Liban-Pakistan - Le général Musharraf reçu hier par Lahoud - Appui total d’Islamabad à la politique régionale de Beyrouth

La visite à Beyrouth du général Pervez Musharraf, chef du régime militaire pakistanais, s’est déroulée dans une atmosphère des plus cordiales, et les deux pays semblent avoir une vision commune de tous les problèmes de l’heure sur la scène régionale. D’où le vibrant hommage que le président de la République, le général Émile Lahoud, a rendu au général Musharraf au terme de l’entretien qui a eu lieu hier matin au palais de Baabda entre les deux dirigeants. Islamabad manifeste ainsi un appui inconditionnel aux revendications du Liban concernant le retrait israélien des fermes de Chebaa, les indemnités que l’État hébreu doit verser à Beyrouth en compensation de tous les dommages occasionnés par l’occupation et la libération des détenus libanais en Israël. Le chef de l’Etat s’est aussi félicité de la volonté du gouvernement pakistanais de proposer son aide pour le déminage de la bande frontalière. De con côté, le responsable pakistanais a fait l’éloge du peuple libanais dans «sa lutte pour sa liberté et sa dignité face à l’occupation israélienne». Selon lui, la communauté internationale devrait accorder une aide au Liban pour la reconstruction et le développement de ses régions libérées. Soulignant enfin l’importance de la coopération économique entre les deux pays, le général Musharraf a estimé que la collaboration militaire libano-pakistanaise pourrait constituer «un modèle» pour tous les autres domaines. Les constantes libanaises À l’occasion du même entretien, le président Lahoud a réitéré les constantes de la politique régionale du Liban : «Un règlement de la crise au Moyen-Orient qui ne tiendrait pas compte des nouvelles réalités dans la région après la libération du Sud et de la Békaa-Ouest ainsi que de l’intifada palestinienne est forcément voué à l’échec», a-t-il affirmé à son interlocuteur. Insistant une fois de plus sur «une paix juste et globale seule susceptible d’apaiser le Proche-Orient», le chef de l’État a estimé que «toutes les politiques régionales qui n’ont pas tenu compte des aspirations des peuples conjuguées aux tentatives d’imposer des solutions artificielles ont ralenti les processus du règlement de la crise. Au contraire, les choses n’ont fait que se compliquer davantage», a-t-il ajouté avant d’affirmer que le Liban rejette catégoriquement l’implantation des Palestiniens dans le souci de parvenir à une paix juste et permanente dans la région. Dans la même logique, il revendique avec la Syrie un retrait israélien du Golan jusqu’aux frontières du 4 juin ainsi que la restitution au Liban des fermes de Chebaa et la libération des détenus en Israël. Les deux responsables ont examiné par la suite les relations bilatérales, convenant notamment de la nécessité de promouvoir le commerce entre les deux pays, sachant que le volume des exportations libanaises vers le Pakistan ne dépasse pas un million de dollars. Le chef du régime militaire pakistanais était arrivé à 9h au palais de Baabda, passant en revue un détachement de la garde présidentielle avant d’être reçu par le président Lahoud pour un entretien d’environ une heure. Après sa visite à la Chambre de commerce et d’industrie de Beyrouth, le général Musharraf s’est rendu au Sud en compagnie du ministre de la Défense Khalil Hraoui, représentant le chef du gouvernement Rafic Hariri, et du ministre d’État Bahige Tabbara. Il a fleuri à cette occasion les tombes des victimes de Cana avant d’annoncer l’envoi dans la bande frontalière d’une équipe d’experts pakistanais en déminage. Le chef du régime militaire pakistanais a clôturé sa visite au Liban par un dîner que le Premier ministre Rafic Hariri a offert en son honneur dans sa résidence de Koraytem. Il a quitté Beyrouth aux environs de 22h.