole du Hezbollah qui dément qu’une réunion ait eu lieu entre le président de la Chambre Nabih Berry et le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Le plus important, relèvent les observateurs, est de résoudre l’équation principale devant cette pléthore de noms à savoir comment concilier les forces en présence, Amal et le Hezbollah, en premier lieu. «Il n’est pas question que le parti de Dieu puisse postuler à un poste tel que celui du Conseil supérieur chiite», affirme Mahmoud Ammar, ancien député et ministre, un des fondateurs du CSC. Le président de ce conseil doit faire l’unanimité entre les différentes communautés et bénéficier de l’approbation de toutes les parties en présence. Par conséquent, «un président partisan ne saurait remplir ce rôle national», ajoute M. Ammar qui doute qu’un candidat du parti de Dieu soit envisagé, «même pour la vice- présidence». Pour M. Ammar, c’est le président de la Chambre et lui seul qui tient les ficelles. «Tout d’abord, dit-il, n’oublions pas les liens profonds qui lient M. Berry au CSC depuis pratiquement sa naissance. En second lieu, il y a le poids du vote qui penche nécessairement en faveur du chef d’Amal, ce dernier ayant une majorité de députés au sein du collège électoral». Ce que conteste par ailleurs cheikh Mohammad Kawtharani, du Hezbollah, qui estime que son parti compte à lui seul 9 députés au sein du CSC, alors que Amal n’en compte que 7, les 8 députés restants étant des indépendants. Mais personne ne peut encore connaître les intentions de vote de ces derniers et il n’est pas dit qu’ils voteraient pour un candidat du Hezbollah. Un homme de consensus Certains observateurs estiment pourtant que si la présidence doit nécessairement revenir à un homme de consensus (le nom de Abdel Amir Kabalan est donné favori par plusieurs sources concordantes), le poste de vice-président sera le plus probablement réservé au Hezbollah, qui aura ainsi assuré «sa part» dans l’équation. «La Syrie est tout aussi impliquée dans ce processus. Elle a également intérêt à trouver une personne qui fasse l’unanimité et à calmer le jeu au maximum», précise M. Ammar, qui laisse penser que cette dernière n’est certainement pas favorable à l’accès du Hezbollah à ce conseil, symbole par excellence du dialogue et de la modération. Certains analystes iront plus loin en voyant à travers cette succession un tiraillement syro-iranien, les Iraniens cherchant à imposer leur candidat via le parti de Dieu. «Il est absurde de pousser aussi loin l’analyse et de penser que la diplomatie iranienne irait jusqu’à s’intéresser aux détails intérieurs de la vie libanaise. Les Iraniens ont d’autres chats à fouetter», nous affirme un analyste proche des milieux diplomatiques concernés. «D’ailleurs, il faut bien comprendre que la République iranienne ne commande pas les actions du Hezbollah, qui pourrait, dans certaines conjonctures, s’en référer aux hautes instances de la République islamique. Le parti est désormais bien plus inféodé à la Syrie qu’à l’Iran». Partage des postes Toujours est-il que cet interlocuteur confirme, à l’instar de beaucoup d’autres, que le poste de vice-président reviendra très probablement au Hezbollah, tombé en parfait accord avec Amal sur le partage des postes. Du moins est-ce le discours que l’on entend discrètement, depuis quelque temps, dans les antichambres. Quant à la version officielle, c’est Arafat Hijazi, le conseiller de Nabih Berry, qui s’en est fait le porte-parole, non sans quelques hésitations : «Il est indélicat de parler actuellement de succession alors que nous n’avons même pas encore commémoré la quarantaine du sayed», lance l’ancien journaliste qui n’hésite pas toutefois à affirmer que quelle que soit la situation, il y a un accord absolu entre les deux formations en présence, afin d’éviter toute polémique sur cette question. Entendre : le conflit serait fatal pour la communauté et le compromis est incontournable. «Le plus probable est que cheikh Kabalan, qui doit actuellement assurer l’intérim pendant deux mois, soit par la suite désigné à la faveur d’un consensus», avance M. Hijazi qui n’exclut pas la nomination d’un vice-président du Hezbollah. Celui-ci devra être originaire de la Békaa (de préférence), afin de respecter un autre type d’équilibre, celui des régions, le président étant traditionnellement issu du Liban-Sud. Dans les milieux proches du Hezbollah, on fait monter les enchères. Si l’on reconnaît dans l’ensemble que la succession est une carte entre les mains du président de la Chambre, la direction du parti ne semble pas prête à baisser les bras. «La présidence de la Chambre est déjà acquise au mouvement Amal. Il serait tout simplement légitime que le CSC revienne au Hezbollah», affirme un porte-parole du parti. Leurs favoris ? Cheikh Mohammad Yazbeck, sayyed Ibrahim Amine et cheikh Aziz Naboulsi. Le Hezbollah place-t-il la barre aussi haut pour obtenir un minimum, la vice-présidence ? Peut-être. En tous les cas, les choses sérieuses ne commenceront que dans quelques semaines, une fois le délai des quarante jours passé. Alors débuteront les négociations, marchandages et autres tractations pour pourvoir à un poste clé au sein de la communauté chiite, celui qui fut pendant très longtemps la tribune des voix modérées. Ce haut lieu spirituel, conçu par son fondateur pour «encourager les projets culturels religieux et contribuer à élever le niveau intellectuel et spirituel dans toute la nation», connaîtra des jours difficiles, si un véritable compromis n’est pas trouvé autour de la personnalité de son nouveau chef, qui ne peut être qu’un disciple de la première heure de Moussa Sadr, son concepteur et fondateur.
Avec la disparition d’une des plus grandes figures de la communauté religieuse chiite, la question de la succession se pose avec d’autant plus d’acuité que le poste suppose un délicat équilibre entre le religieux et le politique que cheikh Mohammed Mehdi Chamseddine avait su maintenir à merveille. Qui d’Amal ou du Hezbollah, les principales forces en présence, gagnera la...