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Actualités - ANALYSES

La cohésion gouvernementale sur la sellette

Les brusques attaques de M. Walid Joumblatt contre le président Émile Lahoud mettent de toute évidence en danger la cohésion du Cabinet en place. Car plusieurs ministres comptent, à l’instar de M. Sleiman Frangié, riposter au leader du PSP, au risque d’une brouille définitive avec ses trois représentants au sein de l’équipe. Au stade actuel, parallèlement aux efforts déployés par le président du Conseil M. Rafic Hariri pour régler cette affaire, les loyalistes tentent pour leur part de relativiser la gravité de la crise, pour en atténuer l’impact. Ainsi un ministre bien placé insiste sur le fait que «les propos de M. Joumblatt concernant le régime ou les services n’ont rien de nouveau. Ce n’est pas la première fois que le leader du PSP se démarque d’un gouvernement auquel il participe en personne ou par le truchement de représentants. Pour ne pas remonter loin, on peut rappeler que sa prise de position lors du débat de confiance place de l’Étoile, au sujet de la présence militaire syrienne, se situait aux antipodes de la déclaration ministérielle du Cabinet. On avait alors contourné cette contradiction en soulignant que, constitutionnellement, c’est le président du Conseil qui parle au nom du gouvernement et en exprime les options. De plus, la déclaration ministérielle avait été adoptée en Conseil des ministres sans qu’aucun membre du Cabinet ne demandât à faire consigner des objections sur tel ou tel point». Ce ministre soutient ensuite que «comme pour le cas précédent, on note aujourd’hui que les trois ministres qui le représentent ne participent pas eux-mêmes aux prises de position de M. Joumblatt hostiles au régime et aux services». «Ces trois ministres, ajoute leur collègue qui passe outre à leurs ripostes aux contempteurs de leur chef de file, restent solidaires du gouvernement en tout point. M. Joumblatt a son point de vue, et ils ont le leur propre. Si jamais il devait y avoir concordance avérée, alors il ne leur resterait qu’à démissionner. Pour le moment, répétons-le, les intéressés n’ont pas proclamé leur appui à la position de M. Joumblatt, qui ne le leur a du reste pas demandé». Sans doute parce qu’un tel appui va de soi. Le ministre cité ajoute cependant que la situation étant ce qu’elle est, il ne voit pas pourquoi «on soulèverait le problème lors de la prochaine séance du Conseil des ministres. Au lieu de riposter à la campagne de M. Joumblatt, le Conseil pourrait se contenter de lancer un appel à l’arrêt de polémiques qui portent préjudice au pays à un moment où il a besoin d’unité intérieure pour faire face aux développements régionaux. Le pouvoir peut également, dans son appel, souligner qu’il faut laisser la première magistrature hors de la portée des controverses, pour respecter son rôle d’arbitre et de symbole de l’unité nationale». L’ironie de la conjoncture, c’est que, comme le relèvent plusieurs professionnels, «on a formé ce gouvernement fondamentalement monochrome sous le slogan de la cohésion. Pour justifier la décision d’écarter encore une fois une formule d’entente nationale incluant l’Est politique». De fait on pourrait s’attendre, en bonne logique, à ce que les forces politiques qui participent au pouvoir le soutiennent et ne fassent pas, aussi, de l’opposition. Mais la logique est une chose et la politique locale en est une autre. Au-delà des péripéties actuelles, les cercles concernés mais également l’opinion publique se demandent jusqu’à quand et dans quelle mesure le pouvoir en place va-t-il rester cohérent. Les haririens pour leur part affirment que leur chef ferme les yeux sur de nombreuses transgressions constitutionnelles, sur de multiples empiètements de pouvoirs, son seul souci étant de sortir le pays de ses difficultés économiques et de réduire le déficit budgétaire comme le poids de la dette publique. Mais d’autres loyalistes n’hésitent pas à annoncer que si le redressement promis n’est pas amorcé d’ici à huit ou neuf mois, le Cabinet sauterait. Ce qui revient à dire qu’on l’attend au tournant et que les intentions à son propos ne sont pas des plus limpides. En tout cas, un constat s’impose : plus il y a de ministres, moins le Cabinet est productif et cohérent.
Les brusques attaques de M. Walid Joumblatt contre le président Émile Lahoud mettent de toute évidence en danger la cohésion du Cabinet en place. Car plusieurs ministres comptent, à l’instar de M. Sleiman Frangié, riposter au leader du PSP, au risque d’une brouille définitive avec ses trois représentants au sein de l’équipe. Au stade actuel, parallèlement aux efforts...