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Actualités - ANALYSES

Des initiatives contrées par un mystérieux Monsieur X

Pour ne pas faire de jaloux, l’Exécutif et le Législatif se retrouvent dans un même panier de rebuffades, pour ne pas dire de camouflets. Administrés par un mystérieux Monsieur X dont la puissance manifeste n’a d’égal que l’étrange anonymat. Ainsi l’initiative du président Rafic Hariri en direction de l’entente nationale, en passant par le tamis du cas Aoun, se retrouve étouffée dans l’œuf. Exactement comme celle du président Nabih Berry en direction de Bkerké. On peut aussi évoquer le tir de barrage essuyé par M. Walid Joumblatt lors de son ouverture sur l’Est. Pour le moment, c’est l’affaire Hariri contre X, ou l’inverse, qui reste au centre de l’actualité. Sans ménagements d’abord, puis en y mettant les formes à travers les déclarations nuancées du ministre de la Justice, «on» fait comprendre au président du Conseil qu’il n’est pas question de laisser le général Aoun retourner, comme il a cru pouvoir s’y engager. Le chef du gouvernement avait pourtant préparé soigneusement le terrain. Des sources fiables révèlent ainsi qu’avant de rien proclamer, il avait d’abord envoyé un émissaire au général exilé. Pour sonder les intentions de ce dernier et, en quelque sorte, s’assurer qu’il accepterait de jouer le jeu, de rester sous le préau dénommé Taëf, après son éventuel retour au pays. Du même coup, l’envoyé du Sérail a pris connaissance des justifications détaillées du général concernant les présomptions de détournement de fonds publics portées à son encontre. Justifications qui ont paru suffisamment solides au président du Conseil pour qu’il puisse assurer, comme il l’a fait, qu’il n’y avait pas de dossier judiciaire conséquent, les fonds étant restitués ou pouvant l’être sans procès. Du reste, le président Hariri avait fait vérifier cette donnée sur place par les services du ministère des Finances. À ce propos, une découverte : en dix ans, l’État libanais a toujours brandi, pour empêcher le retour du général, la menace d’un dossier qui, en réalité, n’a jamais été constitué, ni sur le plan administratif pur ni sur le plan pénal ! Ce qui, d’ailleurs, souligne l’extravagante force de blocage des parties occultes qui ont tout de suite contré M. Hariri. Il est donc normal qu’aujourd’hui les haririens se montrent ulcérés. L’un d’eux confie ainsi mezza voce que «l’on peut, sans craindre de se tromper, établir un parallèle entre le sort réservé à l’initiative du président Hariri et le rejet essuyé par les démarches antérieures du président Nabih Berry comme de M. Walid Joumblatt.» L’an dernier, en effet, le leader du PSP mettait sur la table une proposition de large dialogue national articulée sur des mesures concrètes comme une amnistie englobant M. Samir Geagea et comme le retour du général Aoun. M. Joumblatt, on le sait, avait eu droit à des menaces directes lorsqu’il avait évoqué le redéploiement des forces syriennes. Le président Nabih Berry, qui avait été dans le même sens à l’issue d’un entretien avec le patriarche Sfeir, s’était vu rappeler pour sa part, par le ministre syrien des AE, que le problème relève des gouvernements des deux pays, à l’exclusion de toute autre partie. Message très clair en soi, mais quand même étonnant, dans la mesure où, pour sa propre part, le nouveau chef de l’État syrien, M. Bachar el-Assad, engageait une politique d’ouverture sur toutes les parties libanaises, l’Est en tête. L’existence d’éléments aussi visiblement contradictoires appelle un premier constat : la détente voulue par le président Assad se heurte à des réticences déterminées de la part de centres de décision qu’on peut qualifier de conservateurs. Des forces de freinage assez puissantes, de toute évidence, pour faire pièce aux initiatives de personnalités libanaises de tout premier plan comme MM. Berry, Hariri et Joumblatt. Et assez puissantes, faut-il ajouter, pour que ces trois leaders renoncent à toute confrontation ouverte, tout en maintenant dignement leurs positions. Attitude sage, qui a le mérite de neutraliser l’arme des surenchères comme des divisions internes facilement utilisées, en de pareilles circonstances, par les parties hostiles à l’ouverture. Qui font valoir, suprême habileté, que la situation régionale est si grave que les Libanais ne doivent se préoccuper de rien d’autre, pour le moment. Et qu’il leur faut donc laisser de côté les sujets litigieux. Comme l’entente…
Pour ne pas faire de jaloux, l’Exécutif et le Législatif se retrouvent dans un même panier de rebuffades, pour ne pas dire de camouflets. Administrés par un mystérieux Monsieur X dont la puissance manifeste n’a d’égal que l’étrange anonymat. Ainsi l’initiative du président Rafic Hariri en direction de l’entente nationale, en passant par le tamis du cas Aoun, se...